Au début du mois de juin, une dizaine de conseillers des départements de la FIDOCL ont participé à une journée de formation animée par Hervé Baudet, vétérinaire au CLASEL (Mayenne Sarthe Conseil Elevage), sur le thème de la conduite d’un troupeau en traite robotisée. Vous trouverez ci-dessous les points essentiels de cette journée
Anticiper les mises en route de robot
Nous débutons par un point essentiel : l’anticipation de l’installation. L’idéal est de préparer la mise en route un an à l’avance, pour pouvoir étaler les mises à la reproduction, et ainsi les vêlages. Ce sont en effet les fraîches vêlées qui entrainent le reste du troupeau au robot.
La gestion des stocks et de l’assolement est aussi un point déterminant, dans le cas d’une augmentation du cheptel ou d’un changement du système alimentaire. Il faut aussi commencer les aménagements nécessaires au robot.
Dans le cas d’un changement de bâtiment, il est conseillé de rentrer le troupeau six mois avant la mise en route, le temps que les animaux s’habitent, surtout dans le cas d’un passage en logettes. Trois mois avant, il est recommandé de parer l’ensemble des vaches, de façon à limiter les boiteries. Un mois avant le démarrage du robot, il faut réformer les vaches à cellules et celles qui ont la mamelle déformée. Il faut aussi bruler les poils des mamelles et tailler les queues, pour faciliter le branchement mais aussi assurer une meilleure hygiène. Il est préconisé de tarir les vaches qui ne produisent plus beaucoup, de façon à diminuer les nombre de vaches lors de la mise en route.
Une gestion du troupeau modifiée
Nous avons ensuite abordé les particularités à gérer un élevage robotisé. Il convient de ne pas dépasser 65 vaches traites pour une stalle, 110 vaches pour deux stalles, soit un temps de fonctionnement maximal de 21h. Pour optimiser le fonctionnement, les vêlages doivent être répartis sur l’année, ce qui a des répercussions sur la période de reproduction (IA toute l’année, y compris pour les génisses). Il faut donc gérer des lots de taries à l’année, ainsi que des lots de génisses d’âges différents.
La locomotion, un point clé pour la fréquentation
Le déplacement des vaches est primordial en traite robotisée : une vache qui souffre de boiterie aura des difficultés à s’alimenter, mais aussi à aller dans la stalle, d’autant plus si elle doit attendre devant pour y rentrer. Il convient d’être très rigoureux ! Les principaux facteurs qui favorisent les boiteries sont l’alimentation (acidose, vitamines, oligoéléments), la conduite sanitaire sur les membres (parage, traitement des boiteries), la maîtrise générale du microbisme (désinfection, pédiluve), l’hygiène du logement (rabotage, curage) et la conception (logettes, sol, présence d’obstacles). Il faut ainsi éviter la présence d’éléments traumatisants au sol ou d’obstacles (qui sont bien souvent responsables des boiteries aux pattes antérieurs), ne pas avoir de marche à l’auge (qui reporte du poids sur les onglons postérieurs), ni de bétons dégradés avec des trous ou glissants, ainsi que des zones humides. La maitrise des pathologies passe par un parage préventif régulier, une désinfection des onglons tous les quinze jours, une ration équilibrée avec des transitions alimentaires respectées pour éviter l’acidose ou l’acétonémie, un couchage confortable et non traumatisant.
Une attention particulière sur la qualité du lait
La qualité du lait est également un point primordial à maitriser : comptages cellulaires, butyriques, coliformes, germes… Concernant la gestion des cellules, il convient de réformer les animaux incurables en amont de la mise en route. Lors de la traite, la désinfection des manchons au péroxyde ou à la chaleur limite les risques de contaminations ; il est donc important d’en vérifier le bon fonctionnement. Il faut aussi bien nettoyer le matériel en contact avec les trayons et la mamelle : brosse, bras, support du laser ou de la caméra, les manchons.
Le suivi de la conductivité permet d’attirer l’attention de l’éleveur sur un certain nombre d’animaux. Il est cependant toujours nécessaire d’examiner le lait de chaque quartier afin de prendre la décision de traiter ou non. Pour les traitements mammites (ou même tarissements), il est utile de prévoir un quai d’intervention pour être à hauteur de la mamelle et pouvoir opérer en sécurité. Attention à bien respecter la prescription comme si la traite était biquotidienne (si la vache est traite 3 fois par jour on traitera 2 fois et attention à calculer le délai d’attente en jours sur la base de 2 traites par jour).
Concernant les butyriques, la meilleure solution reste encore la prévention par la gestion de l’alimentation et la qualité de récolte du fourrage. Pour limiter les risques il est conseillé d’épiler les mamelles tous les 3 mois et systématiquement avant vêlage, ainsi que de tailler les queues. Il faut aussi veiller à la propreté de la stalle de manière générale.
Concernant les germes, la détection de l’origine du problème n’est pas facile, tant les sources possibles sont nombreuses. De manière fréquente, il faut faire attention à changer le filtre à lait matin et soir, vérifier les températures de lavage, de stockage du lait et la présence de lessive dans le bidon. Une expertise plus poussée avec analyses est parfois nécessaire.
En conclusion, le passage à la traite robotisée implique des changements que l’éleveur doit intégrer. Il convient surtout d’être rigoureux et anticiper les problèmes. Il faut être très vigilant sur la locomotion des vaches et la qualité du lait, en lien avec une alimentation maitrisée. Une bonne réactivité est nécessaire pour corriger les problèmes dès leur apparition. Avec un robot, la moindre erreur est lourde de conséquences.
Aurélie HOLTZ - Isère Conseil Elevage
Pour approfondir ce sujet, consultez notre article sur l'alimentation des vaches en robot de traite, ou celui sur l'importance de la maitrise de la qualité du lait en robot de traite