Maitriser ses charges alimentaires, un poste clé en traite robotisée

Lors d’une réunion du groupe d’éleveurs robot de l’Isère et de la Drôme l’année dernière, nous avons constaté que les charges alimentaires étaient très variables d’une ferme à l’autre. Les coûts HFPE (Hors Fourrages Produits sur l’Exploitation) s’échelonnent de 66€/1000L à 104€/1000L, soit presque du simple au double. Les éleveurs ont donc émis le souhait de travailler sur les charges alimentaires. Nous allons voir plusieurs points pour maitriser les coûts.

 

 

 

La comparaison de résultats montre une amplitude importante de résultats économiques

Ajuster les quantités de propylène

L’ajout de propylène est facilité au robot avec l’utilisation de la pompe, exit la bouteille et la contention difficile de l’animal. Le revers, c’est que les quantités de propylène utilisé explosent par rapport à avant la mise en route. Il convient donc de faire attention à la qualité et aux quantités utilisées, si vous l’estimez nécessaire. Il faut privilégier un produit avec le maximum de monopropylène glycol, substance clé pour limiter l’acétonémie. Ensuite, il faut bien réserver ce produit aux animaux qui en ont besoin (vaches dans les premiers jours de lactation, vaches faibles, vaches en acétoménie). Nous avons travaillé avec les éleveurs du Gaec les 13 Fontaines à Brézins sur la complémentation en propylène.  Nous avons limité les quantités et surtout distribué uniquement au cas par cas. L’éleveur paramètre cet aliment juste pour les vaches qu’il estime en avoir besoin et réajuste chaque semaine. Il est ainsi passé de 10L/j à 5L/j. Cela représente une économie de 6000€/an.

 

Quels concentrés distribuer ?

Lors de la mise en route d’un robot, il est fréquent que, pour se rassurer, les éleveurs utilisent un aliment ‘spécial robot’ à l’appétence renforcée et qui descend bien dans les descentes. Les aliments ‘spécial robot’ sont bien souvent plus chers que les autres. Une enquête présentée au SPACE en 2014 compare le fonctionnement et les coûts des mêmes élevages avant et après l’installation du robot. Elle montre que les éleveurs utilisent des concentrés en moyenne 22€/T plus cher lorsqu’ils ont le robot. Un tel écart n’a pas lieu d’être. Si les vaches sont déjà habituées à un aliment il n’y a pas de raison qu’elles rechignent dessus parce qu’il sera donné au Dac du robot. De même, les descentes des robots acceptent bien les matières premières ou les céréales aplaties/concassées. Il faut juste faire attention avec les céréales broyées très fins, à l’aspect de farine, qui peuvent se colmater. Si vous utilisiez vos céréales, vous pouvez toujours continuer à le faire.

La visite du 4 novembre dans la Loire nous a montré que des éleveurs arrivaient à limiter leur coût HFPE à 53€/1000L en donnant du colza, du corn gluten et leurs céréales au robot. 

Pour les éleveurs qui ne souhaitent pas changer d’aliment, des solutions existent aussi. Le Gaec les 13 Fontaines va chercher l’aliment directement chez le fournisseur à proximité. Ils économisent ainsi 25€/T, soit 2500€/an. En contrepartie, ils prennent la vis de la CUMA pour remettre l’aliment dans la cellule, cela leur demande 1h de travail par mois.

 

Ajuster l’équilibre de la ration à l’auge

Il faut également veiller à la cohérence du plan de complémentation. N’oubliez pas de déséquilibrer un peu en azote la ration à l’auge, de manière à ce que le robot complète la ration de base. De cette manière, vous pouvez garder le concentré de production uniquement pour les vaches qui produisent plus de lait et ne pas en donner  aux vaches en fin de lactation. En procédant de la sorte le Gaec des 13 Fontaines a gagné jusqu’à 15€/1000L de coût de concentrés. N’hésitez pas à faire appel à votre conseiller d’élevage pour vous aider dans la gestion du plan de complémentation.

Le suivi régulier de la ration et du lait produit donne une indication rapide de l’efficacité économique de la ration

 

Enfin n’oubliez pas que, comme en salle de traite, la qualité des fourrages est prédominante. Il faut veiller au choix des variétés, respecter des bonnes conditions de semis, récolter au bon stade avec la meilleure météo possible, assurer une conservation optimale. Ce sont ces étapes qui conditionnent un fourrage sain, appétant et nutritif. Les fourrages constituant les 2/3 de la ration, il est primordial d’y accorder la plus grande importance. Les meilleurs concentrés du monde ne pourront pas compenser un fourrage de mauvaise qualité.

 

 

Aurélie Holtz, Isère Conseil Elevage pour le groupe Robot FIDOCL

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