Mécanisation : des éleveurs aux stratégies différentes

Connaitre son coût de production est aujourd'hui, et plus encore demain, devenu indispensable pour tous les éleveurs laitiers, afin de se situer et d'identifier les marges de progrés possibles de leur exploitation, comme n'importe quelle entreprise. L'analyse des coûts de production réalisés en Rhône-Alpes a permis de matérialiser de grandes différences entre exploitations. Voici un petit focus sur le poste Mécanisation.

 

Des charges de mécanisation aussi importantes que le poste alimentation du troupeau

 

Suite à la crise du lait en 2009, la volatilité des prix du lait et l’augmentation des prix des intrants sont une réalité. Ainsi la maîtrise des coûts de production est désormais un élément majeur de compétitivité des élevages laitiers. Depuis 2010, le calcul et diagnostic du coût de production et prix de revient (méthode Institut de l’Elevage) s'est fortement développé en Rhône-Alpes, notamment grace à la contribution des entreprises de Conseil Elevage de la FIDOCL.

La synthèse régionale (plus de 300 élevages) fait clairement apparaitre l’importance du poste mécanisation, dont les proportions sont au même niveau que le poste alimentation du troupeau.

Ces résultats Rhône-Alpes sont conformes en proportions aux autres élevages français mais plus importants en valeur absolue (dimension, puissance de la traction, stratégie d’investissement, système fourrager …) et ce quels que soient les systèmes.

 

 

 

 

 

Peu de repères disponibles pour accompagner les éleveurs

L’expérience des formations en groupe d’éleveurs ou des prestations individuelles montre que l’analyse du poste de mécanisation est très difficile. La mécanisation des élevages touche des champs complexes, tant techniques, humains que financiers (système fourrager, assolement, main d’œuvre, fiscalité..). Peu de références sont disponibles. Ainsi au regard de l’importance de ce poste de charges, la compréhension des stratégies et des pratiques est essentielle.

Cette synthèse s’appuie sur une base de données recensant 297 exploitations. Cette base est constituée des résultats coût de production (méthode Institut de l’Elevage) d’éleveurs bovins lait de la région Rhône-Alpes sur des données comptables de 2009-2010.

 

Pas de relations entre les systèmes d’élevage et le niveau des charges de mécanisation

Les charges de mécanisation se répartissent de manière différente au sein de cinq composantes : les travaux par tiers, l’achat de petits matériels, le carburant/lubrifiant, l’entretien du matériel et les amortissements.

Le traitement statistique montre qu’il n’y a pas de relation entre le niveau moyen des charges et le système fourrager (maïs, herbe, culture) et/ou la dimension de l’exploitation (surface, main d’œuvre, volume de lait). Ainsi les charges de mécanisation peuvent varier du simple au double dans les mêmes systèmes. Ecarts entre les coûts de mécanisation des différents systèmes et entre les coûts de mêmes systèmes ne sont pas significatifs si l'on prend en compte l'importance des écart-types.

 

Coût de mécanisation bas : possible mais avec des stratégies très différentes

 

Même si les amortissements représentent plus de la moitié des charges de mécanisation, ils ne discriminent pas des profils différents d’exploitations.

En revanche l’analyse par la méthode statistique de classification sur les composantes (travaux par tiers, entretien, achat petits matériels, carburant) a révélé 7 classes distinctes au profil différent.

Les classes N°1 et 2 ont des coûts de mécanisation près de deux fois inférieurs à ceux des classes 6 et 7.  Ces différences ne s’expliquent pas à partir des données techniques disponibles (SAU, main d’œuvre, dimension).

Il est possible de regrouper certaines classes en fonction du coût total. Par exemple, les classes 1 et 2 ont un coût total proche, ainsi que les classes 3, 4 et 5 et les classes 6 et 7. Cependant la répartition des composantes est différente. Des stratégies distinctes apparaissent au sein de chaque groupe. La première information visible porte sur le recourt aux travaux par tiers qui est inégal. Par exemple Classe 1 et 2 : Les travaux par tiers représentent 20% du coût total dans le classe 1 contre 40%  dans la classe 2.

 

 

 

A partir ce travail, des stratégies différentes ont pu être mises en évidence. Cependant, nous ne sommes pas en mesure d’expliquer avec précision l’origine de ces différences.

De manière à approfondir ces profils il conviendrait d’identifier les différences de pratiques ou stratégies des éleveurs (classe 1-2 et classe 6-7). Pour cela il faudrait détailler les déterminants des charges de mécanisation (nombre heures traction,  puissance, consommation en gas-oil, parcellaire … ). Mais surtout mieux cerner ce qui guide les choix des exploitations, en les resituant dans le cadre des atouts et contraintes de l’exploitation.

 

 

 

 

Eve GALLIEN, Leslie PALOP ISARA Lyon / Jean-Philippe GORON Isère Conseil Elevage

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter l'étude PEP Bovins Lait sur le coût des fourrages: Coût des fourrages

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