Alimentation et Agriculture biologique

Les enjeux de la nutrition reposent sur les fourrages.

Les fourrages bio doivent être appétents.

Les bases du rationnement sont les mêmes qu’en agriculture conventionnelle. Deux conditions doivent être respectées afin d’avoir de bons résultats, l’autonomie fourragère et la qualité des fourrages.

Produire en quantité suffisante

En agriculture biologique, les rendements fourragers sont inférieurs aux systèmes traditionnels mais viser l’autonomie fourragère doit être un objectif. La mise en place du système fourrager doit être en parfaite cohérence avec les exigences du cahier des charges, le potentiel des sols et les compétences de l’éleveur. Il n’y a pas de système ou de culture « miracle », mais la mise en œuvre de rotations assez longues, associées à la culture de légumineuses, est un gage de réussite. Si la culture du maïs disparait très souvent des exploitations lors du passage en bio, sa culture n’est pas impossible. Elle peut permettre de produire un fourrage énergétique très utile dans les rations, en complément des légumineuses.

Rechercher la complémentarité des fourrages

Le prix et la valeur nutritive des aliments concentrés disponibles sont dissuasifs pour une utilisation importante dans les rations. Du coup, une alimentation performante dépend très étroitement de la qualité et de la complémentarité des fourrages produits sur l’exploitation. L’utilisation d’une flore variée, l’exploitation au bon stade avec des techniques de récolte respectueuses du fourrage sont déterminant sur le niveau des rations. Si l’utilisation du séchage en grange est intéressante en agriculture biologique, des rations performantes peuvent être réalisées avec de bons ensilages d’herbe ou de bons enrubannages.

Yves Alligier, Contrôle Laitier de la Loire

   Rappels du cahier des charges

Au moins 50% des aliments proviennent de l’unité de production elle-même ou, si cela n’est pas possible, ils doivent être produits en coopération  avec d’autres exploitations biologiques principalement situées dans la même région. Dans ce cas, un contrat doit formaliser la coopération afin d’assurer la traçabilité de l’origine biologique et régionale.  
•  Les veaux sont nourris au lait maternel, de préférence à d’autres laits naturels, pendant une période minimale de 3 mois. 
•  Le système d’élevage doit reposer sur une utilisation maximale des pâturages. 
•  Au moins 60 % de la matière sèche composant la ration journalière provient de fourrages grossiers, frais, séchés ou ensilés.  
•  Pour les vaches laitières, ce taux peut être ramené à 50% de la ration journalière pour une période maximale de 3 mois en début de lactation. 
•  La quantité maximale de concentrés autorisée dans la ration journalière est de 40% de MS (à l’exception des 3 premiers mois de lactation conformément au point ci-dessus). 
•  L’incorporation dans la ration alimentaire d’aliments en conversion (en 2ème  année) est autorisée à concurrence de 30 % de la formule alimentaire moyenne. Lorsque ces aliments sont issus d’une unité de l’exploitation même, ce chiffre peut être porté à 100%. 
•  L’utilisation de fourrage en 1 ère  année de conversion, issus de l’exploitation, ne peut excéder 20% 
de la formule alimentaire moyenne. Le cumul d’aliments en 1 ère et 2 ème  année de conversion, issus de l’exploitation, peut atteindre 100%. 
•  Les OGM sont interdits. 
•  L’utilisation de facteurs de croissance et d’acides aminés de synthèse est interdite.  
•  Les minéraux autorisés (cf Annexe V-3) 
•  Les compléments alimentaires, vitamine, Oligo-éléments (cf Annexe VI)
 Les vitamines : Elles sont issues des aliments des animaux.  

Un site à visiter

<< Gaec de l’Arbiche, Grammond (42)

En bio, trouver un système cohérent.

Les fourrages : la clef de la réussite

Pour vous, quel est le facteur le plus important à maîtriser en agriculture biologique pour garder une bonne efficacité économique ?

Sur mon exploitation, avec 4000 litres de lait / ha, le plus dur est d’obtenir l’autonomie fourragère. Avec des années de sécheresse, les ressources fourragères s’en sont trouvées limitées. Depuis la mise en place de rotation sur les ¾ de la surface les rendements se sont améliorés. Je mets en place des prairies composées de mélanges Suisses très riches en légumineuses que je laisse 3 à 4 ans et je sème ensuite deux années de céréales (triticale - blé et un peu de pois).

Comment alimentez-vous votre troupeau?

En priorité je valorise le pâturage, je lâche tôt et je fais consommer de l’herbe jeune, au printemps les réalisables flirtent avec les 8000 litres. Je mise sur une période de pâture la plus longue possible avec, si nécessaire, un complément fourrager. Pour des raisons de temps de travail je vais remplacer cette année l’enrubannage par de l’ensilage d’herbe récolté à l’auto chargeuse. Je distribue le mélange enrubannage, foin et céréales, tous les deux jours avec une mélangeuse achetée en CUMA. Cela me prend peu de temps et combiné avec l’utilisation du maïs grain, les problèmes d’acidose sont résolus.

Vous réalisez des achats à l’extérieur ?

Oui j’achète chaque année une douzaine de tonnes de VL 28 et 6 tonnes de maïs grain que je mélange aux céréales qui sont distribuées au DAC, en plus des 2 kg de triticale que je mélange à la ration. La distribution de maïs grains en début de lactation m’a permis d’améliorer l’état sanitaire du troupeau et d’augmenter le TP. Les fourrages bio doivent être appétents. En bio, trouver un système cohérent. >>

Propos recueillis par Yves Alligier

Cournon 2009 Spécial Nutrition

 

 

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