Les solutions des éleveurs pour s'adapter aux cours élevés des correcteurs

Dans le cadre de Terres d’Innovation, Isère Conseil Elevage organisait jeudi 6 décembre au Gaec de la Goula une journée technique autour de la hausse des intrants. 45 éleveurs ont pu échanger et discuter autour des 3 ateliers animés par les conseillers d’élevage en appui aux témoignages d’éleveurs de la région. Un grand merci aux éleveurs Nicolas, Serge et Bernard Roybin pour leur accueil !

 

Au Gaec des Sources, des matières premières simples achetées en grande quantité.

Depuis de nombreuses années, Eric Chavrot utilise du tourteau de soja et du tourteau de colza pour équilibrer l’ensemble des rations des vaches laitières. Selon le cours des matières premières, les contrats d’achat représentent 3 à 12 mois des besoins du troupeau. Ainsi début 2012 voyant les cours remonter les associés du Gaec ont bloqué plusieurs semis de 25 tonnes de soja et de colza pour couvrir tous leurs besoins. Achetés respectivement à 339 et 202 euros/tonne, cela leur a permis d’atténuer fortement la hausse des intrants. Leur coût de ration moyen en 2012 s’établit à 112 euros/tonne lait soit 52.6 euros de concentrés achetés. Le gain en rapport avec des achats en petite quantité est estimé à 20-30 euros/1000 litres de lait. Sur un volume global produit de 600 000 litres, c’est une économie importante. Eric Chavrot insiste sur la nécessité « d’être bien organisé avec plusieurs cellules de stockage. Sur plusieurs années on est toujours gagnant ».

 

Pierre Gonin, conseiller d’élevage, rappelle l’intérêt du colza par rapport à du soja ou du correcteur du commerce. « Depuis plusieurs campagnes le rapport colza/soja est très souvent favorable au colza (inférieur à 70%). Et travailler avec des matières premières n’empêche pas d’avoir de bonnes performances laitières. Pour preuve les résultats du gaec des Sources ! » D’autres éleveurs témoignaient aussi de la possibilité de s’associer à plusieurs pour commander des volumes importants. « Cela demande plus de logistique, une confiance mutuelle mais cela donne de bons résultats. »

 

 

Au Gaec de la Goula, la qualité des fourrages avant tout

Avec un troupeau de grande dimension difficile de pâturer et d’exploiter des terrains superficiels séchants. Aussi le choix a été fait de privilégier les fourrages stockés et leur qualité. La ration complète distribuée toute l’année est constituée de maïs ensilage et d’ensilage d’herbe RGI et/ou luzerne. La qualité se conjugue avec précocité pour les RGI. Dés la mi-avril au stade début épiaison le RGI est récolté en ensilage. Les associés du gaec recherchent une bonne teneur en sucre et en MAT. Les résultats d’analyse confirment  leurs choix (0,97 UFL et 165 gr de MAT en 2011). Comme le précise Michael Bonnault, conseiller d’élevage Nord Isère : "En 15 jours, de fin avril à début mai, les RGI perdent rapidement 20 points de MAT. Sur les maïs même exercice, qualité se conjugue avec digestibilité des feuilles, tiges et grain. Une surveillance régulière des parcelles est indispensable pour décider de la bonne date d’ensilage". Privilégier un maïs pas trop sec. La synthèse des analyses de maïs 2012 montre "un niveau de MAT de 2 points en moins par rapport à 2011 avec de grosses hétérogénéités dans les résultats de 51 à 91 gr !  Pour une ration avec 12 kg de MS de maïs ensilage, la différence c’est 0.5 kg de tourteau de soja à apporter en plus soit 8 à 10 euros/1000 litres".

A la Goula avec des fourrages d’une excellente qualité ce sont au final des économies de concentré (plus de 9000 kg de lait produit pour 200 g de concentré/litre de lait produit).  Enfin depuis quelques années le Gaec a introduit une part significative de prairies multiespèces à base de dactyle, fétuque, ray grass et trèfles (ensilées puis fauchées ou pâturées par les génisses). Là encore les valeurs sont intéressantes pour réduire la dépendance azotée et énergétique : un fourrage appétent et équilibré (0.76 UFL, 84 PDIN). D’autres éleveurs témoignaient aussi de l’intérêt de la luzerne, la plante qui produit le plus de protéines à l’hectare ! A condition de la récolter dans de bonnes conditions et d’en incorporer suffisamment dans la ration (3 à 5 kg MS) pour avoir un impact significatif. D’autres solutions ou essais évoqués par les éleveurs complétaient l’atelier : culture de trèfle ou vesce en association avec des céréales ou graminées. Là encore les idées ne manquent pas !

 

 

Pour Francis VIAL, efficacité et pâturage des laitières

Aux solutions toutes faites, Francis Vial préfère mettre en avant l’efficacité des aliments distribués et le suivi du troupeau. L’important ce n’est pas seulement combien ça coute mais surtout combien ça rapporte. Yvan Girard, conseiller d’élevage terres froides, calcule tous les mois les constats d’alimentation chez F Vial, comme chez beaucoup d’éleveurs du secteur. Il mesure ainsi combien coûte la ration distribuée (prix et quantité) ainsi que le litrage produit et vendu. Le critère d’efficacité alimentaire (rapport entre les quantités ingérés et le lait produit) est un indicateur de performance économique.

 

Chez Francis Vial il est régulièrement au dessus de 1,25. Pour arriver à ce résultat dans la durée, c’est un suivi quotidien : pesée régulière des quantités de fourrages et concentrés distribués, observation de l’appétit des animaux, de l’état corporel et des bouses. Une mauvaise efficacité c’est un transit trop rapide, une mauvaise valorisation de la ration de base. La technique rime avec économique. Le coût alimentaire reste inférieur à 135 euros / 1000 litres avec une excellente marge brute en 2012  de 218 euros permise par un lait de qualité.  Enfin l’éleveur mise aussi sur le pâturage des laitières. Avec 10 hectares proches du bâtiment il valorise à plein pendant  3 à 4 mois une herbe de qualité. Là aussi beaucoup de technique (sortie précoce, surveillance des hauteurs d’herbe, fertilisation, fauche des refus, resemis de prairies temporaires..). Ainsi la quantité de concentré distribuée est divisée par  2 ou 3. Autant d’économie à la clef!

 

 

 

Pour en savoir plus, consultez notre dossier complet sur la protéine

Jean-Philippe GORON - Isère Conseil Elevage

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