Charges de mécanisation maîtrisées en élevage Bovins lait, témoignage d'Hervé Annequin, gaec de la Gambille à Dossin (38)

Mise en commun du matériel entre deux gaec et réalisation des chantiers à plusieurs, afin d'être efficace pour les travaux de saison et réduire les charges de mécanisation, voilà 1 des raisons des performances économiques de cette exploitation. Cette entraide et cette mise en commun ont ensuite été formalisées par la création d'un GIE, structure juridique indépendante.

 

3 associés spécialisés

Au gaec de la Gambille, les 3 associés se sont spécialisés : Hervé Annequin, conformément à sa formation initiale BEP agroéquipement, s'occupe du matériel et des travaux de saison sur les cultures. « je suis passionné par les cultures et le matériel. Ca me plait de l'entretenir et le réparer si besoin. Jean-Luc Riffard trouve son bonheur avec les 80 vaches de notre gaec, il est responsable et autonome sur la conduite du troupeau. Avec 820 000 litres vendus et une salle de traite 2 fois 6 postes seulement, il est bien occupé... Moi je m'occupe des veaux tous les jours et des vaches laitières un week end sur 3, samedi et dimanche. Jean-Luc Annequin s’occupe du troupeau allaitant, des génisses et de la réalisation des foins »

 

Avoir les mêmes objectif

« je pense que c'est plus facile de s'entendre à deux que de se fondre dans une Cuma. Avec le gaec du Haut Virieu on a la passion de l'agronomie, de l'efficacité dans le travail et dans la façon d'utiliser le matériel. Nous travaillons depuis 2009 sans labour. Entre semis direct et strip till on a gagné du temps et on produit autant de fourrages et de céréales qu’avant. Il n'y a que pour casser les RGI avant semis de maïs que nous avons encore besoin de labourer. Notre strip till est bien adapté pour les semis directs dans les chaumes de céréales. Derrière les RGI même en 2 passages, roue dans roue (système de guidage RTK) on a une préparation insuffisante ». « Question traitement, on a un pulvé de 21 m de large. On traite à bas volume : on est devenu plus performant sur l'agronomie mais le chemin est encore long... » Côté lait le gaec Haut Virieu produit 915 000 litres et ils ont une surface comparable à la nôtre en grandes cultures. Vu que l'on s'entend bien et que nous avons des tailles comparables, nous ne faisons pas d'enregistrements précis. De toute façon, le travail, il faut le faire sur les 2 gaec...»

 

Mise en commun du matériel

la liste du matériel mis en commun est longue : «  4 tracteurs, combiné pour semis direct, semoir, épandeur à engrais de précision, matériel de fenaison, de travail du sol, moissonneuse batteuse, faucheuses frontales et latérales, pulvérisateur...En propriété du Gaec de la Gambille il ne reste que le bol mélangeur, 1 tracteur de 15 000 heures et la bétaillère. En cuma, on retrouve le matériel pour ensiler (ensileuse, faucheuse conditionneuse) et le matériel pour les déjections (épandeur à fumier et tonne à lisier). Les chantiers sont réalisés en commun par 2 associés de chaque gaec, Hervé et Guillaume. Au besoin les autres associés viennent compléter l’équipe. Si on doit démarrer à 5 heures du matin, on le fait. Avec  2 tracteurs dans le champ, ça va vite pour faire les travaux. Avec  200 ha de grandes cultures et 150 en prairie on doit être efficace... »

 

Performant économiquement

Sur les 6 dernières années, le coût de mécanisation est en moyenne de 77 euros / 1000 litres pour le gaec de la Gambille : 47€ d'amortissement, 13 pour entretien et 13 pour le carburant et 5 pour la Cuma. « Les charges de mécanisation sont divisées par 2 avec les 2 gaec. Vu que les 2 gaec produisent presque 2 millions de litres et exploitent plus de 300ha cumulés, les charges de mécanisation sont diluées sur ces volumes. Le coût du travail est également très bien maîtrisé (92 euros en moyenne sur 6 ans). Le nombre de smic par UMO lait est dépendant de certains choix stratégiques : « certaines années c'est plus rentable pour le gaec de vendre le mais grain  à + 200 euros la tonne et d'acheter du corn gluten plutôt que de conserver le mais pour les bovins. Notre Cout atelier lait augmente mais notre marge grande culture progresse davantage ». Bon an mal an, la rémunération permise par l’atelier lait et par l’ensemble de l’exploitation est très satisfaisante (>1.5 SMIC/UMO).

 

Un GIE pour conforter la mise en commun

A partir de 2013, pour bénéficier de subventions plus avantageuses (aire lavage de pulvé) et pour mieux gérer les investissements à venir, les 2 gaec ont réfléchi à la création d'un GIE. « nos 2 gaec ont vendu la quasi-totalité de leur matériel au GIE (GIE avenir sol vivant). Celui-ci refacture au gaec. Nous en avons profité pour ré-amortir du matériel qui fonctionne encore bien, cela va nous permettre d'optimiser notre résultat comptable et donc nos charges de MSA. »

 

Des installations  à prévoir

« d'ici 2 ans, Jean-Luc partira à la retraite. On a commencé à chercher 1 ou 2 successeurs...selon la personne et ses objectifs, nous devrons peut-être penser à de nouveaux investissements. Le bâtiment actuel construit en 1993 avec ses logettes raclées a donné toute satisfaction et il est encore fonctionnel ». Bâtiment et matériel, même combat : quand c'est amorti depuis plusieurs années et encore fonctionnel, cela reste une sécurité importante pour le revenu de chaque associé.

 

Jean-Philippe GORON - Isère Conseil Elevage

 

Voir également les témoignages de l'exploitation n°1 EARL de la Bourbe, et celui de l'exploitation n°3 GAEC du Rivet

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