Utilisation des seuils de taux cellulaires en élevage

Le groupe Qualité du Lait de FCEL (France Conseil ELevage) a réalisé dernierement un rappel sur les objectifs d’utilisation des indicateurs épidémiologiques et sur les seuils de Concentration Cellulaire utilisés habituellement en conseil sur la qualité du lait. Cela permettra à chacun de mieux interpréter les taux cellulaires de ses vaches, ainsi que la moyenne du troupeau.

 

 

1/ Les 300 000 et 800 000 cellules à l’échelle de l’individu :

Les seuils de 300 000 et 800 000 cellules ont été développés en France suite aux travaux de  F. SERIEYS (1985).  Ces résultats montrent qu’à un instant T :

- Chez les animaux non infectés par un pathogène majeur (PM), 93% ont une Concentration Cellulaire Indivividuelle (CCI) inférieure à 300 000 cellules/mL.

- Chez les animaux infectés par un pathogène majeur, 27% de ces animaux ont une CCI inférieure à 300 000 cellules/mL, et 31% ont une CCI supérieure à 800 000 cellules/mL.

Le seuil 300 000 cellules/mL discrimine donc bien un animal non infecté par un pathogène majeur d’un animal infecté par un PM (93% des animaux avec un CCI < à 300 000 cellules sont non infectés par un pathogène majeur).

Le seuil de 800 000 cellules est quant à lui intéressant à un instant T pour trier les animaux à fort niveau de CCI,  mais il ne permet pas de statuer sur le type de bactérie impliquée dans l’infection de l’animal (Pathogène Majeur vs pathogène mineur).

 

 

2/ L’utilisation de seuil à l’échelle du troupeau :

- Le seuil de 300 000 cellules permet au niveau troupeau d’estimer un nombre d’animaux infecté par un pathogène majeur.

En effet le nombre d’animaux dont les CCI<300 000 cellules (B) permet de s’approcher au plus proche du nombre réel d’animaux non infectés par un PM (A) en tenant compte à la fois des faux positifs (infectés par un PM mais <300 000 cellules) (C)  et des faux négatifs (>300 000 cellules mais non infectés par un PM) (D). 

Le %CCI<300 000 cellules permet donc à un instant T (à un mois donné par exemple) d’évaluer au plus proche le niveau d’infection d’un troupeau et donc de suivre l’évolution de ce niveau d’infection mois après mois.

 

 

 

En dynamique, à l’échelle de la lactation les résultats sont similaires:

En effet on constate que :

- 97% des animaux avec des CCI toujours <300 000 cellules sont non infectés durablement par un pathogène majeur.

- 68 % des animaux infectés par un pathogène majeur ont eu au moins deux CCI >300 000 cellules dont un >800 000 cellules. Seulement 8% des animaux infectés par un
pathogène majeur ont toujours des CCI <300 000 cellules.

Que se soit en analyse instantanée (1 CCI à un moment T) ou  de diagnostic (série de CCI successives), ces seuils sont d’un interet certain  pour statuer sur le statut épidémiologique d’un animal.

 

 

 

 

 

3/ Les seuils utilisés aujourd’hui : leurs objectifs, leurs utilisations, leurs failles…

Les seuils de 300 000 et 800 000 cellules ont 2 objectifs :

- Ils permettent au niveau du troupeau d’estimer le nombre d’animaux infectés par un pathogène majeur à un instant T.

- Ces seuils permettent, au niveau individuel et avec un historique, de préciser le statut infectieux de manière dynamique grâce à la classification SDI, respectivement « saine/douteuse/infectée ».

S = Un animal Sain est un animal avec tous les CCI depuis de début de lactation en dessous de 300 000 cellules. L’utilisation  du mot ‘Sain’ est toutefois discutable car comme nous venons de le préciser précédemment (cf partie 1) il faudrait parler de  ‘Non infecté durablement par un pathogène majeur’.

D = Un animal Douteux est un animal ayant eu depuis le début de sa lactation une CCI au dessus de 300 000 cellules et moins de 2 CCI au dessus de 800 000 cellules.

I = Un animal Infecté est un animal ayant eu depuis le début de sa lactation deux CCI au dessus de 800 000 cellules. De même que l’utilisation du mot « sain », l’utilisation du mot « infecté » est discutable dans ce cas,  puisqu’un animal peut-être infecté en dessous de ce seuil.         

Comme nous venons de le voir, ces seuils montrent des limites. Par exemple ils ne permettent pas de statuer sur le statut épidémiologique de l’animal (infection par un pathogène mineur vs infection par un pathogène Majeur)  et sur l’aspect réellement sain d’un animal que ce soit de manière instantanée ou de manière dynamique.

 

Samuel BOUCHIER - Isère Conseil Elevage

Pour en savoir plus sur ce sujet, téléchargez la suite du communiqué du Groupe Qualité du Lait FCEL

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