Comprendre et prévenir l’acétonémie pour en limiter le coût

L’acétonémie est une maladie métabolique due à une accumulation de corps cétoniques. Un déficit énergétique lié à une sous-alimentation induit une mobilisation des réserves adipeuses. Cette mobilisation a pour conséquence une accumulation de corps cétoniques dans le sang, transformés dans le foie. La période critique pour les vaches laitières se situe autour du vêlage et surtout entre deux et six semaines de lactation.

 

Comprendre pour anticiper

L’acétonémie se rencontre dans trois contextes. Le plus fréquent correspond à l’amaigrissement trop important de vaches avec une note d’état corporelle (NEC) correcte voire basse. Le deuxième contexte touche les vaches grasses au vêlage. Le troisième est dû à la consommation d’une ration cétogène favorisant la production d’acides butyriques dans le rumen, notamment avec de l’ensilage d’herbe humide mal conservé.

 

Des conséquences importantes sur la production et la santé des vaches

Le pic de lactation n’est pas atteint et la persistance de production est réduite. En moyenne, l’acétonémie réduit une lactation d’environ 300 kg. La composition du lait est modifiée. Le TB est augmenté, souvent supérieur à 45 g/kg. Le rapport TB/TP est souvent supérieur à 1,5. Les performances de reproduction sont perturbées. Les premières chaleurs sont retardées. La fertilité est  dégradée. Cela a pour conséquence une augmentation de l’intervalle vêlage-insémination fécondante. Sur l’animal, les autres signes sont un creux marqué du flanc illustrant une baisse d’ingestion notable et une perte de poids associée. Cette situation conduit à une immunité plus faible entrainant une moindre résistance  aux maladies, avec une augmentation des mammites, retournement de caillette, métrites… Le coût de l’acétonémie est élevé et estimé à 250€ par vache atteinte.

 

Les facteurs prédisposant

La productivité laitière rend les vaches plus sensibles surtout au-delà de trois lactations. L’alimentation a un rôle majeur au travers de l’état d’engraissement,  des transitions alimentaires entre fin de gestation et début de lactation, du déficit énergétique autour du vêlage et parfois liée à la distribution d’aliments cétogènes. D’autres facteurs peuvent être à l’origine de l’acétonémie comme un exercice physique réduit, des antécédents sanitaires ou une prédisposition génétique. La guérison peut être spontanée dans 80% des cas. Mais le pronostic vital est parfois engagé pour les cétoses sévères.

 

 

La prévention de l’acétonémie débute au tarissement !

Les animaux à risque sont les vaches trop grasses au tarissement et celles avec un tarissement trop long, gestantes de jumeaux, avortées, à vêlage difficiles surtout sur les génisses, qui ne se délivrent pas ou boiteuses.

Les vaches trop grasses présentent des chutes d’appétit particulièrement fortes en fin de gestation. La lipomobilisation chez ces animaux est plus précoce et plus intense. Une étude (Drackley, 1999) a montré que la consommation alimentaire de vaches grasses Holstein hautes productrices est, inférieure de 18% avant le vêlage, et inférieure de 20% après le vêlage à celle de vaches ayant un état corporel adéquat (NEC ≤ 3,5). Les risques associés sont la fièvre de lait et la cétose hépatique.

La vache en fin de tarissement ne doit pas être grasse. Elle doit consommer, en préparation au vêlage, une ration de densité énergétique élevée (0,85 UFL),  d’environ  15% de MAT et avec un Bilan Alimentaire Cation/Anion (BACA) faible. Le vêlage est un moment de stress important et d’immunodépression systématique exposant l’animal aux affections de tous types. La supplémentation en vitamines A et E est fortement préconisée les jours qui précèdent le vêlage et toute carence en oligoéléments est à éviter.

Ce qu’il faut retenir :

  • Eviter de suralimenter les vaches durant la période de fin de lactation et de tarissement,
  • Mettre en place d’excellentes transitions alimentaires,  notamment autour du vêlage, pour permettre la meilleure adaptation des villosités et de la microflore du rumen.
  • Stimuler une prise d’aliment progressive en fin de tarissement et début de lactation.
  • Atténuer au maximum les perturbations auxquelles sont soumis les animaux comme le changement de lot ou de bâtiment.
  • Contrôler les niveaux de risques de cétose durant les premières semaines de lactation.

 

 

Début de lactation : Gérer le premier mois de lactation

La réussite du premier mois de lactation est source de revenu. La maîtrise de l’alimentation est un facteur clef.

 

Avoir des fourrages « au top »

Pour accompagner les vaches en début de lactation, il faut pouvoir leur distribuer des fourrages de qualité. Cela suppose une gestion des stocks en conséquence.

Atténuer la mobilisation des réserves graisseuses  nécessite  de distribuer des fourrages qui se rapprochent de la valeur énergétique de fonctionnement du rumen, c’est-à-dire 0.90 UFL par kg de MS. La fibrosité et la qualité hygiénique des fourrages sont très importantes pour la rumination et l’ingestion par des animaux. On pourra le vérifier  par le remplissage des rumens à 30 jours.

 

Faire une analyse fine de la ration distribuée à 15 jours

La capacité d’ingestion  de l’animal, à 15j, est réduite à 70% de son maximum. Le taux de concentrés doit se limiter à 30% de la ration : environ 5 kg de concentrés par vache par jour. Respecter  18% de cellulose et 25% de NDF fourrages sur les animaux très productifs. Les différents concentrés doivent apporter de l’amidon, de l’azote dégradable et de l’azote intestinal. L’analyse des pratiques de distribution est indispensable pour  juger de l’efficacité du rationnement sur cette période.

 

 

 

Réfléchir à la conduite

Un box d’isolement permet d’accueillir les animaux à protéger : boiteuse, vêlage difficile,… Le bâtiment doit assurer le confort des animaux au niveau du sol, de l’ambiance, du couchage, des accès à l’auge et à l’eau. La conduite de la reproduction doit s’adapter au niveau de production. L’âge, le gabarit et l’état d’engraissement des primipares au vêlage sont à surveiller. Un bon management de ces leviers sera synonyme de vaches en forme.

 

« GAEC des Myotis

J'ai modifié mes pratiques d’alimentation des vaches taries et fraîches vélées

Comment utilises-tu les données Acétonémie sur Mil’klic ?

Je recherche un objectif de résultats inférieurs à 10% en alerte sur mon troupeau. Au-delà de 25% de vaches alertées, je prends le temps d’identifier le nom des vaches atteintes primipares ou multipares. Sur certaines vaches, je peux réaliser un traitement curatif. Je note précisément le stade où mes vaches commencent à avoir des problèmes d’acétonémie. Ce repérage me permet de contrôler les pratiques de conduite du troupeau qui induisent le démarrage de l’acétonémie.  J’apporte ensuite les corrections nécessaires pour éviter de répéter ce problème. En cas de doute, j’appelle mon conseiller. Nous effectuons, parfois, des analyses complémentaires entre deux passages du contrôle de performance.

Quelles pratiques as-tu mis en place pour limiter le risque d’acétonémie sur ton troupeau ?

J’ai modifié mes pratiques d’alimentation des vaches taries et fraîches vélées. Je contrôle l’alimentation durant tout le tarissement pour préparer le rumen avant vêlage. En début de lactation, je surveille particulièrement le niveau énergétique de la ration à chaque saison. Au niveau de la conduite des vaches taries et fraîches vélées, j’ai modifié le confort des vaches en préparation : elles sont sur aire paillée spacieuse au calme proche du reste du troupeau. C’est pour elles moins de stress et de déplacement.

Au début, il est important de se faire épauler par son conseiller pour l’utilisation des résultats et pour faire le point sur les actions préventives possibles. C’est ainsi que je peux mettre en place des actions adaptées à la situation et surtout à la taille du troupeau !

 

Propos recueillis par Eric Bertrand FIDOCL Conseil Elevage