Grands troupeaux : le confort des hommes et des animaux au centre des projets

Les bâtiments pour gros troupeaux, au-delà de 80-100 vaches, amplifient tous les petits détails du quotidien qui deviennent alors déterminants dans la réussite du projet. Toute réflexion concernant un bâtiment d’élevage tourne autour de 4 questions : le système fourrager, le contexte environnemental et règlementaire, les contraintes économiques et les objectifs de production du troupeau. Il faut à la fois gérer la traite, l’alimentation, le couchage pour  les différents lots d’animaux.

 

 

Le bâtiment, l'outil de travail de travail primordial

Le travail davantage mécanisé

Le bâtiment est conçu comme un outil de travail pour dégager un revenu. Dans une grosse structure, il faut respecter la charge de travail des associés, limiter les tâches astreignantes et réduire les pertes de temps. Il y a moins de main d’œuvre « gratuite ». La mécanisation des postes d’astreinte devient indispensable. Les ateliers traite, nurserie, raclage, paillage doivent être réfléchis de façon globale. Les outils d’alerte facilitant la surveillance individuelle des animaux apportent une aide appréciable. Mais toute cette mécanisation ne remplacera pas l’œil avisé de l’éleveur.
Chaque associé doit trouver son compte et son rôle. Les échanges lors de la maturation du projet doivent être privilégiés.


Une circulation fluide et le maximum de confort pour les animaux et les éleveurs

Des passages suffisamment nombreux, 1 au moins toutes les 20 logettes, propres, sans cul de sac et non glissants, permettent une circulation aisée dans tout le bâtiment. Le couloir de circulation derrière les cornadis doit être de 4,5 à 5 mètres de large. Les vaches passent plus de 5 heures par jour en moyenne à l’auge, elles doivent toutes avoir une place. Avec moins de 70 cm disponibles, les risques de concurrence sont accrus. Il ne faut pas lésiner non plus sur le nombre et la capacité des abreuvoirs, surtout en sortie de salle de traite.


L’ambiance, le plus important

L’effet vent ou la ventilation dynamique sont impératifs pour bien tempérer le bâtiment. L’effet cheminée est inefficace dans les bâtiments larges et hauts. Les cassures de toit permettent d’atteindre de bons résultats en ambiance et en luminosité.
La gestion des effluents est à réfléchir dans sa globalité. Elle doit répondre à  la règlementation de durée de stockage. Les logettes lisier sont plus simples à gérer avec un seul type de déjection. Les caillebotis sont limitants en cas d’agrandissement. Le système fumier est plus délicat pour les grands troupeaux, car il nécessite une surface de fumière couverte très importante et une fosse à côté.
 

Tanguy Morel, Ain Conseil Elevage

 


« Earl Bois le Vin, Civrieux en Dombes (01)

La mise aux normes, point de départ du projet bâtiment Gros Troupeau
 

Installé depuis une vingtaine d'années avec 40 vaches montbéliardes, Jean-Pierre Dutang s’est posé la question de l'avenir de son exploitation il y a 3 ans. « Situé au centre du village, j’avais deux possibilités : soit j'arrêtais la production laitière, soit je repartais avec un bâtiment neuf complètement délocalisé. » La facilité de travail étant déjà sa principale priorité, il a décidé de continuer mais en mécanisant au maximum son investissement.


Des objectifs de départ précis

Avec la reprise d'une exploitation et l'achat de quota, l'exploitation détient 750 000 litres de lait au début du projet. L’étude économique est difficile car il faut prévoir la construction des bâtiments pour tous les animaux, la nurserie, le stockage des fourrages mais aussi la viabilisation, le terrassement et le chemin d’accès.
« Mes priorités de départ étaient la facilité de travail, le minimum d'UTH sur l'exploitation et de limiter l'astreinte du week-end ». Ainsi, le choix des différents équipements automatisés (robots, DAC, DAL, Pousse-cube) étaient déjà envisagés à la première ébauche d'aménagement du bâtiment. Le projet doit également permettre de dégager un revenu convenable à l'éleveur, l'emploi d'un salarié à temps plein et de pérenniser l'exploitation. 


Mécanisation et automatisation au maximum

Le bâtiment loge aujourd'hui 120 vaches pour un quota de 970 000L. Les vaches et les génisses sont sur logettes creuses avec raclages automatiques dans une fosse géomembrane.
Deux robots Lely assurent la traite, 4 stations de DAC sont à disposition des vaches et 7 pour les génisses dans les différentes tranches d'âge.  Un DAL alimente les veaux.
L’alimentation des vaches se compose de foin de luzerne et d’ensilage de maïs. Des cubes de maïs sont apportés sur la table d’alimentation avec un  pousse-cube une fois par semaine, tout comme le foin. Les génisses sont alimentées avec de la paille et 3 kg de concentrés.
Aujourd'hui, Jean-Pierre Dutang et Alexandre Gigaut, le salarié, sont satisfaits du système. Les objectifs de main d’œuvre fixés au départ sont atteints. Un seul UTH assure la charge de travail d’astreinte quotidienne du troupeau. L'éleveur et le salarié peuvent prendre aisément 5 semaines de congés par an et un week-end sur deux.
Cependant, l'éleveur fait remarquer que la délocalisation totale du site d'exploitation a été onéreuse. »

Propos recueillis par Vanéssa GRANDJEAN - Ain Conseil Elevage

 

Pour aller plus loin, nous vous présentons le bâtiment gagnant du concours bâtiment SPACE 2012

Egalement disponbile l'intervention de Tanguy MOREL au séminaire FIDOCL des conseillers sur les bâtiments grands troupeaux

 

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