Résultats enquête atelier Génisses en élevage laitier

La sélection et l’amélioration génétique des bovins laitiers est source d’un important progrès génétique, permettant notamment d’avoir des animaux avec un haut potentiel laitier. Le plus important pour les éleveurs est de valoriser au mieux ce potentiel et cela commence dès la naissance des animaux. La conduite de l’atelier génisse, s’étalant sur deux à trois années selon les stratégies de vêlage, doit être irréprochable car la croissance et le développement durant cette phase impactent fortement la production laitière future.

 

 

Afin de vous proposer des conseils toujours plus pertinents et adaptés à vos besoins, les organismes de conseil en élevage ont lancé il y a quelques mois, via la FIDOCL, une grande enquête sur l’atelier génisse. Les informations demandées faisaient référence à vos pratiques d’élevage, aux pathologies rencontrées et à leurs impacts éventuels sur la mortalité et la production des primipares. Vous avez été plus de 400 à répondre et êtes, pour la majorité, des agriculteurs de Rhône-Alpes et d’Auvergne élevant principalement des Montbéliardes (57%) et des Prim’Holstein (35%). Merci de votre participation.

 

Le mode de distribution du lait et ses impacts zootechniques

 

Au niveau des pathologies les plus récemment rencontrées par les éleveurs dans la phase d'élevage des génisses, on retrouve en tête les diarrhées (alimentaires et virales autour de 40% chacune), puis les problèmes respiratoires (25%).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

70% des éleveurs distribuent le lait au seau contre 11% de manière automatisée, via une louve ou un Distributeur Automatique de Lait (DAL). Ils utilisent majoritairement du lait entier sauf en présence d’un système automatisé où le lait en poudre est prépondérant.

 

Au sein des grands troupeaux, les veaux sont plus généralement logés dans des cases collectives. Or, ce mode de logement augmente de plus de 10% le nombre de veaux ayant des problèmes respiratoires, comparativement aux cases individuelles. Ces pathologies sont aggravées en présence d’une ventilation défaillante. De plus, les animaux en cases collectives sont bien souvent nourris avec des DAL, des louves ou qui, selon des études menées par l’INRA en 1999, favorisent les maladies respiratoires.

 

 

 

 

Ces modes de distribution automatisés ont également tendance à repousser l’âge au sevrage selon la bibliographie. En effet, en présence d’un DAL (voir Les avantages d’un DAL), le sevrage intervient à l’âge de 11 semaines alors qu’en théorie il doit être compris entre 8 et 10 semaines. Dans le cadre de notre enquête, l’âge moyen au sevrage est de 10,6 semaines et il n’y a pas d’effets du mode de distribution du lait. Ce décalage est probablement lié à une fréquence de distribution au seau élevée.

 

 

40% des éleveurs utilisent comme critère de sevrage la quantité de concentré ingérée. L’animal doit à ce stade en consommer 2kg par jour. Pour les agriculteurs désirant réduire la durée de la phase lactée, différents leviers existent. Il est possible de supprimer un repas par semaine ou d’adopter un plan d’allaitement avec un repas par jour (voir Le passage à un repas par jour). Une diminution de l’alimentation lactée provoque une ingestion d’aliments solides plus importante chez l’animal (fourrages et concentrés). Le développement du rumen sera stimulé, aussi bien au niveau de la contenance que des papilles ruminales, permettant ainsi une meilleure efficacité alimentaire.

 

 

 

 

 

Miser sur la qualité du lait pour une santé préservée

Les diarrhées alimentaires sont une pathologie très fréquente puisque 43% des éleveurs interrogés déclarent y être confrontés. Si elles ne sont pas traitées à temps, elles peuvent évoluer en diarrhées colibacillaires et devenir lourdes de conséquences avec des retards de croissance, une hausse du taux de mortalité et des pertes économiques importantes.

 

Notre enquête a mis en évidence de nombreux facteurs de risque, en accord avec d’autres travaux scientifiques réalisés auparavant. L’utilisation de lait issu de vache avec un taux cellulaire élevé ou de vache atteinte de mammite accroît le risque de diarrhées alimentaires. En effet, ces laits sont déséquilibrés en protéines et minéraux, contiennent des cellules somatiques et des micro-organismes en quantité excessive et éventuellement des résidus d’antibiotiques utilisés dans le traitement des infections mammaires. Il en est de même pour le lait de vache fraichement vêlée du fait de sa teneur trop élevée en matière grasse.

 

 

 

 

D’après la littérature, le DAL et la louve permettent de réduire les problèmes digestifs. Une meilleure gestion des volumes de buvée et de la température pourrait en être à l’origine. Pour ce dernier paramètre, l’optimum se situe entre 38 et 40°C. Une température de buvée inférieure à ce seuil peut perturber le fonctionnement des enzymes de la caillette et de la gouttière œsophagienne, d’où une digestion incomplète du lait. Des diarrhées alimentaires caractérisées par des fèces liquides de couleur blanche peuvent alors apparaitre. Cependant, dans les élevages enquêtés, notre analyse des données n’a pas montré qu’utiliser un DAL permet de réduire les troubles digestifs et donc les diarrhées alimentaires chez les veaux.    

De nombreux éleveurs ont tendance, dans le cadre de l’alimentation des génisses, à sauter un repas par semaine. La littérature s’accorde sur le fait que cette pratique favorise l’ingestion d’aliments solides et diminue les diarrhées alimentaires ce que notre étude n’a pas démontré.

 

 

 

 

Le mode de logement : de l’individuel au collectif

Le mode de logement (case collective, case individuelle, veaux à l’attache), la ventilation du bâtiment et la proximité avec les bovins plus âgés peuvent impacter l’état de santé des génisses (voir Le logement des veaux et génisses).

20 % des agriculteurs enquêtés utilisent une étable pour loger les veaux. Ce type de bâtiment bien souvent ancien s’avère être peu fonctionnel pour l’éleveur et possède une ventilation inadaptée aux jeunes bovins, favorisant les pathologies respiratoires. Environ un tiers des éleveurs logent leurs veaux dans le même bâtiment que les vaches. Cette proximité peut accroitre la transmission de pathogènes entre les vaches et les veaux. Les jeunes bovins n’ayant pas une immunité très développée, il est préférable d’éviter cet aménagement. Enfin 50 % utilisent une nurserie ce qui est le type de bâtiment idéal pour loger des jeunes animaux (parmi ceux-ci 28 % utilisent une nurserie de moins de 5 ans) (voir Ventilation des nurseries).

 

 

Les grandes exploitations, en utilisant à la fois des DAL, des louves ou des milkbar pour la distribution du lait mais également des cases collectives pour loger les veaux cumulent les facteurs de risque pour les pathologies pulmonaires. Les cases individuelles évitent la propagation de ces maladies : 19,7% des veaux logés en cases individuelles ont des problèmes respiratoires contre 30,5% en cases collectives. Mais la réglementation impose que les veaux soient en cases collectives à partir de la 8ème semaine d’âge et interdit que les veaux soient attachés. Des vides sanitaires réguliers peuvent être pratiqués, d’une durée de 2 à 3 semaines, de manière à limiter le microbisme et à assainir au maximum le logement. Le mode de logement n’a pas d’effet sur les diarrhées infectieuses. A noter qu’aucune des pathologies étudiées dans l’enquête n’a d’impact sur la mortalité des veaux, l’âge au sevrage et les perturbations dans l’âge au vêlage.

Certains éleveurs sont touchés par des problèmes de tétée entre génisses. Nous avons mis en évidence deux facteurs influençant ce trouble du comportement ; un effet race avec une sensibilité supérieure chez la Montbéliarde comparativement à la Prim’Holstein, et un effet logement avec les cases collectives. Un animal trop fréquemment tété peut voir ses performances laitières futures détériorées. D’après de nombreuses études, cela peut induire des quartiers sans lait chez les primipares. Toutefois, les résultats de notre enquête ne convergent pas vers ces observations. Nous conseillons aux éleveurs de garder attachés les veaux 15 à 20 minutes après la buvée afin que ce réflexe de succion s’atténue.

 

 

 

Compléments d’informations

Le potentiel laitier s’acquière dès la phase fœtale :

Le développement d’une génisse commence dès le stade fœtal. Afin de limiter la mortalité des veaux à la naissance, il est important d’assurer un apport suffisant en énergie, azote et minéraux à la vache tarie ou à la génisse en fin de gestation. On s’assurera d’apporter du sélénium en quantité suffisante, c’est-à-dire 0.3 mg/KgMS dans la ration des vaches taries, ainsi que de la vitamine E. Pour le sélénium, attention toutefois de ne pas dépasser le seuil de toxicité fixé à 0.5 mg/KgMS.

L’essentiel de l’immunité du veau à la naissance provient du colostrum. Il est donc indispensable de s’assurer que le veau en consomme dans ses premières heures de vie. Il est estimé que la consommation doit être d’au moins 4 L dans les douze premières heures. Les études démontrent qu’une bonne prise de colostrum se traduira plus tard par une croissance plus forte, une production laitière plus élevée, ainsi qu’une meilleure santé.

 

Bien choisir sa stratégie de vêlage :

Le choix d’une stratégie de vêlage doit se faire en prenant en compte les exigences économiques mais aussi techniques des exploitations (voir Stratégie de vêlage). De nombreux paramètres rentrent en compte tels que la disponibilité en surface fourragère, le taux de renouvellement ou bien encore la race du cheptel. N’hésitez pas à solliciter l’aide de votre conseiller élevage pour définir votre stratégie. En effet, il est important de piloter l’alimentation et donc la croissance des génisses afin de réussir la mise à la reproduction puis d’atteindre le poids optimal au vêlage. Tout écart de conduite et notamment un sur-engraissement durant la période pré-pubère peut dégrader les performances laitières futures.

 

ALT Pierre, GAVARD Florent et TETAZ Solène, Etudiants ISARA-Lyon, pour la FIDOCL Conseil Elevage

 

Pour plus d’informations :

Pour plus de conseils relatifs à la croissance des génisses : http://www.fidocl.fr/content/elevage-des-genisses-6-mois-tout-est-joue

Lait’s Go spécial génisses : http://www.fidocl.fr/content/laits-go-special-genisses

Egalement disponible notre dossier complet sur l'élevage des génisses