Acheter des chevrettes, un choix à ne pas prendre à la légère

L’achat de chevrettes est un choix technique. Il doit être réfléchi et raisonné à l’avance, selon plusieurs critères : origine, statut sanitaire, date de mise-bas des mères et système alimentaire. 

 
 
 
 

Prendre le temps de la réflexion

La création ou l’évolution d’une exploitation, c’est avant tout un projet qui se prépare dans le temps. Avant tout achat, il est nécessaire de réfléchir aux différents points importants ; à savoir le transport et le type de conditionnement, ainsi que l’accueil dans le bâtiment d’arrivée (main d’œuvre, vide sanitaire, place disponible, isolation…).
Etablir des relations au préalable avec les éleveurs naisseurs est primordial, pour se renseigner sur les conditions d’élevage chez eux (écornage ou non, système d’allaitement…) et se mettre d’accord sur le stade d’arrivée des chevrettes.
 

Etudier les  bonnes  raisons de cet achat 

Un achat d’animaux est une des réponses possibles aux évolutions d’une exploitation, mais il existe souvent plusieurs alternatives : reprise d’un troupeau existant, achat d’animaux, élevage de chevrettes, optimisation de la production par chèvre, insémination, gestion des saillies en lots ou monte en main, …
 

Ne pas acheter des maladies

Avec l’achat d’animaux, il faut prendre en compte le risque sanitaire de mélanger deux troupeaux et ainsi perturber le microbisme existant, auquel les animaux sont « habitués ». 
Il faut déjà connaître  précisément les maladies que l’on a chez soi.
 
Personne n’étant indemne de tout, il faudra chercher une adéquation entre l’état sanitaire du cheptel vendeur et celui de l’acheteur, pour ne pas pénaliser la production (ecthyma, mycoplasmes, abcès caséeux, mais aussi parasites, en plus des maladies Légalement Réputées Contagieuses). Pour cela, il ne faudra pas hésiter à consulter le carnet sanitaire du vendeur et réaliser des analyses ( lait  ou sang). 
Pour mettre toutes les chances de son côté dans l’élevage de chevrettes issues de l’extérieur, il est nécessaire de respecter quelques règles d’or :
• Date de naissance en cohérence avec mon système ;
• Lot homogène, du même âge et idéalement issu d’un unique élevage ;
• Système alimentaire en adéquation avec le mien.
 
D’une manière générale, il est préférable d’acheter des jeunes animaux de moins de quinze jours, en veillant à ce qu’ils soient isolés des mères et du reste du troupeau dès la naissance et nourris avec du colostrum de l’élevage acheteur.
 
 
Perrine Weller, Ardèche Conseil Elevage
 
 
 
« Les Cabres, Mars (07)

Choisir un seul élevage d’origine 

Notre principal choix au départ s’est tourné vers une seule origine de provenance. Nous avons contacté des éleveurs des Deux Sèvres, car nous recherchions 220 chevrettes et 10 boucs, nés à l’automne, avec un potentiel génétique et un statut indemne de CAEV.
Toutes ces conditions étaient réunies dans l’élevage que nous avions choisi. Avec des mise-bas difficiles et de la mortalité dans le premier mois l’élevage ne pouvait nous fournir que 120 chevrettes.
La question qui se pose à ce moment là est d’ordre sanitaire, car mélanger 100 chevrettes aux 120 autres est un très grand risque.
Economiquement, nous ne pouvions pas nous permettre de démarrer avec un effectif réduit de moitié, donc nous avons recherché un autre élevage qui répondait à nos critères de départ.
Tel n’a pas été le cas, nous avons donc dû chercher dans l’urgence et introduire des chevrettes nées avec un mois d’écart.
 

Chevrettes… futures chèvres

Avec une gestion en lots et un contrôle de croissance régulier, nous avons pu homogénéiser le troupeau, mais cela n’a pas été une mince affaire et nous avons été obligés de décaler la reproduction pour rattraper le retard de croissance observé.
Aujourd’hui, les chèvres entament leur première lactation à 4 kg. Leur descendance est prometteuse car les saillies ont été gérées en lots avec des boucs issus d’insémination.
Nous adhérons d’ores et déjà à Capgènes et ferons inséminer nos meilleures chèvres en juin pour éviter la consanguinité avec les pères de notre première génération.
Que l’on achète ou qu’on élève ses propres animaux, il n’y a pas de mystère dans la réussite de l’élevage des chevrettes, il faut beaucoup de présence et d’observation tout au long de la croissance.   »
 
Propos recueillis par Perrine Weller, Ardèche Conseil Elevage

 

Pour aller plus loin sur ce sujet, consultez notre article sur l'élevage des chevrettes ou sur la croissance des chevrettes

 

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