L’urée caprine, un outil de pilotage économique

A l’aide d’un financement du PEP caprin (et donc de la Région Rhône Alpes), la FIDOCL a conduit une étude sur l’urée caprine à partir des échantillons de lait du contrôle de performances. L’objectif était de connaître les variations du taux d’urée de nos troupeaux et de pouvoir utiliser cet indicateur dans le conseil de demain.

 

 

Un protocole expérimental sur 18 fermes

Entre septembre 2014 et décembre 2015, 18 fermes ont été suivies en Rhône Alpes sur toute une lactation complète. Quatre périodes d’analyses ont été mises en place, à 1, 3, 6 et 9 mois de lactation. A chaque fois, le conseiller réalisait :

  • Une double pesée avec un échantillonnage soir et main
  • Un relevé de la ration distribuée et une pesée des refus de fourrages des animaux
  • Des NEC (note d’état corporel) sur un même échantillon d’animaux

 

Des catégories de chèvres

Même si statistiquement les différences ne sont pas significatives, des catégories d’animaux selon leur taux d’urée ont été faites. 58 % des chèvres se situent dans la classe intermédiaire, soit un taux d’urée compris entre 250 et 500 mg/L. La répartition entre primipares et multipares est identique quelque soit la catégorie d’urée (30% vs 70 %). Les chèvres à plus de 500 mg d’urée par litre de lait ont tendance à avoir plus de taux mais moins de lait, et si on s’intéresse à la matière protéique produite, c’est un écart de 2 kg en 300 jours de lait.

 

 

 

 

 

Un effet saison remarqué

L’analyse des données montre que l’urée baisse au printemps, autour de 250 mg/L, et remonte à l’automne, plus de 400 mg/L et ce quelque soit le système d’élevage (saisonné ou désaisonné). Ce n’est donc pas un effet stade de lactation qui est observé. Ces résultats avaient déjà été observés en Poitou-Charentes 15 ans auparavant, et en analysant les données interpro de nos exploitations livreuses, la tendance est identique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un lien avec l’alimentation complexe

Les enregistrements des rations faits n’ont pas permis de mettre en avant des différences de taux d’urée selon les systèmes alimentaires. En fait, nous avons été confrontés à la dure réalité du terrain, à savoir que la plupart des animaux sont en excès d’azote car les rations sont faites pour les chèvres les plus fortes laitières, afin d’être sûre de couvrir les besoins d’un maximum d’animaux.

Aussi, les variations des bilans azotés ou énergétiques sont trop faibles et ne permettent pas de mettre en évidence des taux « d’urée référence » par système alimentaire. En regardant les données, on peut quand même noter que les chèvres hautes en urée ont tendance à avoir des rations plus riches en MAT et un Rmic plus élevé, (PDIN-PDIE) / UFL, ce qui signifie que les rations sont plus azotées et moins énergétiques.

 

 

 

Un outil de diagnostic individuel

Cette étude montre quand même que les variations d’urée sur une exploitation permettent, au regard des aliments distribués (fourrages et concentrés), du troupeau et des autres critères de conduite habituellement utilisés, d’accompagner l’éleveur dans la conduite de son troupeau.

Sur les 18 exploitations, 5 d’entre elles font l’objet d’une fiche référence afin que les conseillers et les éleveurs puissent disposer de repères et de pistes d’explications quant aux variations observées.

 

Des données disponibles à chaque contrôle

Suite à cette étude, la FIDOCL a décidé de mettre en routine l’analyse urée sur les échantillons individuels à chaque contrôle laitier. La donnée individuelle n’est pas disponible car elle est trop variable d’un animal à l’autre, par contre des calculs de moyennes sont possibles.

Sur le valorisé, la moyenne du troupeau, des primipares et des multipares est affichée. Sur son logiciel, votre technicien peut calculer la moyenne d’un groupe d’animaux selon les caractéristiques souhaitées : lot de traite, production, rang de lactation, …

L’objectif est de voir, d’ici une ou deux lactations, si nous retrouvons toujours les mêmes tendances, si nous avons des profils d’exploitations différents pour essayer d’aller plus loin dans la compréhension de la variation.

 

Solène Dutot, à partir des résultats de stage de Manon Gabarret, FIDOCL Conseil Elevage

 

 

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