Enregistrer les infections mammaires pour gagner de l'argent

Les mammites constituent la pathologie la plus coûteuse en élevage laitier. Les pertes engendrées en moyenne sont de 250€ par mammite. Ce montant comprend les frais visibles : le lait écarté, les pénalités sur le paiement du lait et les traitements vétérinaires. Mais il y a aussi ceux plus difficiles à évaluer : la perte de temps le stress lors de la traite, la baisse de production et le coût des vaches réformées prématurément.

 

La baisse de production représente 2/3 des coûts

En plus du lait écarté, la perte de lait par baisse de production est de 5% en moyenne, ce qui représente 375 kg pour une lactation de 7500 kg. Il est important de souligner que l’impact est variable d’une vache à l’autre. 50 % des vaches sont atteintes à ce niveau. Pour 40 % la perte est négligeable. Par contre 10 % peuvent perdre jusqu’à 1000 kg.

Une étude effectuée en Saône et Loire sur les coûts des mammites, entre 2 groupes d’élevages constitués sur leur niveau de cellules, montre 20 €/1000 litres à gagner sur la maîtrise de la qualité du lait (voir tableau ci-contre). Cette économie est réalisée majoritairement sur les pertes de lait et pénalités évitées.

 

Enregistrer pour analyser

Pour diminuer l’impact des mammites dans l’élevage, il faut pouvoir analyser la situation.  Enregistrer de manière régulière et complète les données de mammites cliniques et les transmettre aux agents de traite à chacun de leurs passages est primordial pour disposer d’outils d’analyse fiables et efficaces.

 

Le bilan «santé mamelle» : une synthèse

Elaboré à partir des enregistrements mensuels des mammites, le bilan « santé mamelle » permet de repérer les animaux les plus fragiles et les périodes à risques, ainsi que les traitements inefficaces. Il permet aussi de détecter les pratiques d’élevage défavorables : hygiène de la mamelle, technique de traite, condition de logement, alimentation. Ces mesures de prévention peuvent être renforcées en amont par la sélection d’animaux résistants aux infections mammaires. C’est désormais possible grâce à l’index mammites cliniques (MACL).

 

L’index MACL : l’amélioration par la sélection

Depuis juin 2010, l’index mammites cliniques permet d’évaluer la résistance des animaux à ces pathologies. Il est disponible grâce aux enregistrements effectués par les agents de traite lors du contrôle de performances. On constate une baisse de 16% des cas de mammites cliniques pour les filles de taureaux indexés + 2 par rapport aux filles de taureaux indexés -2. La fiabilité de cet index dépend de l’exhaustivité des enregistrements.

 

Benoit Durieux, Loire Conseil Elevage.

 

 

« Jean François BENOIT, St Barthélémy (42)

De la saisie à la prise de décision

Jean François Benoit gère un troupeau de 40 Montbéliardes à 7500 kg. La moyenne cellulaire sur les 12 derniers mois au contrôle est régulièrement en dessous de 200 000. Moins de 5 mammites sont traitées par an.

 

De l’envie et un suivi informatisé

J’enregistre toutes les mammites de mes vaches pour réagir vite et être en super A toute l’année. J’ai informatisé mon carnet sanitaire. C’est la mémoire des vaches  et des traitements éffectués. J’y note le quartier concerné et le traitement appliqué. Je transmets chaque mois ces informations à mon agent de traite. Je peux vérifier l’efficacité des traitements, les quartiers et les vaches récidivistes. Les vaches infectées ou ayant eu plus de deux mammites sur la lactation sont sous haute surveillance. Elles feront partie des réformes si le tarissement ne les assainit pas.

 

De la réactivité

Lors d’un épisode de mammites ou d’une montée de cellules, je peux facilement tirer le bilan « santé mamelle » avec mon conseiller. Ce mois de juin, j’ai eu cinq mammites après un hiver tranquille. Grâce aux données enregistrées, nous avons pu faire le point facilement. Des germes d’environnement étaient en cause. Nous avons changé le produit de trempage pour un produit filmant pour éviter les contaminations externes. Nous avons mis en place une rotation sur les parcelles en pâturage pour un lieu de couchage sain. Nous avons repris le paillage des logettes en sortie de traite, à défaut de pouvoir les fermer  au cornadis. Reste aujourd’hui à bien nettoyer la case de vêlage. Il faut toujours rester vigilant.

 

Propos recueillis par Benoit Durieux.

 

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