Comment mieux gérer les boiteries dans mon élevage robotisé ?

Pour Hervé BAUDET, Docteur vétérinaire au CLASEL, les exploitations équipées d’un robot sont des élevages comme tous les autres mais avec une salle de traite spécifique. Les principales différences résident dans les informations recueillies sur les vaches et leur mise en forme (tableau synthétique, indicateurs). Ces éléments seront à croiser avec les observations animales « classiques ». Prenons l'exemple des boiteries, dont la maitrise est primordial pour les élevages robotisés.

 

La vache fait du lait par les pieds, la gueule et ensuite par la mamelle  et dans cet ordre-là ! Une boiterie c’est toujours une douleur pour la vache donc par conséquence une baisse appétit et une diminution des déplacements. L’incidence c’est une baisse de production, des problèmes de reproduction, des frais et du temps supplémentaires donc une perte économique. Dans les élevages équipés de robot de traite, c’est la priorité N°1 pour avoir une bonne fréquentation des stalles de traite.

 

Mesure de la situation

Observation de l’ensemble du troupeau. Le conseiller doit pouvoir mesurer le nombre de vaches ayant eu un trouble locomoteur (objectif moins de 10% des animaux doivent avoir une boiterie en 1 année). Le conseiller doit pouvoir repérer aussi les vaches qui vont boiter. Pour cela regardez si la vache, à l’arrêt, repose bien sur ses 4 pieds. La vache doit avoir une bonne ligne de dos, des jarrets non serrés et des onglons normaux (arrière notamment)

 

Expertise

Quelles sont les formes observées (sabot, ligne dos, prise appui, jarret) les plus courantes dans l’élevage. Quelle catégorie d’animaux est le plus concernée (Primi ou multipares, vaches fraîches). Les pratiques alimentaires sont-elles à risques (acidose, transition, vitamines et oligo). L’éleveur a-t’ il mis en place une  conduite sanitaire spécifique (parage préventif, fréquence, traitement boiteuses) ? Le microbisme et l’hygiène globale du bâtiment (rabot, curage) sont-ils maîtrisés ? Enfin la conception du logement et les déplacements sont-ils un facteur aggravant ou non (logettes, sols, circuits, obstacles, chemin pâturage) ? Des observations simples peuvent permettre de préciser l’analyse. Des vaches debout à moitié dans les logettes et l’aire exercice, des logettes trop propres (trop courtes) ou trop sales (trop longue ou trop large) sont des signes de mauvaise conception du bâtiment.

 

Conseils

Qualité et entretien aire bétonnée, confort couchage, tapis. dimension des logettes à adapter aux formats des vaches, barre au garrot et barre de seuil à l’aplomb, bon dégagement possible de la tête de la vache. Il s’agit souvent de trouver le bon compromis entre confort des vaches et travail de l’éleveur (ex ébousage). Les conseils pourront porter sur des changements de pratiques d’alimentation (acétonémie, acidose), un parage régulier (tous les trimestres en préventif), des soins locaux (préférer le nettoyage des onglons à l’eau tous les 15 jours plutôt que les pédiluves).  A plus long terme une réflexion peut être engagée sur les choix génétiques (grosses vaches plus sensibles dans les bâtiments durs) ou l’âge au vêlage des génisses (les primipares précoces s’adaptent mieux aux logettes).

 

 

Amélioration mesurée

Dans les quinze jours qui suivent la mise en place des actions conseillées, mesurez les nouvelles fréquences de passage, le nombre de vaches retardataires, les performances laitières. A moyen terme, analyse des états d’engraissement et des résultats de reproduction.

 

Jean-Philippe GORON, Isère Conseil Elevage

 

Retrouvez le diaporama de l'intervention d'Hervé BAUDET

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