Les variétés et semis de luzerne passés à la loupe

La tonne de protéine de luzerne est deux fois moins chère que celle de la protéine de soja. La luzerne est donc une plante dont l’intérêt comme source de protéine et de fibre n’est plus à démontrer. C’est la culture la plus productive en azote à l’hectare. La plateforme de 4 ha mise en place en Haute Loire à 850 m à l’automne 2013 a pour objectif de proposer des itinéraires techniques permettant de récolter un fourrage de qualité.

 

Réussir l’implantation pour être productif rapidement

L’objectif est de semer dans une terre fine, dans le premier cm et de rappuyer.

 Trois modalités de date et de mode d’implantation ont été testées et validées :

  • Une implantation d’automne  derrière labour, à la herse étrille équipée d’un semoir pneumatique.
  • Une implantation de printemps (11 avril) en semis direct sous couvert de seigle.
  • Une implantation de printemps derrière  labour sous couvert d’avoine.

En troisième année d’exploitation les variétés semées au printemps  ont produit en moyenne 1 TMS/Ha de moins à l’année que les semis d’automne. Ce déficit est en partie compensé par le seigle et l’avoine qui avaient été récoltés en enrubannage.  Les semis sous couvert sont également restés plus  propres.

 

Choisir des variétés adaptées au climat

 

Le climat de la Haute-Loire est rude l’hiver. Les variétés les mieux adaptées sont de type Nord. Elles ont une dormance plus forte avec une période de repos végétatif plus longue pour mieux résister au froid hivernal. Sur la plateforme 7 variétés ont été implantées et comparées pendant plusieurs années (graphique ci-contre). Les deux coupes réalisées au printemps 2016 montrent  l’intérêt de  mélanger les variétés. La variété Europe décroche en rendement ainsi qu’en valeur alimentaire.

 

 

Des innovations : enrobage de semence et engrais starter

Depuis quelques années l’enrobage des semences de fourragère se développe.  Les graines sont enrobées d’éléments nutritifs pour favoriser leur germination et la croissance de la plante dans les premiers mois.  Pour la luzerne certains enrobages incluent également l’inoculum. Nous avons testé sur cet essai deux variétés avec enrobage et une troisième avec engrais starter incorporé au semis. Les variétés pré-inoculées et enrobées  Alexis yellow jacket et Alicia  ne montrent pas de plus-value par rapport à l’inoculation traditionnelle.

 

 

2e coupes en foin : soigner l’andainage

Le 4 juillet 2016, une démonstration de récolte en foin a  été réalisée. Trois types de fauche (à plat,  avec conditionneur à rouleaux et à fléaux) ont été réalisés, suivis d’itinéraires techniques sans fanage, avec ou sans pré-andainage. Avec 4 jours au sol et un très beau temps, on arrive à sécher le fourrage (2 ,7 TMS / Ha) en réalisant simplement un andainage 24 heures avant récolte pour les bandes fauchées à la conditionneuse. L’andaineur à rotor est à proscrire, l’andaineur à tapis est l’outil idéal mais cher (80.000€), le double  soleil (5.000€) est un bon compromis rapport qualité/prix.

 

Patrice Mounier, Haute-Loire Conseil Elevage

 

 

 

Un suivi de parcelles pour comprendre les valeurs PDIN des luzernes

Un suivi de parcelles de luzerne a été mis en place par Drôme Conseil Elevage et la Chambre Agriculture de la Drôme pour comparer, sur le premier cycle, l’évolution des valeurs alimentaires. Deux groupes ont été constitués sur l’observation du développement des parties aériennes : «luzerne OK» bien développée, dense en pieds, de couleur vert foncé comparées aux luzernes chétives, moins hautes, de couleur vert clair. Ces luzernes chétives ont une teneur en azote beaucoup plus faible (-33% de MAT). La valeur énergétique est aussi pénalisée (-13%). Avec moins de rendement et une teneur en azote faible, le rendement par ha en protéines des «chétives» est beaucoup plus faible.

Ce suivi permet de comprendre pourquoi les analyses de foin donnent des valeurs PDIN variant du simple au double en première coupe.

Certaines luzernes ne peuvent exprimer leur potentiel du fait des contraintes agronomiques. L’éleveur doit alors remonter le taux de matière organique du sol, les teneurs en phosphore et le pH du sol avant la luzerne. L’autre option sera de privilégier une prairie multi espèces plutôt qu’une luzerne pure.

 

Jean Pierre Manteaux , CA 26

 

Tags: