Grands troupeaux : limiter l’astreinte de la traite

Comme dans tous les élevages, la traite doit assurer une bonne qualité du lait dans les meilleures conditions de travail pour le trayeur et de confort pour les vaches.

 

 

Bien concevoir le bloc traite
 

Maîtriser le temps de travail …

La traite est une étape clé de la journée de travail. Selon les conditions de travail et le goût de l'éleveur, cela peut devenir une astreinte mal vécue. Le temps maximum à  y consacrer est de 2 heures,  en prenant en compte la préparation et le lavage. Les robots de traite permettent de supprimer les astreintes horaires mais nécessitent tout de même un temps de surveillance du troupeau et des paramètres informatiques. Il faut également que ce travail soit partagé entre les associés. Des interventions peuvent avoir lieu à tout moment de la journée. En salle de traite, il n’y a plus de contrainte une fois le lavage terminé. Un réglage adéquat des décrochages automatiques est également un facteur de diminution du temps de traite qu’il ne faut pas négliger.
 

… Le confort

Dans toutes les marques, de nombreux équipements existent pour améliorer le  confort de travail. Des sorties rapides des vaches réduisent les temps morts. Une canalisation supplémentaire pour écarter le lait non destiné à la consommation évite la manutention de bidons tous les jours. Un chien électrique facilite l’entrée des animaux sans déplacement du trayeur. Les logiciels de suivi de troupeau alertent en direct les vaches à écarter ou à surveiller. Les salles de traite de grande longueur avec une ligne haute centrale assurent une bonne fluidité de circulation des animaux sans aménagements particuliers. Avec un gros troupeau, tout cela apporte de la souplesse et de l’aide pour les personnes qui assurent la traite à tour de rôle.
Il ne faut pas négliger la luminosité, la ventilation et la température de la salle de traite. Des puits de lumière naturelle et des sols tempérés sont très appréciables. Il faut penser le confort pour toutes les saisons, du gel à la canicule…
 

…Et le coût

Pour traire un gros troupeau il y a peu d’économies d’échelle possibles. Il faut imaginer comment le cheptel va évoluer dans les années suivantes pour ne pas être limité par la traite. 4 places de trop ne le resteront peut-être pas longtemps. Les robots fonctionnent avec des multiples de 60 vaches. Il faut l’anticiper lors de la mise en place. Les coûts de maintenance et d’entretien sont non négligeables. Les consommations en eau et en électricité sont des postes à considérer. Le prix de l’énergie sera de plus en plus cher dans les années à venir.
L’investissement est important quel que soit le type de traite choisi. Il doit donc être évolutif et correspondre également au choix de  tous les associés.


Anne Blondel, 01-71 Conseil Elevage

 

 

 
« Gaec Mont de Mangue, Relevant (01)

Une salle de traite adaptée au travail quotidien

Le bâtiment initial était une aire paillée intégrale avec une salle de traite en épi 2x5 et décochage automatique. Sur plusieurs années, le cheptel est passé de 45 à 75 vaches laitières avec l’arrivée successive des associés.
En 2004, l’investissement dans une nouvelle installation est nécessaire car le cheptel est passé à 95 vaches. Le Gaec est composé de 5 associés. Le choix se tourne vers un bâtiment comprenant une aire paillée avec caillebotis ainsi qu’une salle de traite en 2x8 TPA (traite par l’arrière).


Les objectifs de cet investissement

L’objectif principal était que la traite puisse se faire par un seul trayeur en 1 heure ¼ et avec une bonne ergonomie de travail. Les associés ont visité plusieurs installations, notamment lors de la traite.
Le choix s’est finalement porté sur une TPA, de plein pied avec la laiterie et avec un quai court limitant les déplacements. Un plancher mobile est installé pour s’adapter à la taille et aux différentes méthodes de travail de tous les associés.


Une nouvelle organisation

Depuis la mise en route, le cheptel a continué d’augmenter. 115 vaches sont traites en moyenne par jour. La durée de la traite est passée à 1H45. Pour éviter les pics de travail, les éleveurs ont  étalé les vêlages afin d’avoir un nombre constant de vaches traites toute l’année.
L’objectif est d’avoir des mamelles les plus propres possible pour gagner du temps. Pour cela, ils paillent matin et soir. Cela se retrouve aussi sur la qualité du lait. La préparation de la mamelle se fait avec un produit de pré-trempage et un essuyage avec une lavette individuelle essorée. Le produit de post trempage et de pré-trempage est identique. Le fait que les lavettes soient lavées à la machine à laver et qu’ils utilisent un seul produit entraîne un gain de temps.
Le travail d’astreinte s’effectue à 2 : une personne s’occupe de la traite tandis que l’autre prend en charge l’alimentation, le paillage et les soins aux veaux. Les éleveurs font un roulement entre  le matin et le soir. Ainsi, la personne qui trait est concentrée sur sa tâche.
Les éleveurs sont satisfaits de leur salle de traite. Elle a permis de s’adapter à l’évolution de la taille du troupeau. Elle correspond aux objectifs qu’ils s’étaient fixés. »

Propos recueillis par Rémi Berthet, Ain Conseil Elevage  

 

Pour aller plus loin, consultez les bonnes pratiques de traites, ou l'organisation dans les grands troupeaux

 

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