Maïs 2013 : assurez vos transitions alimentaires!

Les conditions des transitions alimentaires des vaches laitières de cet automne sont à risque, avec des maïs très différents de ceux de la dernière campagne. De plus, beaucoup d’éleveurs en rupture de stocks doivent distribuer des ensilages sans leur laisser le temps de se stabiliser.

 

Des ensilages "laitiers" mais variables suivant les dates de semis

Concernant la qualité des ensilages, 2013 sera un bon cru avec des maïs "laitiers". Par contre, suivant la date de semis, 3 types de maïs sont à distinguer.

Les premières analyses confirment les espoirs fondés lors des visites de parcelles semées précocement : des maïs de faible taille avec un gros rapport grains/tiges et des récoltes réalisées au stade optimum. Sur ces maïs, on se retrouve donc logiquement avec des taux de MS de 30 à 35%, des valeurs UFL élevées (0.95 UFL/kg MS), des taux d’amidon élevés mais variables, de faibles taux de cellulose mais une digestibilité très forte des tiges et feuilles, ce qui permettra d’avoir des fermentations plus équilibrées au niveau du rumen. Ce type d’ensilage aux valeurs proches de l’ensilage d’épis de maïs seront une aubaine en complément des ensilages d’herbe de piètre qualité récoltés au printemps.

Par contre, s’ils constituent plus de 70% des fourrages distribués, ils seront à risque et nécessiteront de stopper la complémentation en céréales, monter la complémentation en protéines, faire consommer au moins 3 kg de fibres, et éventuellement distribuer 200 g minimum de bicarbontate.

Pour ceux qui n’ont pas encore ensilés, nous conseillons de hacher à plus de 16 mm en fonction du taux de MS et du matériel de distribution de la ration.

 

Il y a ensuite des maïs plus équilibrés qui se récoltent actuellement (1ère quinzaine d'octobre) avec également un bon rapport grain tiges et un stade optimum de récolte (32% MS, plantes vivantes, feuilles vertes et grains vitreux à plus d’un tiers), peu de résultats d’analyses sont disponibles mais vu l’augmentation de la production laitière et des taux avec l’introduction de ces maïs, tout laisse à penser que les valeurs nutritives seront aussi très bonnes avec contrairement à 2012 une grande digestibilité de la cellulose. Ce genre d’ensilage pourra se hacher aussi entre 16 et 20 mm et sera plus facile à gérer dans les rations.

 

Enfin, il reste les maïs semés après le 15 juin du fait des conditions climatiques du printemps, et qui vont se récolter après le 15 octobre. Ce  sont globalement de grands maïs avec des épis corrects. Ces maïs qui risquent de se récolter parfois à moins de 30%MS, auront sans doutes des valeurs UFL plus faibles.

 

Dans tous les cas, vu que ces 3 catégories de maïs seront parfois présentes dans vos exploitations, il sera recommandé de faire plusieurs analyses au fur et à mesure de l’avancement des silos.

 

 

Des transitions en douceur à respecter

Des précautions doivent impérativement être prises pour laisser le temps aux populations bactériennes du rumen de s’adapter, car les risques sont importants. Une digestion moins bonne, perceptible dans les bouses, est à craindre. Une baisse d’ingestion est à redouter, pouvant aller jusqu’à 3 kg de MS/jour, avec des vaches qui mettront 2 mois pour retrouver leur niveau d’ingestion initial ! Les conséquences techniques et économiques sont alors importantes, car pour 1 kg de MS ingérée en moins, il y aura 2 kg de lait produit en moins. Enfin il est fréquent de rencontrer de nombreux retours en chaleur à cette période, témoignant de résorptions embryonnaires.

Des précautions sont indispensables pour limiter les conséquences de cette transition :

  • Ne distribuer que des ensilages stabilisés (fermés depuis plus de 3 semaines). La confection d’un petit silo de report permet de laisser fermenter le silo principal. Si vous ne possédez qu’un silo, mieux vaut alors ouvrir ce dernier par l’arrière si le fond contient du maïs de l’année précédente.
  • La transition doit durer 3 semaines :
  1. 1ère semaine : 2/3 de l’ancien et 1/3 du nouveau
  2. 2ème semaine : Moitié - moitié
  3. 3ème semaine : 1/3 de l’ancien et 2/3 du nouveau
  • A défaut, avec de l’ensilage de maïs non stabilisé en plat unique, il est impératif d’apporter de la fibre de structure afin de favoriser la rumination et d’aider l’adaptation de la mise en place de la flore ruminale quitte à limiter l’ingestion sur une courte période.
  • Éviter de modifier les autres composants de la ration ou d’augmenter les quantités de concentrés (ou coproduits).
  • Une cure de bicarbonate de 200 à 250 g/VL/j tout au long de cette transition limite les risques d’acidose.

 

Plus l’ensilage de maïs représente une part importante de la ration, plus ces règles sont importantes à respecter.

 

Pierre GONIN, Isere Conseil Elevage, d'aprés Elevage Info n°31 - Litoral Normand Conseil Elevage

 

Voir aussi notre article sur le gel des ensilages de maïs

 

Tags: