Six repas lactés par semaine pour de belles génisses

La distribution du lait aux veaux est un travail quotidien qui pèse parfois aux éleveurs. Soigner ses veaux en xix repas par semaine est possible pour gagner du temps, comme le démontre depuis plusieurs années la ferme expérimentale des Trinottières.

 

 

Pour ceux qui souhaitent réduire le temps consacré à cette tâche sans forcement investir dans un D.A.L, le passage à un repas par jour est envisageable.

Deux repas de 3 litres les deux premières semaines

Dès la naissance, le veau doit être mis dans des conditions d’hygiène optimales avec un local propre, tempéré et lumineux. Le colostrum est indispensable pour constituer ses défenses immunitaires. Si possible 2 litres doivent être consommés dans les 2 heures qui suivent la naissance.  Le premier jour le veau fera deux repas de 2 litres de colostrum. Puis les deux premières semaines de vie le rythme de deux repas par jour (3 litres/repas) sera maintenu. La caillette n’étant pas assez développée les deux premières semaines, l’alimentation en un seul repas n’est pas envisageable.


Un seul repas de 5 litres par jour à partir de la troisième semaine

Les laits entiers ou reconstitués peuvent être utilisés séparément ou en mélange mais jamais coupés à l’eau. Le lait yoghourtisé, à une température optimale de 20°C, est également un aliment intéressant car très digeste et facile à distribuer. Des l’âge de 15 jours et jusqu’au sevrage le veau recevra un seul repas par jour de 5 litres de lait. La distribution s’effectuera après la traite du matin. Durant cette période il n’y aura plus de distribution le dimanche matin passant ainsi le rythme à six repas par semaine.

 

Stimuler l’ingestion de fourrage et de concentré est indispensable

Les veaux n’ayant qu’un repas de lait par jour, l’appétence et l’accessibilité des aliments sont primordiales. La disponibilité d’eau propre et tempérée est incontournable. Le fourrage doit être distribué en hauteur pour limiter les souillures et le concentré à l’auge en deux fois pour attirer les animaux. Le fourrage idéal pour des génisses doit être grossier et appétant : foin de luzerne, deuxième coupe de ray-grass épié. Les premières coupes précoces et les regains sont à proscrire sous peine de provoquer de graves problèmes d’acidose.

 

Deux kilos de concentré consommés au sevrage

Le sevrage doit être réalisé entre 8 et 10 semaines. Le poids objectif au sevrage est de 90 kg. Il est préférable de prolonger d’une semaine ou deux l’alimentation lactée plutôt que de sevrer une génisse trop légère. Il faut s’assurer les jours précédents le sevrage que la génisse consomme au moins 2 kg de concentré et 1kg de fourrage. Pour limiter le stress, le sevrage s’effectuera le lundi après la période de jeune du dimanche.


Patrice Mounier, Haute-Loire Conseil Elevage




« Ferme Expérimentale des Trinottières (49)

Une technique aujourd’hui bien rodée

C’est à la ferme expérimentale des Trinottières que le plan d’allaitement en six repas par semaine a été imaginé, testé et validé à partir de 2005. M. David Plouzin, Responsable de l’atelier génisses nous livre son expérience.

Cases individuelles les trois premières semaines

Pour une meilleure efficacité, les génisses passent trois semaines en case individuelle avant d’être conduites en lot. Pour limiter les problèmes sanitaires nous essayons de faire un vide sanitaire de trois semaines même si l’étalement des vêlages rend cette pratique difficile.


Valorisation des laits non commercialisables et concentré fermier

Tous les laits non commercialisables des 14 premières traites sont yoghourtisés afin d’obtenir un mélange régulier dans le temps. Ce mélange est plus riche en matière grasse, environ 55 g/l. Nous en distribuons donc seulement 4 litres par repas au lieu de 5 pour le lait entier. Nous utilisons un pichet gradué pour être précis sur les quantités. Nous fabriquons nous même notre concentré pour les génisses composé de 80 % de blé et 20 % de tourteau de soja. Le blé est broyé très grossièrement pour limiter les risques d’acidose.


Un gain de temps en maintenant les performances

Comparativement à deux repas de lait entier par jour sur dix semaines, l’allaitement pratiqué supprime 46 % des distributions et réduit de 30 à 35 % la quantité de lait utilisée. Il permet un gain de temps de 25 minutes par jour pour 10 veaux. Les résultats de croissance des génisses sont bons : 205 à 210 kg à 6 mois. Nous testons même actuellement un sevrage précoce à 8 semaines.»


Propos recueillis par Patrice Mounier, Haute-Loire Conseil Elevage

Pour en savoir plus, consultez la vidéo des Trinotières sur les bonnes pratiques pour des veaux en pleine santé
 

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