A chaque stade de la vie d'une génisse, les règles pour un logement adapté.

En élevage laitier, une attention toute particulière est accordée au logement des vaches laitières car les retombées techniques et économiques se font très vite sentir en cas de dysfonctionnement. Pour les jeunes, mis à part le prix de vente des veaux et la mortalité, peu de choses sont facilement mesurables et l’on attribue trop souvent le manque de performance à des problèmes sanitaires. Pourtant, bien souvent, un logement adapté apporterait une amélioration significative des résultats.

Rappel de quelques normes pour le  bien-être des veaux 

Aux recommandations figurant dans le tableau 1, on peut ajouter qu’une ventilation naturelle ou mécanique adaptée est nécessaire. En effet, si l’hygrométrie est trop élevée, la température ressentie par le veau est de 2 à 4°C inférieure à celle du thermomètre. Le veau doit pouvoir se coucher sur une litière propre et sèche. Une atmosphère chaude et humide est le paradis des bactéries, coccidies, cryptosporidies, qui vont facilement infecter les jeunes veaux. Une ambiance maîtrisée permettra donc de limiter très fortement le taux d’infection et l’utilisation de produits vétérinaires. Le prix des veaux de 3 semaines se trouvera amélioré ainsi que  les croissances des animaux de renouvellement.

Un logement en case individuelle est préférable, au moins les 15 premiers jours. Pendant cette période, le veau est fragile et en case collective, les léchages d’un animal à l’autre ou l’ingestion de paille souillée peuvent servir de vecteur d’infection. La consommation de lait et de concentré est aussi plus facilement contrôlable.

De 0 à 2 mois,  deux solutions possibles : le logement collectif ou individuel

A cet âge, les veaux sont fragiles. La maîtrise de l’ambiance est indispensable pour avoir des animaux en bonne santé. A chaque changement d’animal, les cases doivent pouvoir être lavées et désinfectées facilement. Ainsi, pour la construction des cases, utiliser de préférence des matériaux faciles à nettoyer. Si l’utilisation de bois est aisée à mettre en œuvre et peut apporter un certain confort, elle rend le nettoyage particulièrement difficile. Il est alors préférable d’utiliser du  métal ou du composite. Penser également à la mise en place de seaux et de râteliers pratiques et accessibles pour les veaux. Trop souvent, il est très compliqué de mettre à disposition de chaque veau de l’eau propre, du concentré et du foin ou de la paille.

Le logement individuel, la solution pour un bon démarrage
Le logement individuel est certainement la solution la plus sûre pour avoir un bon démarrage. Les veaux pourront être en cases individuelles, dans un bâtiment neuf ou rénové, suffisamment ventilé et avec des températures relativement stables. Le nettoyage n’est pas toujours mécanisable mais l’alimentation et la surveillance sont facilitées. Pour un bon fonctionnement de ce type de bâtiment, il est fortement recommandé, en plus de la désinfection, de réaliser un vide sanitaire.
La seconde possibilité est l’utilisation de niche à veau disposée à l’extérieur,  avec la possibilité ou non pour le veau de sortir, grâce à un petit parc ou à l’utilisation d’un collier avec chaînette pour attacher le veau à la niche. A chaque changement de veau, la niche sera lavée, désinfectée et surtout, changée de place. On peut ainsi réaliser un vide sanitaire après chaque passage de veau.
Pendant cette période, le logement individuel  va  permettre de mieux gérer les problèmes de tétée des veaux entre eux.
 

Le logement collectif, possible avec des lots homogènes
La bonne réussite de ce système dépend de l’homogénéité des lots de veaux car l’alimentation n’est pas facilement individualisée. Et les écarts d’âge importants entre animaux pénalisent fortement les plus jeunes. Le plus souvent, ces veaux sont logés en case collective à l’intérieur de bâtiments en dur. Si le volume d’air est trop important, il est conseillé, sur une partie de la case, de réaliser un faux plafond qui permettra au veau de se coucher dans un coin sans courant d’air et avec une température ambiante un peu plus élevée.
Les veaux peuvent également être logés dans des niches géantes extérieures communément appelées « igloo ». Elles servent d’endroit de couchage  et disposent d’un parc extérieur où l’on distribuera l’alimentation. Comme pour les niches, il est vivement conseillé de les déplacer à chaque changement de lot d’animaux. Mais comme les veaux sont très souvent à l’extérieur, il est nécessaire de disposer d’un sol suffisamment stabilisé, pour ne pas avoir de la boue en période pluvieuse. De ce fait,  très souvent, on dispose ces niches collectives sur des surfaces bétonnées. C’est bien pour les veaux mais ça limite la possibilité de déplacer les niches. Il est donc conseillé de réaliser des vides sanitaires comme pour les bâtiments en dur.

De 2 à 6 mois, la conduite en lots

A partir de cet âge,  les veaux doivent être en lot. Des boxes paillés sont le logement idéal, ils permettent un très bon confort. Si l’alimentation est adaptée, les bouses sont relativement sèches. Les quantités de paille nécessaires pour avoir des animaux propres ne sont donc pas très importantes. Les systèmes logettes ne sont pas forcement très faciles à utiliser. Le paillage est souvent négligé et les dimensions des logettes, pas faciles à choisir. A cet âge, les veaux se développent rapidement et il faudrait sans cesse faire évoluer les dimensions.

Le logement à l’extérieur est également possible. L’utilisation de niches géantes peut être intéressante pour loger des génisses de 2 à 6 mois. Elles ont accès à un parcours extérieur, ce  qui est favorable aux  aplombs et aux poumons. Penser  à pouvoir installer un abreuvoir antigel pour l’hiver et un système pour distribuer l’alimentation suffisamment dimensionné car les quantités de fourrage nécessaires deviennent importantes.

De 6 mois au vêlage, les habituer au logement futur des vaches laitières

Après 6 mois et jusqu’au vêlage, les génisses sont plus robustes. De ce fait, les conditions d’ambiance sont plus faciles à maîtriser. On a de vrais ruminants, peu sensibles au froid et qui s’accommodent  facilement d’un volume d’air important. En revanche, à cet âge, les quantités de déjections sont importantes et il faut absolument prévoir de pouvoir nettoyer le bâtiment facilement.
On peut tout à fait loger ces animaux dans des stabulations entravées,  à condition que la distribution de la ration soit aisée et que le curage soit mécanisé. Il est fortement souhaitable qu’à partir de cet âge, le mode de logement des génisses soit proche de celui qu’elles auront une fois en lactation. Excepté si les vaches laitières sont en stabulation avec aire de couchage paillée, on peut loger les génisses dans n’importe quel système.
Mais si les vaches laitières sont en logettes, il vaut mieux les habituer le plus rapidement possible à ce type de logement. En effet, que ce soit en bâtiment logettes ou en stabulation entravée, les vaches ont pratiquement continuellement les pieds sur des bétons, et si l’on rentre des génisses qui ont été élevées en bâtiment paillée, elles n’auront pas de la corne suffisamment solide et  habituée à des sols durs. Le coucher et le relever dans un espace restreint va également leur ajouter une contrainte à laquelle elles ne sont pas habituées. Il n’est pas rare de devoir  réformer des primipares uniquement parce qu’elles ne se sont pas habituées au bâtiment !

En conclusion, un bon logement est un logement qui respecte au mieux les notions de bien-être. L’éleveur doit travailler dans de bonnes conditions, pour préparer au mieux les génisses aux conditions qu’elles auront une fois en lactation. Tout ceci, bien sûr, sans perdre de vue la notion de rentabilité.

Robert Laurendon, Conseiller Bâtiment Loire Conseil Elevage et Yves Alligier, Conseiller Nutrition Loire Conseil Elevage

Voir intervention Séminaire 2012, Nurserie, conception et ambiance, Jean François Mermaz, Haute Savoie Conseil Elevage.

Ainsi que : 

- Notre dossier complet sur l'élevage des veaux et génisses

- Bâtiment et élevage des génisses