Analyses des données d'acétonémie

Résultats d'une analyse de la base de données des résultats d'écétonémie des vaches laitières.  Evaluation des incidences techniques et économiques de la pathologie

 

Enquête sur les résultats d’acétonémie des vaches laitières

Dans le cadre d’un partenariat entre Acsel Conseil Elevage et l’Isara Lyon, école d’ingénieurs en agriculture, une étude sur les résultats d’acétonémie du flacon de contrôle de performances a été réalisée par quatre étudiants de 5ème année.

90000 résultats ont été analysés grâce à un traitement statistique : ils portent sur 7 mois d’analyses réalisées par le laboratoire Mael entre le 1er avril et le 1er novembre 2017, sur les vaches entre 0 et 100 jours de lactation. Les principaux résultats de l’étude sont présentés dans cet article.

A l’issu de chaque contrôle de performance, le laboratoire fourni des spectres infra-rouge des échantillons de lait. Des équations permettent de donner une note de risque d’acétonémie, à partir de ces spectres et des résultats des taux butyriques et protéiques. Nous avons ainsi, pour toutes les vaches entre 0 et 100 jours de lactation, 3 notes qui évaluent le risque d’acétonémie pour le jour de la pesée : S (saine) pas de risque, D (douteuse) pour les vaches qui ont eu une acétonémie sub-clinique, M (malade) pour les vaches qui ont eu un passage plus ou moins important d’acétonémie.

Ces résultats sont disponibles auprès de votre conseiller d’élevage.

 

Incidence du stade de lactation

L’acétonémie touche les vaches en début de lactation. Elle reflète un déficit d’ingestion et un manque d’apport d’énergie par la ration, qui sont compensés par une utilisation excessive des réserves corporelles.

 Sur la période étudiée, les vaches saines (S) représentaient 72% des résultats, les douteuses (D) 28% et les vaches malades (M) moins de 1%.

Les périodes de vêlages et transitions alimentaires se caractérisent par une diminution des vaches saines. Ainsi, leur taux passe de 80% en début d’été (semaines 10 à 15,) à moins de 60% en septembre-octobre (semaines 20 à 25).

 

 

 

 

 

 

       Le pourcentage de vaches douteuses est plus élevé entre 0-30 j de lactation : 32%. Ensuite il passe à 25% entre 30 et 100 jours de lactation. Les vaches qui sont atteintes d’acétonémie sub-clinique sont donc touchées précocement après le vêlage.

 Pour limiter le problème, il est donc important de travailler sur la préparation au vêlage. Dans le mois suivant la mise bas c’est déjà un peu tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Incidence sur  la production laitière

La quantité de lait totale produite par vache est différente entre les vaches douteuses et les saines sur la période étudiée. Les vaches saines ont une quantité de lait inférieure aux autres : 27,9 ± 2,8 kg en moyenne pour les vaches saines contre 28,2 ± 2,3 kg pour les vaches douteuses.  Ceci s’explique par le fait que les vaches hautes productrices sont plus sensibles au risque d’acétonémie. Il aurait été intéressant mais il n’a pas été possible d’évaluer la perte de production des vaches douteuses. Elles produisent plus que les saines, mais elles auraient sans doute pu produire plus de lait si elles n’avaient pas été en alerte.

Il faudrait faire une analyse sur l'évolution des vaches par troupeau pour permettre de prouver une différence dans la production laitière des vaches, entre une phase où elles seraient saines et une phase où elles seraient douteuses. 

        Le risque de problème étant plus élevé sur les vaches hautes productrices, le lien avec la race est pertinent.

       Les vaches de race Prim Holstein sont plus atteintes que les vaches de race Montbéliardes. La proportion de Prim’Holstein douteuses est en moyenne de 33% quand elle est de 25% pour les Montbéliardes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Incidence sur les résultats de taux butyreux et protéiques

Le taux butyreux est très élevé pour les vaches malades : 53,6 g/kg. Il augmente aussi pour les vaches douteuses : 39,9 g/kg contre 36,4 g/kg pour les vaches saines. C’est un bon indicateur de l’amaigrissement des vaches en déficit énergétique. Une partie des réserves adipeuses prélevées pour compenser ce déficit passe directement dans la mamelle. Ensuite, si le déficit est trop important, le foie sature et produit des corps cétoniques qui traduisent une sub-acétonémie et potentiellement une acétonémie clinique.

 

Le rapport TB/TP est un indicateur qui permet d’alerter correctement sur les risques. Ce rapport augmente pour les vaches douteuses : 1,3 contre 1,18 pour les vaches saines. Et il augmente encore davantage pour les malades : 1,72. Les résultats de taux  des vaches saines, douteuses et malades sont cohérents avec les résultats d’acétonémie sur tout la période étudiée.

 

Incidence sur le taux de lactose

Une différence de la quantité de lactose dans le lait est observée entre les trois groupes : le lactose est diminué chez les douteuses et encore plus chez les malades, ce qui semble cohérent avec le fait que les vaches atteintes ont un déficit en glucose. Il existe un lien direct entre lactose et acétonémie. D'après Fischer et al. (1973), il semblerait que le niveau de lactose dans le lait ne devrait diminuer qu'en cas de carence majeure en glucose et donc dans des cas d'acétonémie plutôt sévères, ce qui est tout à fait cohérent avec les résultats observés.

 

Incidence sur les résultats de taux cellulaires

Sur l’ensemble de la période étudiée, les taux cellulaires des vaches douteuses ont toujours été supérieurs de 118 milliers à ceux des vaches saines.

La moyenne est de 271 milliers de cellules pour les vaches saines alors qu’elle est de 389 milliers pour les vaches douteuses.

L’acétonémie sub-clinique montre un affaiblissement des vaches et une sensibilité accrue aux infections.

 

En limitant les facteurs de risque d’acétonémie il est possible de réduire le niveau cellulaire des vaches.

 

 

 

 

 

Influence du type de protocole de contrôle de performance

Deux types de protocoles ont été comparés : le contrôle alterné, traite du matin un mois et traite du soir le mois suivant, et le contrôle sur deux traites, matin et soir chaque mois.

Nous observons une part plus importante de vaches saines en protocole alterné qu’en protocole matin et soir.

Le calcul de la note d’acétonémie prend en compte le taux butyreux exprimé par la vache. Les variations de TB entre le soir et le matin sont importantes.  En protocole alterné, la note d’acétonémie calculée sera donc moins pertinente qu’avec un protocole de contrôle de performance sur 2 traites en 24h.

 

Conclusion

Les résultats de l’étude de la base de données montrent que les vaches douteuses sont  impactées dans leurs résultats de production et de qualité du lait. Elles ont plus fragiles après le vêlage et le risque est important dans les 30 premiers jours de lactation.

En travaillant la préparation au vêlage des animaux, il est possible d’améliorer la production et l’état de santé général des vaches, leur capacité à résister aux pathogènes. Le coût d’une acétonémie est évalué à 250€ (source Génosanté). Donc 30% de douteuses dans un troupeau de 60 vaches, cela représente 4500€ de perte. Il y a donc des gains de revenu à rechercher en mettant en place des actions préventives.

 

Anne Blondel – Acsel Conseil Elevage

Et les étudiants de l’IsaraLyon : Adam Ford, Marine Gaudichon, Mathilde Louis, Sara Weber.

 

Plus d’informations sur l’acétonémie : http://www.fidocl.fr/content/comprendre-et-prevenir-lacetonemie-pour-en-limiter-le-cout

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