Pourquoi pas des drêches de brasserie - Jacky GROS, éleveur à Biol (38)
GAEC à 2 associés, 500 000 litres de lait produits. 92 hectares, dont 15 à 17 ha de maïs ensilage, 7 ha de maïs grain humide, 18 ha de céréales grain dont 6 autoconsommées, 6 ha de luzerne et 44 ha de prairies.
Chiffres clés de l'exploitation
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Pourquoi avoir fait le choix de la drêche cet été ?
Toute l’année on associe dans nos rations du tourteau de colza et du soja. Ce printemps, au moment de racheter du soja à plus de 450 voire 500 euros, on a cherché une autre source de protéines moins chère. Notre conseiller d’élevage nous a alors proposé de la drêche de brasserie fraîche. A raison de 6 kilo brut en remplacement d’un kilo de soja, ce sous-produit était bien placé en prix (58 euros tonnes en brut en 25 tonnes). Notre silo de grain humide étant terminé, nous disposions d’un stockage de libre pour l’été. On a essayé.
Est-ce un produit facile à stocker et utiliser ?
A stocker, non. Ou alors on ne s’y est pas bien pris. Le camion a reculé dans le silo couloir assez large (5 mètres) et a déversé la drêche. Un coup de chargeur pour bien le répartir. Le silo n’était pas très haut (<80cm) mais on a eu beaucoup de mal à poser la bâche par-dessus. Le produit est assez mou, pas moyen de marcher dessus et couvrir hermétiquement le tas. Du coup on a eu, à notre sens, trop de perte (estimée à 10%) d’autant plus en plein été. Pour la reprise et distribution par contre pas de problème : on charge au godet environ 300 kg à la fois que l’on met dans le bol mélangeur en complément du maïs et colza.
Les résultats sont-ils intéressants ?
La drêche est très bien consommée par les animaux. C’est très appétent. Les 6kg par vache et par jour ont bien remplacé le kilo de soja. Pendant deux mois c’est l’équivalent de 2 à 3 tonnes de soja. Le gain financier est modeste (environ 3*150 soit 450 euros). On aurait du reprendre une semi pour aller jusqu’à mi-octobre, le silo étant libre jusqu’à la nouvelle récolte de maïs grain humide. Le problème de conservation nous a freinés. Peut-être avec un silo taupinière ou avec un seul mur la conservation aurait été meilleure.
Pour cet hiver, qu'envisagez-vous faire pour faire face à la hausse des protéines ?
On reste sur notre stratégie de travailler en matières premières avant tout. Pour le tourteau de colza, acheté à terme (70 tonnes/an), on est couvert jusqu’à mi-février On l’a négocié cet été à 210 euros. En grande quantité et en faisant marcher la concurrence, on arrive à réduire les coûts. Pour le soja (25 tonnes/an), on n’en achète qu’une fois par an en se groupant avec des collègues du secteur. Il nous en reste jusqu’à fin de l’année, acheté en janvier dernier à 327 euros. Pour 2013, les prochaines semaines vont être déterminantes, on attend que les cours se détendent pour bien négocier. Depuis 2004 on travaille en achat groupé pour le soja et depuis 2008 on a introduit le colza en remplacement du soja. Les matières premières ça marche ! L’an dernier on a réinvesti dans un 4° boisseau de 26m3. A 3600 euros, il est rentabilisé en 2 commandes ! Avec une capacité actuelle de stockage de 50 tonnes on peut mieux gérer nos achats et faire face à des variations de cours.
Le regard de Pierre GONIN, conseiller d’élevage du secteur"Difficile de comparer la drêche au tourteau de soja, surtout sur des rations d’été avec plus ou moins de pâturage et des vaches plutôt en fin de lactation. Néanmoins le taux protéique et le niveau en lait se sont bien tenus. Les soucis de conservation sont plus liés aux conditions météo –temps lourd et orageux- de la fin juin. En règle générale, on ne rencontre pas ce type de difficultés. La consommation de la drêche par les vaches est bonne et leur digestion est facilitée. Globalement c'est un bon produit, encore plus dans le contexte actuel" |
Pour en savoir plus sur les rations avec des drêches de brasserie
Jean-Philippe GORON - Isère Conseil Elevage