Zoom sur les résultats économiques des élevages robotisés

Le coût de production de l’atelier lait est un outil qui permet de mesurer la capacité de cet atelier à dégager du revenu et à rémunérer la main d’œuvre qui lui est affectée. Ces chiffres nous permettent de vérifier la cohérence entres les charges (opérationnelles et de structure) et les produits dégagés, pour un exercice comptable donné.

 

 

Dans cet article, nous allons chercher à comprendre ce qui pèse le plus dans les résultats d’un échantillon d’éleveurs robotisés depuis moins de 2 ans en moyenne. Ils sont comparés aux résultats des élevages de type ensilage herbe et maïs qui sont les plus proche sur le plan technique (hors traite). Ainsi, il sera plus simple de mettre en évidence les postes à surveiller dans les troupeaux robot.

Ces chiffres sont issus de 19 élevages robotisés depuis 2011 (en moyenne) des départements de l’Isère, de l'Ain, de la Loire, la Drôme, la Haute Savoie et la Saône et Loire.

 

 

Des moyennes qui « cachent » une grande disparité sur la rémunération du travail

Ce tableau nous montre que les rémunérations permises par le lait sont plus dispersées que pour les élevages dits « conventionnels ». En clair, des élevages robot ne dégagent aucune rémunération (0,1 smic/UMO) pendant que le quart supérieur fait mieux (1,5 smic/UMO) que le groupe hors robot (1,3 smic/UMO). Le fait que l’échantillon du groupe robot porte sur des élevages avec un investissement récent et que certains changements n’aient pas encore portés leurs fruits peut expliquer cette différence en partie.

 

 

Les charges alimentaires et bâtiment pèsent lourd dans le coût de production 

On peut noter une différence de 27€/1000 l en plus pour le groupe robot sur le seul poste des concentrés et minéraux, et ce malgré une productivité supérieure de plus de mille kilos de lait par vache. Nous pouvons expliquer cela par une moins grande présence du pâturage dans l’échantillon robot. Il y a aussi du concentré supplémentaire pour « attirer » les vaches dans la stalle pour se faire traire, voire même l’utilisation d’aliments dit « technique » avec un surcoût important. Par exemple : un aliment type VL 20 « robot », utilisé à 2 kg de moyenne/VL/jour et coutant 80€/T de plus qu’une VL 20 classique, explique à elle seule un surcoût de 13€/1000l avec une production de 9000 kg.

Le poste bâtiment est également de 16€ supérieur au groupe non robotisé, à cause du niveau des amortissements (investissements récents) et des coûts de fonctionnement des stalles robotisés plus élevés en eau et électricité.

 

La productivité de chaque stalle robotisée influence beaucoup les résultats

L’échantillon analysé ici se trouve à 488000 Kg de lait /stalle, ce qui est juste en dessous des 500000 Kg de lait que l’on doit avoir comme objectif lors de l’installation des robots. Ce seuil permet de diluer les charges de structure comme le bâtiment, la mécanisation. Il est donc important de ce point de vue là d’être proche de la saturation de chaque stalle en place. Nous observons parfois que les éleveurs ont tendance à « décharger les stalles » pour apporter de la souplesse au fonctionnement du robot, mais ceci à un coût qui doit être compensé par une économie de charges sur un autre poste.

 

Le robot permet plus de lait par unité de main d’œuvre (UMO)

Les exploitations du groupe robot produisent plus de céréales de vente (+ 36 ha) et vendent plus de lait (+ 112 000 l). On peut expliquer cela par le fait que la main d’œuvre dégagée par le robot est transférée vers l’atelier céréales. Cela engendre une productivité de la main d’œuvre à l’échelle de l’exploitation supérieure de 50 000 €/UMO. Le coût de la main d’œuvre de l’atelier lait s’en trouve diminué de 31€/1000l.

 

Allier revenu et robot

Certains éleveurs arrivent à dégager du revenu en système robotisé, en exploitant au mieux cet outil de travail, mais sans « déraper » sur la conduite du troupeau et notamment  l’alimentation.

Il sera intéressant de revoir ces chiffres sur un échantillon plus important et avec des installations amorties quand le poids des annuités sera moins important.

Cet article ne traite que de données technico-économiques chiffrées de manière quantitative.

On pourrait tout aussi bien parler du confort que cet investissement apporte à l’éleveur qui est difficilement chiffrable et qui n’apparaît pas dans cet article.

Chaque exploitation fait le choix ou non du robot pour plusieurs raisons (départ d’un associé, développement de l’atelier lait, pari sur l’avenir, etc…), il convient à chacun de peser le pour ou contre avant de franchir le pas.

 

Jérôme Bonin, ACSEL Conseil Elevage pour le groupe Robot FIDOCL Conseil Elevage- Tableaux réalisés par Jean-Philippe GORON Isère Conseil Elevage.

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