Les fondamentaux pour réussir son ensilage d'herbe

Parce que beaucoup d'élevages de la zone FIDOCL sont herbagers et que les rations hivernales sont souvent composées d’ensilage d’herbe, la qualité de celui-ci est primordiale pour produire du lait à moindre coût. Alors que les chantiers d’ensilage sont de plus en plus rapides, il reste indispensable de respecter quelques règles qui concourent à la réussite d’un bon silo.

 

L’ensilage d’herbe reste la technique de récolte qui permet de mieux conserver la valeur énergétique de l’herbe. Lorsque l’ensilage est réussi, l'animal doit retrouver la valeur et le goût de l'herbe sur pied. 1 kg de matière sèche doit permettre une production laitière de 1,5 à 2 litres de lait. Pour réussir son ensilage d’herbe, l’acidification du fourrage récolté (transformation des sucres en acides) doit être rapide et efficace. Les facteurs de réussites sont la date de coupe, la durée de séchage entre la coupe et la récolte, les conditions de confection du tas et de fermentation.

 

Récolter des fourrages jeunes en ensilant tôt en saison pour assurer une qualité supérieure de votre ensilage

Privilégier une fauche précoce : l'herbe de printemps est riche en énergie et en azote, avec une teneur en cellulose faible donnant une digestibilité élevée au fourrage. Le fourrage à ensiler doit se récolter entre un stade jeune épis 15 cm dans la tige jusqu'à un stade maximum début épiaison. Car à l'épiaison, il est trop tard, le fourrage est alors cellulosique, faible en énergie et en azote. Pour les légumineuses, même combat : la luzerne comme le trèfle violet devront être ensilés au stade début bourgeonnement, car au-delà, l’herbe perd en sucre et sa conservation sera plus délicate. Le graphique ci-contre, en prenant exemple sur le RGI, illustre trés bien cette perte de valeur passée l'épiaison.

 

 

 

 

 

Qualité de fauche, propreté des silos et du front d’attaque : facteurs déterminants pour la qualité de l’ensilage

Les 7 commandements pour réussir votre ensilage d'herbe

1- Récolter au stade optimal soit une plante jeune pour maximiser le taux en sucre et limiter l’encombrement:
2- S’assurer  de 3 jours sans précipitation au moment de la fauche pour atteindre 25 à 30 % de MS pour les graminées et au moins 35- 40% pour les légumineuses et les associations
3- Préférer l’après-midi pour faucher pour optimiser les sucres
4- Faucher à 7 cm de hauteur de coupe pour permettre une meilleure ventilation de l’andain et une bonne reprise de la prairie ou de la luzerne,
5- Faire des andains larges pour assurer une dessiccation rapide de la plante et pour obtenir un produit plus homogène
6- S’assurer d’une bonne finesse de hachage en fonction du taux de MS
7- Soigner la confection du tas par un tassage important, ceci accélère le processus d’acidification et limite les reprises de fermentation à l’ouverture du tas

L'animal doit retrouver la valeur et le goût de l'herbe sur pied.

1 Kg de matière sèche doit permettre une production laitière de 1,5 à 2 litres de lait.

Faucher haut à 7cm du sol, pour éviter la contamination par des spores butyriques et aider au séchage de l’andain qui ne sera, de fait, pas en contact du sol, et veillez ensuite au réglage du pickup qui ne doit pas racler le sol pour éviter de ramasser les matières organiques anciennes, la terre ou les pierres.

Utiliser des outils bien réglés, bien affutés. Assurez une coupe fine pour obtenir des brins nettement coupés de 4 à 6 cm de long. L’allongement de la longueur des brins peut être justifié dans le cas d’utilisation de remorque mélangeuse pour distribuer la ration.

Pour mémoire, le silo est réalisé sur une aire propre stabilisée (ensilage supérieur à 27% MS), ou bétonnée, bien plus grande que la taille du silo, permettant sa confection dans de bonnes conditions et son utilisation aisée quelques soient les conditions météorologiques. Trop souvent lors du chantier et pendant l’hiver, la boue entre en contact avec le silo.

Réaliser des silos adaptés à la taille du troupeau, aux quantités de fourrages qui seront distribuées aux différentes périodes de distribution. Afin d’éviter les reprises de fermentations, lors de l’utilisation du silo, le front d’attaque doit avancer au minimum de 25cm par jour en été et 15 cm en hiver.

 

De la fauche à la fermeture du silo

Préférer faucher l’après-midi plutôt que le matin, pour maximiser la teneur en sucres. C’est la teneur en sucres du fourrage qui permet une acidification rapide, qui empêche les fermentations butyriques au profit des fermentations lactiques. Par ailleurs, cette teneur dépend des espèces, du stade de récolte, du niveau de fertilisation, des conditions de végétation. En effet, la teneur sera d’autant plus élevée sur des graminées récoltées tôt bien avant le stade épiaison.

Le préfannage est nécessaire pour accélérer l’accroissement du taux de matière sèche de 25% à 30% MS (à 25% le jus s’écoule en tordant à la main une poignée d’herbe et à 30%, en tordant une poignée, les doigts s’humidifient de quelques gouttes). C’est d’autant plus nécessaire que le fourrage est jeune, digestible, riche en protéines. Comme, après la fauche, la plante continue à respirer et perd de ses valeurs énergétique et protéique, le préfannage offre un bon compromis entre qualité d’une herbe jeune et taux de MS élevé. Avec des taux de MS plus faible, l’incorporation d’un conservateur à la dose homologuée est indispensable.

C’est la capacité de tassage au silo qui doit déterminer l’avancement du chantier d’ensilage. Il faut généralement autant de tracteurs au silo que la machine récolte d’Ha à l’heure. Ainsi il faudrait idéalement au minimum deux personnes au silo : Une personne qui répartit de manière uniforme et par couche de 20 cm environ le fourrage, et une 2e personne qui tasse avec un tracteur d’autant plus lourd que les volumes sont conséquents. Tant que le fourrage n’est pas tassé correctement, il est inutile d’apporter une nouvelle remorque. À l’ouverture, un silo est correctement tassé si l’on n’arrive pas à enfouir une main dans le front d’attaque.

 

Fermer vite et hermétiquement votre silo

Le temps de confection d’un silo ne doit pas dépasser une journée au plus 1,5 jour. Tant que le silo est ouvert, les brins continuent de respirer et le fourrage s’appauvrit.

On dispose de films sur les côtés que l’on rabat  sur le tas, puis on couvre le tas immédiatement avec film ensilage de qualité (voir schéma). L’utilisation de sacs de lestage remplis de sable est aisée à mettre en place. On les dispose de manière jointive sur les contours du silo. On en rajoute, dans le sens de la largeur, tous les 3 m en privilégiant les zones de raccords. Dans le cas où la bâche se détend, il est judicieux d’y remédier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Investissez dans des conservateurs pour conserver la qualité de votre fourrage

Les conservateurs sont peu utilisés sur le terrain, avec souvent comme argument leurs coûts. Cependant, ils permettent de limiter les pertes et d’améliorer les valeurs alimentaires.

En fonction des ensilages à converser, on trouve différents types de conservateurs. Certains vont accélérer l’acidification et seront utilisés sur des fourrages difficiles à conserver comme la luzerne, le dactyle. D’autres employés sur des ensilages plus secs vont limiter les reprises de fermentations à l’ouverture du tas.

Le graphique ci-contre permet de classer l’aptitude à la conservation des ensilages en fonction de leurs taux de sucres et de leurs pouvoirs tampon. La luzerne comme le trèfle violet sont ainsi des fourrages plus difficiles à conserver, et présentent un intérêt accru à l'utilisation de conservateur.

 

  • Les acides sont plus efficaces pour la conservation de la valeur azotée. Les acides formiques sont les plus employés. Ces produits sont intéressants pour les fourrages pauvres en sucres et humides car ils accélèrent le processus d’acidification et inhibent le développement des bactéries indésirables. Ils permettent également de réduire la production d’azote soluble (ammoniac). Leurs emplois restent limités du fait de leurs pouvoirs corrosifs.
  • Les enzymes, en général associés aux bactéries, permettent de libérer plus facilement les sucres. Ils sont conseillés sur des fourrages pauvres en sucres (luzerne) et ligneux avec une teneur cellulosique plus élevée (fourrages récoltés tardivement).
  • Les ferments lactiques (conservateurs biologiques) améliorent la qualité de votre fourrage si ce dernier est suffisamment riche en sucre comme de Ray Grass Italien. Toutefois, associé aux enzymes ou à des acides, ces produits combinés pourront être utilisés sur des fourrages moins riches comme le dactyle, la luzerne, ou le trèfle violet. Au sein des ferments lactiques, nous trouvons 2 grandes familles de bactéries, les homofermentaires ou homolactiques et les hetérofermentaires ou hétérolactiques. Les premiers produisent de l’acide lactique et font baisser rapidement le PH, et agissent ainsi sur la fermentation du tas. Les seconds inhibent les levures et les moisissures, et évitent les risques de reprises de fermentation à l’ouverture des silos (mais n’agissent peu à la fermentation initiale).
  • Le sel ne joue pas sur le PH de l’ensilage. Il bloque les fermentations indésirables. Utilisé en couverture de silo (3 kg/ m 3 en zone superficiel). Il réduit aussi les risques de contamination butyrique.
  • Le tanin de châtaigniers  peu utilisé, il permet de réduire le PH et d’augmenter de 50 % la production d’acide lactique, sous forme de poudre à répartir pour chaque benne (20 kg /ha). Son emploi est plus délicat mais les résultats sont certains.

Les différents types de conservateurs ne manquent pas, et on trouve également des produits combinés associant acides et ferments lactiques ou enzymes. Malgré leurs coûts, leur emploi sera un investissement rentable si et seulement si votre ensilage a été réalisé dans des conditions optimales de récolte et de confection de tas. Autrement dit, un conservateur ne fera qu'atténuer mais ne compensera pas les mauvaises conditions de récoltes ou conservation de votre ensilage.

 

Jean ZAPATA Puy-de-Dôme Conseil Elevage et Michaël BONNAULT Isère Conseil Elevage

 

Voir sur ce sujet le témoignage du GAEC de Laire (63)

Schéma issu de Schaumann - Erfolg im Stall " Memento d'ensilage d'herbe. Guide pour la réussite de l'ensilage d'herbe".

 

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