Connaitre son coût de production, indispensable pour gérer son entreprise

L’analyse des coûts de production de l’atelier lait, calculés avec la méthode Institut Elevage dans les élevages de Rhône-Alpes par les conseillers, montre que les structures de taille importante n’ont pas systématiquement des coûts de production plus faibles. Les gains sont davantage à rechercher dans une gestion optimisée de l’élevage.

 

Gérer son entreprise

A même volume, les coûts de production varient quasiment du simple au double

A niveau équivalent de volume de lait commercialisé en filière lait standard, les écarts de coûts entre élevages sont très importants. Si elles sont bien gérées les exploitations de petite taille (souvent en montagne) se rapprochent des grandes exploitations les mieux gérées et ce, malgré une productivité du travail plus faible. Le coût total est ainsi proche des 400 euros / 1 000 litres pour les meilleures exploitations.


Au-delà d’une certaine taille, peu d’amélioration observée

A partir d’un certain volume de lait et de taille de troupeau (aux alentours de 600 000 litres ou 80 vaches), le coût de production observé est plus homogène. Des marges de progrès sont néanmoins perceptibles, de l’ordre de 100 à 200 euros. Les économies d’échelle attendues sur certains postes (bâtiment ou mécanisation) sont atténuées par une moindre maîtrise technique du troupeau (alimentation, frais d’élevage) ou à l’inverse la taille importante du troupeau nécessite des investissements conséquents. Malgré le nombre restreint de données économiques relatives à des élevages de très grande taille en Rhône-Alpes, les analyses disponibles dans d’autres régions ou pays semblent confirmer ces tendances.


Les gains de productivité se font principalement sur la main d’œuvre

L’analyse détaillée par volume de lait commercialisé semble montrer que la baisse tendancielle du coût de production avec l’augmentation de la taille des élevages est liée principalement à une efficacité plus importante de la main d’œuvre. Les élevages de moins de 200 000 litres de lait ont une productivité de la main d’œuvre proche de 150 000 litres / UMO contre 250 000 litres / UMOpour les élevages de plus de 600 000 litres de lait commercialisé. Ainsi, le coût de la main d’œuvre au litre de lait est réduit de 60 % dans ces élevages de grande dimension.


Faire mieux avant de faire plus

La décision d’accroître son troupeau résulte davantage d’un choix personnel que d’arguments économiques. Avant toute chose la maîtrise technique de son outil de production est primordiale. La compétence « gestion d’entreprise » prend une importance grandissante. Le choix du type et du montant des investissements (tracteur, bâtiment, matériels de distribution de fourrages), la gestion de trésorerie et bien sûr la main d’œuvre (délégation, responsabilité, efficacité) affectent directement et lourdement les comptes d’exploitation.
La taille des troupeaux augmentant, nous ne sommes qu’au début de l’apprentissage de la gestion des grands troupeaux. De nouvelles manières de travailler seront à inventer : spécialisation des tâches, délégation de certains travaux, outils informatisés de suivi de troupeau, trésorerie et gestion des risques.

Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage

 


« Gaec du Haut-Virieu, Terres Froides (38)

Simplification et efficacité du travail avant tout
 

Suite au regroupement en 2008 de 2 exploitations voisines, les 4 associés du Gaec recherchent en permanence l’équilibre entre maîtrise de leur outil de production et temps de travail.


Quels sont les atout de votre élevage de plus de 100 vaches ?

On a déjà fait le choix de se spécialiser autour de 2 ateliers. Lors du regroupement des exploitations, on a arrêté l’élevage de taurillons, peu rentable. Les places de bâtiment et le temps gagné ont pu être réinvestis dans les 2 autres ateliers pour plus d’efficacité. Ainsi Guillaume est responsable des cultures, Bernard et Philippe des vaches laitières et Mireille gère tout l’administratif. « Déchargés de tous les papiers et libérés de cette contrainte au quotidien », les 3 associés peuvent consacrer toute leur énergie au troupeau et aux surfaces. Malgré la charge de travail, tout peut être réalisé dans de bonnes conditions, rapidement et toujours avec le souci de la qualité.
 

Avec une forte productivité du travail (235 000 litres commercialisés/UMO), vous maitrisez vos charges de mécanisation (118 euros/1 000 litres)…

L’entraide avec une exploitation voisine est sûrement un de nos points forts. On gagne du temps, tous les chantiers des cultures sont réalisés en commun. Pendant que l’un prépare le sol, l’autre sème, pas besoin de dételer. Les chantiers sont faits dans les temps. On travaille un peu comme une banque de travail informelle. Deuxièmement on fait des économies sur le matériel. Les investissements sont répartis équitablement entre les exploitations. Enfin, et c’est peut-être le plus important, cela nous stimule et nous permet d’être innovants. Ainsi le semis sans labour est pratiqué cette année sur certaines parcelles de maïs ensilage. C’est plus de 30 litres de fioul économisés à l’hectare. Pour les traitements phytosanitaires, on teste la réduction de dose et des itinéraires plus alternatifs.
 

Et pour le troupeau ?

C’est le même objectif : être efficace dans nos interventions. Confronté il y a quelques années à un souci de cellules, on a pris le problème à bras le corps : le nombre de traitements antibiotiques a été divisé par 10 en quelques années. Moins de mammites, c’est plus de confort à la traite, du temps gagné, un meilleur suivi et plus de souplesse lors du remplacement des associés à la traite le week-end. Pour le bon fonctionnement du Gaec, c’est très important. On fait le choix de la simplicité : ration complète toute l’année à base de maïs ensilage, complétée cette année par un DAC. Le troupeau des laitières ne pâture plus, la production laitière est très régulière toute l’année.
Et Monsieur Revol de conclure : « on ne sait pas comment l’exploitation sera organisée dans 10 ans mais c’est sûr elle aura changé autant dans ses dimensions que dans ses pratiques. »  »

Propos recueillis par Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage

 

Pour en savoir plus sur le calcul du coût de production, consultez notre article

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