Témoignages d'éleveurs sur l'engraissement des cabris à la ferme

Plusieurs témoignages d'éleveurs ont été recueillis autour de l'engraissement des cabris à la ferme. Vous retrouverez dans cet article les témoignages du GAEC Elevage du Serre (07), EARL Les Alpines du Lac (69) et Gaec Chèvrerie de Chomaise (07).

 

« GAEC Elevage du Serre, 3 associés, 100 chèvres Saanen, Ribes (07)

« 130 chevreaux engraissés cette année, essentiellement vendus en direct »

Depuis 2010, le GAEC Elevage du Serre engraisse environ 80 chevreaux. Cette année, 130 chevreaux ont été engraissés, avec des circuits de vente qui ont dû être réorganisés à cause de la Covid 19.

 

Comment sont élevés les chevreaux ?

Les mises-bas ont lieu en février. Les chevreaux destinés à l’abattage sont élevés au lait de chèvre. Le lait est distribué à volonté grâce à un distributeur automatique. Les chevrettes de renouvellement sont élevées au lait en poudre pour des raisons sanitaires.  Nous pesons régulièrement les chevreaux pour qu’ils partent à l’abattage à 18kg (en moyenne à 50j). Le poids carcasse moyen est de 10,6 kg. L’abattoir est à 30 min de la ferme, nous faisons nous-même la découpe et la mise sous-vide dans un atelier de découpe que nous louons 1j par semaine.

 

Quels sont vos circuits de commercialisation ?

Habituellement nous vendons localement à des bouchers, restaurants et un magasin de producteurs. Avec la Covid, nous avons perdu des débouchés, ce qui nous a inquiété au début. Finalement la vente directe a très bien marché. Nous y avons vendu 75 % de nos chevreaux (via le magasin de producteurs, livraisons et drive) et 25% à des bouchers du secteur.

 

Sous quelles formes vendez-vous les chevreaux ?

Mis sous vide, le chevreau est vendu en magasin de producteur à la pièce, et entier ou en demi-carcasse pour la vente drive/livraison. Pour la vente en boucherie, les bouchers récupèrent directement les carcasses à l’abattoir.

 

Quel bilan tirez-vous ?

Nous sommes satisfaits car même si la charge de travail est importante pendant deux mois, cela aide à la gestion des volumes de lait en fromagerie à un moment où il y a beaucoup de lait. Nous sommes fiers de vendre un produit fini et de faire découvrir la viande de chevreaux. Nous pensons continuer sur cette voie l’an prochain.

 

Propos recueillis par Camille Lemoine, Adice

 

« EARL Les Alpines du Lac, 2,5 UTH, 100 chèvres Alpines, fromager, Montromant (69)

Engraissement des chevreaux sous les mères : un moyen de mieux valoriser le chevreau et d’écrêter le pic de production

Benoit et ses associés ont décidé de faire du chevreau de boucherie un produit à part entière de l’exploitation. Objectif : valoriser un produit de qualité tout en étant économiquement rentable.
 

Comment valorises-tu tes cabris ?

Sur les 120 chevreaux nés, 50 (chevrettes et boucs) sont destinés au renouvellement et à la vente de reproducteurs, le reste est engraissé. De Pâques à mi-mai, 3-4 fois/an, je les emmène à l’abattoir puis les découpe moi-même. Ils sont commercialisés en viande fraîche, au détail ou en caissette.

 

Pourquoi as-tu choisi de les engraisser ?

Ma réflexion est partie du constat que la filière ramassage et engraissement des cabris n’avait pas un avenir certain et des objectifs réfléchis. De plus, au magasin de producteurs mes clients m’en réclamaient, j’estimais donc que j’avais un potentiel de vente. J’avais aussi envie de faire découvrir cette viande qui n’est pas assez mise en valeur et qui fait partie de mon exploitation.

J’ai accès à un atelier de découpe en prestation. Je n’avais donc pas d’investissement supplémentaire à prévoir. À la suite d’une formation hygiène et conseil auprès de bouchers, je me suis lancé dans cette aventure.

 

Comment sont élevés les chevreaux ?

Par souci de faire un produit de qualité et en accord avec mes objectifs d’élevage et de vente les cabris sont élevés sous les mères. L’objectif est de faire du cabri lourd de 10 kg de carcasse minimum. Ils sont élevés pendant environ 2 mois. Pendant cette période, les mères passent à la traite une fois par jour.

Le fait que les cabris soient élevés sous les mères ne réduit pas forcement la charge de travail mais cela me permet de réduire mon travail en fromagerie en écrêtant mon pic de production. Cela me permet aussi d’avoir plus de place en nurserie pour l’élevage des chevrettes de renouvellement.

 

Quel bilan tires-tu ?

Cela m’a demandé une réflexion sur l’organisation mais aujourd’hui je ne reviendrais pas en arrière. Cela m’a permis de fidéliser la clientèle en faisant un produit de qualité. Le chevreau est maintenant un produit à part entière de l’exploitation et économiquement rentable.

Au niveau de la filière, par région ou petite zone, il faudrait mener une réflexion collective sur le nombre de cabris et sur la façon de le valoriser. De plus il faut mieux communiquer sur le produit pour que cela devienne un produit reconnu et apprécié.

 

Propos recueillis par Séverine Fontagnère, Rhône Conseil Elevage

 

« GAEC Chèvrerie de Chomaise à Préaux (07)

Simplifier au maximum pour un engraissement de chevreaux réussi

Jean-Philippe et Rolande Fourel élèvent 160 chèvres alpines en système mixte livreur/fromager, avec un atelier complémentaire de vaches allaitantes.

 

Notre souhaitons valoriser le lait non commercialisable et optimiser la surface disponible pour l’élevage des jeunes. La plupart des chevreaux part à 8 jours chez un engraisseur. Nous en gardons entre vingt et trente pour un boucher local. Ils sont conduits comme les chevrettes de renouvellement. Nous faisons quatre à cinq lots, une pesée tous les quinze jours pour réalloter par poids et vérifier la croissance des chevreaux d’engraissement.

Nous sommes satisfaits de notre façon de faire : une mortalité quasi-nulle, un GMQ de 200g pour des animaux partant à 6 semaines avec un poids vif de 15 à 20 kg. La période de mises bas en février nous épargne du problème des mouches. A part l’aller-retour à l’abattoir 3x/an, rien n’est fait spécifiquement pour les chevreaux de boucherie. Avec 90 têtes maximum pour 65m2 d’aire paillée, les 0,5m2/chevreau sont respectés. La première buvée se fait au colostrum de leur mère. Ils passent au multi biberon avec du lait de mélange de moins de 7 jours, puis à la poudre de lait à la louve à partir du huitième jour. Pour faciliter l’apprentissage de la tétée à la louve, nous utilisons la même tétine qu’au multi-biberon.

La saison 2020 a évidemment été particulière. La crise du Covid-19 a entraîné une fermeture de marchés pour notre boucher qui a réduit ses commandes. Nos chevreaux de boucherie sont partis avant le début du confinement, mais nous sommes inquiets pour les saisons à venir, pour nous et pour toute la filière.

 

Propos recueillis par Alessio Moro, Adice

 

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