Evaluer les facteurs pénalisant la fertilité

La maîtrise de la reproduction est un pilier de la conduite d’un élevage: une étude à partir de vos élevages.

En 2004, Nec+Repro est une des premières études menées en condition terrain sur la problématique de la reproduction dans le cadre du PEP Bovins Lait (Pôle d’Expérimentation et de Progrès de Rhône-Alpes). Son objectif était d’étudier l’influence de l’évolution de la NEC ( Note Etat Corporel) sur l’expression des chaleurs et la régularité des cycles après le vêlage.10 élevages Holstein avec un niveau de production proche de 9000 kg avaient été enquêtés dans l’Ain, le Rhône et l’Isère. Des cycles réguliers et une chaleur de référence sont des signes favorables pour augmenter la réussite à l’insémination. Des animaux en reprise d’état favorisent cette situation.

Une expérimentation commune aux 4 principales races de Rhône-Alpes.

C’est ainsi qu’une nouvelle étude terrain d’envergure prend forme. 4 lettres pour 4 races, Tarine, Holstein, Abondance et Montbéliarde donnent le nom de THAM à cette expérimentation. Plusieurs indicateurs supposés influencer la réussite à la 1ère IA sont observés pour connaître leurs dynamiques et cibler leurs seuils critiques. Tout d’abord, « l’état de l’animal » à travers la NEC, la note de remplissage de rumen et l’état de santé (signes mineurs, locomotion) sont notés par des techniciens-pointeurs une fois par mois. Les éleveurs ont enregistré les événements autour du vêlage (la facilité et la délivrance). Ensuite, les données du contrôle laitier (quantité de lait, TB, TP, leucocytes) sont collectées.

Eleveurs et techniciens investis dans ce suivi de la reproduction.

Cette étude est pilotée par un pôle scientifique composé de l’ISARA, Vet’ Agro Sup, le centre d’élevage de Poisy, les centres d’insémination de la région et la Fidocl. Des formations pour harmoniser le pointage sont réalisées. Onze techniciens ont enquêté plus de 40 élevages et réalisé 366 visites. Pour chaque race, 10 élevages se sont engagés dans le protocole de l’étude. En race Montbéliarde, les caractéristiques moyennes d’un élevage étaient de 81 vaches laitières avec une production de 7 900 kg à 39,5 g/kg de TB et 33,0 g/kg de TP. L’âge au 1er vêlage était de 32 mois avec un IVV de 393 jours. En race Holstein, les caractéristiques moyennes d’un élevage étaient de 71 vaches laitières avec une production de 8 500 kg à 39,3 de TB et 31,8 de TP. L’âge au 1er vêlage était proche des 30 mois avec un IVV de 420 jours. 

Jean-Philippe Goron, Isère Conseil Elevage, PEP bovins lait

«Anthony Letort, ingénieur ISARA

Faire parler les observations faites sur les animaux.

Anthony Letort est enseignant chercheur à l’ISARA de Lyon. Son travail, dans le cadre de l’étude THAM, s’est centré sur la constitution d’une base de données solide. Ensuite, sa passion et ses compétences pour les statistiques se sont exprimées dans le traitement des données.

Pourquoi avoir réalisé cette étude ?

La question s’est posée de savoir pourquoi les taux de réussite à la première insémination sont différents entre les races Holstein et Montbéliarde. Quelles sont vraiment les causes d’infertilité de ces vaches laitières ? Nous connaissions déjà un facteur qui est le déficit énergétique avec la baisse du TP principalement. D’autres pathologies rentraient également en compte. Il fallait faire le lien entre toutes ces pathologies et le déficit énergétique. C’est pourquoi cette étude a vu le jour. Elle a révélé de nombreuses données qu’il a fallu compiler et analyser pour pouvoir valoriser les résultats.

Où en est le projet aujourd’hui ?

Les données sont pratiquement toutes traitées pour la Holstein et la Montbéliarde. Les profils des vaches à risques restent encore à être précisés en utilisant les résultats contrôle laitier. Cependant, il faudrait les tester sur de plus gros échantillons afin de pouvoir valider cet outil d’aide à la décision. Le but étant de l’utiliser en élevage. Du travail reste encore à réaliser…

Quel est l’avenir de cette étude ?

Le déficit énergétique prend plusieurs formes. La réussite à l’IA 1 est liée à ce déficit. Est-ce que les nouvelles analyses laitières vont arriver à traduire ce déficit énergétique ? Quel est le poids de la génétique ? Pourra-t-on sélectionner des vaches moins sujettes à la perte d’état ? Pourra-t-on être capable en une seule visite en élevage de diagnostiquer les problèmes en combinant observations et analyses ? Le système de score à la vache permettrait de le faire. Des mesures simplifiées pour l’éleveur et les techniciens devraient être mises en place. Cependant, l’observation des notes d’état corporel reste encore très importante pour permettre une meilleure réussite à l’IA. »

Propos recueillis par Anne-Cécile Vallot, Ain Conseil Elevage

lire le spécial lait's Go Montbéliarde

Voir aussi : 

- facteurs de risques d'infertilité THAM

- Infertilité vache laitière et taux butyreux de premier contrôle

- Infertilité des vaches laitières, deux facteurs de risques

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