Une passoire et un tamis : 2 outils simples pour apprécier une ration

La bouse est le reflet de la digestion. Elle renseigne sur l’équilibre de la ration. Le  tamis secoueur ITCF permet de vérifier et d’observer la structure et la composition du maïs fourrage 

Les principaux éléments du savoir-faire vous sont présentés.  

La bousologie, une science mettant en avant la vue et le toucher.

Elle consiste à observer la consistance des bouses mais aussi le non digéré, visible et palpables.
En principe, tous les éléments de la ration doivent être digérés. En rinçant la bouse dans une passoire, on évalue le degré de la digestion et de la rumination.
Il n’y a pas de normes chiffrables pour appréhender cette méthode. L’observation et le toucher sur la composition et le volume des résidus  peuvent  établir un premier diagnostic.
Une belle bouse s’étale très peu. Elle a un diamètre de 30 cm environ pour quelques centimètres de hauteur. Elle est constituée de deux ou trois cercles concentriques. En son centre, on observe un cratère. Elle est homogène et plastique. Quant elle tombe, elle ne salit pas l’arrière de la vache. Elle ne contient pas de fibres supérieures à 5 mm et de grains.
La bouse d’un transit bien ralenti, c’est zéro résidu. En savoir plus sur la bousologie, cliquer ici.

L’évaluation du degré de sécurité de l’ensilage maïs est important. 

Le tamisage du maïs ensilage objective le côté sécuritaire du fourrage.

Un bon hachage, c’est un ensilage contenant :
- moins de 2 % de particules à 2 cm, (particules indésirables favorisant l’échauffement d’un silo)
- 15 à 20 % entre 1 et 2 cm, particules coupées nettes permettant une activité masticatoire
- 45 à 50 % entre 0,5 et 1 cm, particules contenant notamment des grains éclatés 
- 30 à 35 % < à 0,5 cm , particules fines ayant une énergie hautement dégradable 
Ce compromis, bonne proportion des particules, la netteté de la coupe et grains éclatés contribuent à la valorisation du maïs ensilage.
Ces règles doivent être en lien avec le type de rationnement.
On aura tendance à conseiller un hachage grossier pour une alimentation à base d’ensilage de mais. Ceci dans le but d’optimiser la structure de la ration et d’éviter tout problème d’acidose.
La taille des particules dépend aussi du niveau de matière sèche de la plante. Un fourrage à 35 % de MS doit être coupé fin et régulier de façon à améliorer sa conservation (tassement facilité et vitesse de fermentation rapide). Au contraire, à 28 % de MS et une plante encore verte, le maïs peut être haché plus gros. Sa forte teneur en sucres solubles assura la fermentation rapide du silo. 
 
Alexandre Batia, Contrôle Laitier du Rhône 
 
<< Gaec de la Visette, Ville-sous-Anjou (38) 
 

En alimentation, pouvoir anticiper 

Le tamisage de la ration et l’ observation des bouses sont deux outils qui m’aident à réagir rapidement et à caler mes rations. 

 

La tranquilité passe par une ration saine. 

Comment l’observation des bouses intervient dans l’alimentation de votre troupeau ? 

J’observe au quotidien l’aspect des bouses de mes vaches, à la traite ou en nettoyant les logettes. Avec mon contrôleur, Vincent Bouchut, régulièrement, nous tamisons plusieurs bouses pour observer les fibres restantes, l’importance des grains de maïs et leurs digestions.
Souvent cela confirme un diagnostic. Ce printemps, je n’avais plus d’herbe dans ma ration. Les bouses étaient plus liquides, plus jaunes que d’habitude avec du grain non digéré. En tamisant les bouses, on a vite décelé une sub-acidose sur le troupeau. Avant que la situation ne s’aggrave, et n’ayant pas de bon foin à disposition, j’ai passé commande de luzerne brin long.  

Le tamisage du maïs à la récolte est-il tout aussi important ? 

Depuis plusieurs années, nous sommes très attentifs à la qualité de coupe du maïs. Lors du chantier, j’observe les premières remorques pour préciser la matière sèche et décider de la taille de coupe. Je surveille aussi régulièrement l’éclatement du grain et la netteté de la coupe. C’est la nourriture de l’année qui se joue là ! On n’a pas le droit à l’erreur. Entre réaliser un tas ou un ensilage de maïs, il faut choisir.
Après à l’ouverture des différents silos, on tamise avec mon contrôleur laitier le maïs distribué aux laitières pour visualiser la qualité de la coupe et prendre en compte l’existence d’un critère à surveiller (grain peu éclaté ou maïs trop fin notamment). On anticipe sur les problèmes à venir. Après, les bouses confirmeront ou non les ajustements de ration. »
 
Propos recueillis par Vincent Bouchut Contrôle Laitier de l’Isère 
Cournon 2009