Question d'éleveur: Pour améliorer l’autonomie alimentaire de ma ration je pense donner de la graine de soja à mes vaches laitières. Quelles précautions je dois prendre ?

Réponse d'Anne Blondel, Ain-Saône et Loire Conseil Elevage parue dans l'Eleveur laitier, N° 202, mai 2012

La graine de soja crue peut être distribuée aux vaches laitières en remplacement partiel du tourteau. Assurer une autonomie protéique totale sera difficile avec des rations tout ensilage de maïs, le seuil d’incorporation optimum étant limité à 2 kg. Pour des rations comportant plus d’herbe ou de la luzerne, l’autonomie presque totale est envisageable pour couvrir jusqu’à 24 kg de lait.

Les valeurs alimentaires (Inra 2002) sont  de 1,08  UFL,  215 PDIN  et  76 PDIE. Le taux de matière grasse contenue dans la graine crue, autour de 23%, explique la valeur énergétique élevée. Ces UFL vont être favorables au stockage corporel mais avec peu d’utilité dans le rumen. Cela se traduit par un niveau de PDIE  faible.

La teneur en lipides est une des limites à l’incorporation de la graine de soja crue. La ration totale ne doit pas dépasser 4 % de matières grasses par kg de MS. Au-delà on observe une diminution de l’appétence, de l’ingestion et du TB.

 En fonction de la composition en fourrages de la ration, la quantité totale de graines peut donc varier. Avec une ration 1/3 herbe 2/3 maïs, le taux de MG total sera moins limitant qu’avec une ration tout maïs par exemple.

La conservation des graines de soja ne pose pas de problème particulier. Elles peuvent être broyées ou aplaties sans difficultés.

Un optimum avec 2 Kg de graines crues.

Des essais ont été conduits à la ferme expérimentale du domaine d’Ognoas (Landes)  de 2003 à 2005. Différentes quantités d’incorporation de graines de soja dans des rations à base d’ensilage de maïs ont été testées (2, 4 et 6 Kg). Un complément en tourteau de soja tanné était apporté pour améliorer le niveau des PDIE. L’optimum technique a été obtenu avec 2 Kg. Le taux de matière grasse de la  ration totale atteint déjà 3,5%. Au-delà, avec 4 ou 6 kg,  les performances laitières chutent.

Le taux protéique n’est pas affecté par la graine de soja crue dans ces essais jusqu'à 4 kg.

Le taux butyreux diminue dès l’incorporation de 2 kg  et très fortement au-delà de 4 kg. Cela peut être intéressant dans certaines situations. Parallèlement, le profil des acides gras produits s’améliore sur le plan nutritionnel. Les taux d’insaturés et d’oméga 3 augmentent légèrement mais sans atteindre ceux de la graine de lin ou de colza.

Intérêt agronomique du soja

La culture du soja, comme tous les protéagineux est avantageuse sur le plan agronomique. Les besoins en engrais sont faibles et les restitutions azotées sont favorables à l’implantation d’une céréale à la suite de la récolte.  La graine de soja, si elle est produite par l’exploitation, va permettre un apport de protéines de type « soja de pays », sans OGM.  Cela peut répondre à des problématiques de respect de cahiers des charges.

En substituant 1kg de tourteau de soja acheté par 2 kg de graines, l’économie possible est de 10 tonnes d’aliment pour 200 jours d’hiver. Avec un prix du tourteau de soja élevé (supérieur à 360€/tonne), la rentabilité économique est atteinte rapidement. Il faut toutefois ajouter du tourteau tanné avec certaines rations.

L’intérêt économique est donc à réfléchir en fonction de la structure globale de l’exploitation.