Maîtrise des charges de mécanisation : possible mais avec des stratégies différentes

La maîtrise des charges de mécanisation est un élément majeur de compétitivité des élevages laitiers. La synthèse des coûts de production réalisés au niveau de la région permet une analyse fine des différents postes de charges.

 


Des charges de mécanisation aussi importantes que le poste alimentation du troupeau

En moyenne, la mécanisation pèse près du quart du coût de production soit 118 euros/1 000 litres. Ces résultats Rhône-Alpes sont conformes en proportion aux autres élevages français mais plus importants en valeur absolue. Plusieurs hypothèses possibles : un niveau d’équipement proche des systèmes de plaine malgré la taille plus modeste des élevages, un parcellaire souvent moins bien structuré, peu de diversification en céréales qui « dilue » les charges de mécanisation.
La mécanisation des élevages touche des champs complexes, tant techniques, humains que financiers : système fourrager, assolement, type de sol, parcellaire, main d’œuvre, organisation, fiscalité.


Peu de relations entre les systèmes d’élevage et le niveau des charges de mécanisation

Les charges de mécanisation sont composées des travaux par tiers, achat de petits matériels et entretien, carburant/lubrifiant et amortissements. Les charges de mécanisation peuvent varier du simple au double dans les mêmes systèmes. Seuls les systèmes spécialisés de montagne semblent présenter des coûts supérieurs (volume inférieur, matériels spécifiques, pentes..).


Coût de mécanisation bas : possible mais avec des stratégies différentes

Les élevages avec des charges de mécanisation basses peuvent avoir des profils très différents. Certains éleveurs ont recours de manière importante aux travaux par tiers (CUMA, entreprise) et limitent les investissements et entretien. Ces éleveurs délèguent une partie des travaux des champs (labour, fumier, ensilage, moisson).­­­­­A l’inverse d’autres ont peu de travaux par tiers mais davantage de charges entretien et pièces. Ces éleveurs misent davantage sur du matériel en propriété bien entretenu et amorti sur plusieurs années. Dans les deux situations, les charges de mécanisation n’excédent pas les 100 euros/1000 litres.

Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage
 


Hervé Collombat, Viriville (38)

Gain de temps et efficacité du travail

L’éleveur conduit un troupeau d’un trentaine de vaches et cultive 80 ha dont la moitié en culture de vente (coût de production total atelier lait 474 euros/1000 litres dont 110 € mécanisation). Lors de son installation il y a quinze ans, Hervé Collombat fait le choix de ne pas réinvestir dans du matériel mais d’utiliser le matériel de la CUMA.


Comment s’est fait le choix du recours à la CUMA ?

« Après la reprise de l’exploitation de mes parents, beaucoup de matériels devaient être renouvelés. Pour limiter les investissements tout en disposant de matériel performant, j’ai demandé à adhérer à la CUMA de Thodure. Après une période d’essai concluant, j’ai petit à petit abandonné certains de mes matériels au profit de ceux plus performants de la CUMA. Celle-ci a su se développer et investir pour proposer les prestations nécessaires à mon exploitation. »


Concrètement, comment fonctionne cette CUMA ?

« Les exploitations sont déjà très proches (2 communes). Cela limite les déplacements. La CUMA est organisée autour d’un noyau dur de 8 exploitations. Actuellement on dispose de 5 tracteurs avec deux chaînes complètes de semis. Chaque tracteur a une utilisation spécifique (semis, transport, pressage..) et un agriculteur responsable. Le groupe a fait le choix de ne pas embaucher de chauffeur. Plusieurs exploitations ont des cultures semences et préfèrent assurer les semis et les interventions qui demandent beaucoup de technicité. »


Comment fonctionnes-tu au quotidien sur ton élevage ?

« J’ai gardé en propriété seulement le matériel d’élevage. Je fais appel à l’entreprise pour les moissons et ensilages. Pour les autres travaux j’utilise le matériel de la CUMA (travail du sol, semis, foin, transport, paille) et leurs tracteurs. Ma stratégie est plutôt de faire durer mes tracteurs et d’utiliser ceux de la CUMA qui sont plus puissants et rapides. »


En termes d’économie tu t’y retrouves avec ce fonctionnement ?

« Je peux concentrer mes investissements dans l’élevage. Je connais à l’avance mes charges de mécanisation. Dans la conjoncture actuelle c’est un atout et une sécurité financière importante. Enfin, je travaille seul sur mon exploitation avec l’aide de mes parents. La vie du groupe est un plus dans mon métier pour échanger et progresser au quotidien. »


Propos recueillis par Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage
 

Pour approfondir ce sujet, nous vous proposons notre article sur les différentes stratégies pour maitriser ces charges, ou le travail en groupe pour maîtriser ses coûts de production. Enfin, le travail individuel sur son coût de production permet de dégager des marges de progrés possibles


 

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