Après l’épisode de canicule et de sécheresse, le moment est venu de faire ses comptes en cette fin d’été et d’envisager les solutions à mettre en place. Les situations sont extrêmement contrastées selon les secteurs, les parcelles et l’importance des orages de ces deux derniers mois (pluviométrie cumulée du 20 juin au 20 août : de 20 mm à plus de 180 mm suivant les zones de notre région Rhône Alpes Auvergne). Les dernières pluies importantes du 24 août offrent de nouvelles alternatives pour cet automne.

Faire un bilan précis

Les premières coupes d’herbe ont été globalement bonnes, les deuxièmes coupes de foin faibles voire inexistantes. Dans certaines situations extrêmes les pâtures des génisses et taries ont été insuffisantes et ont nécessité des apports complémentaires en fourrages. Enfin les ensilages de maïs ont commencé autour du 10 août en avance de 15 jours à 3 semaines et vont se continuer sur le mois de septembre. Les rendements seront inférieurs aux années normales. Mais la « bête » est dure. Les quelques pluies d’orage ont permis le développement des maïs. Attention surtout à sa qualité ! Avant de prendre toute décision concernant le troupeau ou les cultures et notamment dans des situations où l’impact de la sécheresse semble avoir eu des conséquences modérées, il convient de réaliser un bilan fourrager (comptabiliser ses stocks en foin, ensilage, enrubannage et estimer les besoins de ses animaux) pour évaluer l’ampleur du déficit et les besoins en fourrage qui vont être à couvrir pour les mois à venir (l’hiver prochain et jusqu’aux prochaines récoltes 2016). Faîtes appel aux conseillers d’élevage pour vous aider dans cette première étape.

Les compensations possibles peuvent être envisagées de différentes façon plus ou moins combinées : achats pour l’hiver, arbitrages entre les surfaces destinées au maïs grain et au maïs fourrage, valorisation du pâturage d’automne, choix de rations, réformes des animaux.

Reconstituer les stocks

Les dérobés encore (enfin) possibles

Les faibles pluies de cet été n’ont pas dû permettre un réel développement des dérobés type estivaux (moha, sorgho, trèfle). Fin août le choix des dérobés se portera sur les Ray Grass Italien associés ou non aux trèfles (http://www.fidocl.fr/content/manque-de-fourrage-profitez-des-pluies-dorage). Les dérobés de printemps type RGI devront être implantés sur des terrains à bon potentiel (récolte possible à l’automne + 1 coupe au printemps). Ne pas oublier que la récolte au printemps a toujours une incidence sur la culture suivante (maïs en général) : semis plus tardif et parfois difficile, risque de déficit hydrique plus important. Ces semis sont donc à réaliser en cas de déficit fourrager important et en bon terrain.

Profiter des repousses de cet automne

Les dernières pluies importantes (30 à 50mm) de cette fin août combinées à baisse des températures vont relancer les pousses d’herbe notamment en prairies temporaires. Ne surpâturer pas les premières repousses, attendez une bonne reprise pour faire pâturer à plein les génisses et les laitières. Si le mois de septembre est clément, dans 3 à 4 semaines des repousses importantes peuvent être attendues d’autant plus si les parcelles ont été récemment fertilisées (30 unités d’azote minéral ou lisier). Des surfaces importantes en enrubannage pourront être récoltées.

Acheter du maïs

Dans certaines situations les élevages souffrent d’un déficit en énergie et maïs ensilage mais avec des stocks plutôt importants en fibres et foin de 1° coupe. Les repousses d’herbe de cet automne vont accentuer ce déséquilibre. Le maïs grain est à un prix correct et orienté à la baisse (150 à 170 euros/t MS). Si les trésoreries le permettent, l’achat de maïs sous forme grain humide ou épis est une vraie solution intéressante (http://www.fidocl.fr/content/manque-de-fourrage-pourquoi-ne-pas-acheter-...). Il permettra de redensifier les rations de cet hiver (foin-enrubannage / maïs ensilage / maïs grain humide). Contacter vos voisins agriculteurs qui disposent de surfaces en maïs prévues à être battu.

Anticiper 2016, renouveler les prairies

L’été 2015 à peine fini et malgré une conjoncture économique difficile, il faut envisager 2016. Les dernières pluies importantes permettent de labourer et renouveler les prairies. Luzerne, prairies temporaires (http://www.fidocl.fr/content/prairie-temporaire-implanter-faites-le-bon-...) sont à implanter dès cette fin août en rotation avec les céréales à paille. Les vieilles prairies temporaires qui auraient été dégradées par la sécheresse de cet été  sont aussi à renouveler en priorité. Les récoltes en foin et ensilage du printemps 2016 seront d’autant plus importantes et permettront de reconstituer les stocks mis à mal en 2015.

N’hésitez pas à prévoir aussi des implantations de méteil (association céréales et protéagineux) cet automne pour une récolte précoce en ensilage au printemps ou en grain en début d’été (http://www.fidocl.fr/content/conseil-dimplantation-pour-les-association-...).

Jean-Philippe GORON   Isère Conseil Elevage