Prairie temporaire à implanter, faites le bon choix !

Lorsqu’on sème une praire temporaire destinée au pâturage, on cherche à créer un couvert homogène, appétant, équilibrée entre les graminées et les légumineuses, et surtout productifs du printemps à l’automne et robuste dans durée.

La spécificité de chaque espèce est alors à prendre en compte pour créer le mélange idéal. Même si les semenciers proposent des mélanges pré à l’emploi, il est nécessaire de faire un rappel sur quelques notions d’agronomiques et de physiologie des plantes pour éviter tout type d’erreur.

 

Rappel des critères physiologique :

La date d’épiaison : de fin avril à fin juin selon l’espèce et la variété, on cherche en générale la date d’épiaison la plus tardive pour un pâturage plus souple. Toutefois, une variété trop tardive pénalisera votre rendement de printemps surtout sous un climat continental.

La date de départ en végétation : définie lorsque la hauteur d’herbe mesurée est suffisante pour être pâturée. Plus elle est précoce, plus on démarre tôt le pâturage. Attention, il convient de vérifier également la résistance au gel des plantes.

La souplesse d’exploitation : c’est la durée entre la date de départ de végétation et la date présumée d’épiaison, plus elle est longue, plus vous optimisez le pâturage au printemps.

La ploïdie : les variétés diploïdes (2n) sont riches en MS, les variétés tétraploïdes sont légèrement plus productives au printemps mais plus sensibles aux  situations de sécheresse.

La remontaison : cette capacité des plantes à épier après chaque coupe, concerne que les ray grass, plus ils sont précoces, plus ils seront remontants.

Le tableau ci-dessous permet de positionner l’ensemble des graminées en fonction de ces critères.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le choix des espèces

Ray-grass anglais (RGA) : Graminées fourragères par excellence pour la pâture, riche et très appétante, cette espèce supporte moins les fortes températures et les stress hydriques. Rapide à l’implantation, le RGA s’associe bien avec les autres espèces. Pour notre contexte plus continentale, Les variétés diploïdes et demi précoce à demi tardive sont à privilégier, en effet, elles tallent plus,  sont plus riche MS et résistent mieux aux situation froides et séchantes.

Le Ray Gass Hybride (RGH) :Le RGH est un hybride entre RGA et RGI, adapté principalement pour la fauche, sa pérennité est de 2 à 3 ans. Très productif la 1er année, son pouvoir remontant permet d’assurer 2 bonnes coupes au printemps. Très agressif, privilégier les variétés diploïdes pour la pâture et il convient d’associer cette espèce avec un Trèfle Violet voir un Trèfle blanc géant.

Dactyle : Précoce à épiaison et non remontante. A proscrire en sol humide, le dactyle s’adapte aux sols superficiels et aux températures élevées. Attention, son pouvoir très concurrentiel oblige à l’utiliser avec parcimonie dans vos mélanges (de 3 à 5 kg maximum). 

Fétuque élevée : Cette espèce, très pérenne, adaptée même aux sols hydromorphes supporte également bien la sécheresse (fort pouvoir racinaire) et les températures relativement élevées. Non remontant également. Il faut choisir exclusivement des variétés à feuilles souples (plus appètent et plus riche) pour une utilisation en pâture.

Fétuque des prés : faiblement  remontant, cette espèce est riche et appétente, à réserver dans des secteurs froids et humides, elle craint le sec et les fortes températures.

Fléole : Epiaison très tardive, la fléole s’adapte bien au contexte froid et humide, son démarrage en végétation précoce est intéressant pour la  pâture.

Trèfle blanc : S’associe dans de nombreuses situations. Le trèfle blanc est riche en azote mais aussi en énergie même à un stade avancé. Privilégier les associations de trèfles géants et intermédiaires dans votre couvert.

Luzerne : la plus productive en azote. Utiliser principalement en fauche, elle peut être pâturée mais avec précaution. Pérenne, cette espèce convient très bien  à de multiples mélanges. Privilégier les nouvelles variétés plus productives, et  plus résistantes aux parasites (nématodes et maladies).

Le trèfle Violet : à privilégier dans les conditions plus humides, le TV est  productif et de pérennité limitée. Espèce agressive, privilégie les variétés tétraploïdes  souvent plus pérennes. Sensible à certaines maladies (oïdium),  les critères de choix sont la résistance à la verse et aux maladies, la pérennité, la teneur en protéines.

Le sainfoin : Moins connu, légumineuse des plateaux secs méditerranéens. Convient sur sol sec et calcaire. Moins productif qu’une luzerne et de pérennité courte, il est intéressant dans des situations difficiles. Il existe 2 type de sainfoin, le simple, ne fleurit qu’une fois est plus pérenne et le double plus productif (2à 3 coupes) mais moins pérenne.

 

Les espèces secondaires : sont les espèces dont leurs contribution au rendement de la praire est faible mais où leur place permet de limiter le salissement du couvert. Il contribue fortement à l’équilibre et la pérennité de votre prairie. Nous pouvons citer le lotier, la minette et le trèfle hybride pour les légumineuses et le pâturin des prés, la fétuque rouge pour les graminées

 

Dans une prairie multiespèces, chaque espèce doit donc jouer son rôle au bon moment !

La difficulté réside souvent dans le maintien d’un bon équilibre entre les espèces. A l’implantation de la prairie, le choix des espèces, des variétés et des doses de semis est important et conditionne en partie ce futur équilibre. Notons aussi que la prairie multi-espèces donne souvent de bons résultats sur les terres médiocres.

 

Le tableau ci-dessous réalisé par l’AFPF* nous résume bien le comportement des espèces au sein d’un mélange

 

* Pouvoir de concurrence au printemps : précocité au démarrage, port de plante et vitesse de croissance.

** Espèces de courte durée (3 ans) pouvant présenter un intérêt dans la phase d’installation des mélanges de longue durée. Des espèces de plus courte durée, telles que ray-grass d’Italie ou céréales par exemple, peuvent également être utilisées en tant que plantes-abri au cours des premiers mois de la prairie.

(Source : AFPF 2013, Association Française des Production Fourragère)

Pour résumer, voici les compositions préconisées de prairie pour une situation plutôt séchante ou plutôt humide.

 

Michaël BONNAULT - Isère Conseil Elevage

 

 

 

 

 

 

 




« GAEC de l'Abreuvoir, Saint Sorlin de Morestel (38)


Une attention particulière au semis


En agriculture biologique, les associés du GAEC de l’Abreuvoir misent sur un système toute herbe avec séchage en grange pour l’alimentation de leurs 60 vaches laitières. Cette situation amène les éleveurs à renouveler leurs prairies pour améliorer la qualité de l’herbe pâturée.


Faire pâturer les vaches au maximum et maintenir la productivité des prairies

L’exploitation compte plus 100 ha dont les ¾ en herbe. La pratique de la traite mobile permet aux associés d’exploiter une majorité de parcelle par le pâturage des vaches. Ainsi, suite aux regroupements de parcelles, un ilot de 27 ha sur un plateau assure le pâturage des vaches une bonne partie de l’année. Un renouvellement régulier des parcelles dégradées est assuré. Pour refaire les prairies sans trop bouleverser le système de pâturage, les prairies labourables sont renouvelées sur 5 ans. Avant de semer une nouvelle prairie,  l’ancienne prairie est labourée pour implanter un méteil récolté en grain. Cette technique permet de limiter le salissement et prépare mieux le sol pour une culture pérenne. Un mélange complexe et robuste associant plusieurs graminées et légumineuses avec 1 à 2 variétés différentes par espèces a été réfléchi.


Une préparation soignée pour optimiser la levée

Le couvert est implanté en général tout début septembre après les périodes de forte chaleur. Après la récolte du méteil, un passage de chisel est réalisé en superficiel pour faire lever les adventices. Un deuxième passage arrive 2 à 3 semaines plus tard. Celui-ci est plus profond (10 à 15 cm) pour détruire les relevés et mélanger les résidus de récolte à la terre. Un dernier passage finit d’ameublir le terrain. Le semis s’effectue à l’aide du combiné à céréales équipé d’un rouleau appuyant le sol devant le semoir. Pour permettre un bon contact entre la terre et la graine, le rouleau cultipaker est passé juste après.


Une conduite adaptée des prairies pour favoriser la pérennité du mélange

Pour éviter les risques de piétinement et le matraquage du couvert, les parcelles sont pâturées tous les 30 jours. Cela permet de maintenir la luzerne dans le couvert. Les vaches ont une parcelle différente le jour et la nuit tous les 2 à 3 jours. Les refus sont fauchés au début de l’été. Un apport de compost tous les 2 ans et un chaulage régulier assurent l’équilibre organique et chimique du sol.
La qualité de l’herbe est au rendez-vous avec l’ensemble de ces pratiques.


Propos recueillis par Mickaël Bonnault, Isère Conseil Elevage
 

 

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