Dessilage : L'opération de tous les dangers !

Si les silos sont plutôt bien confectionnés, la reprise est devenue chez bien des élevages le facteur à risque. Trois raisons à cela :

1 - Des silos de plus grande largeur (un quart des silos dépassent 9m de large) avec un retour tous les 3 à 4 jours sur le front d’attaque.

2 - Par manque de temps et par simplification, un débachage non quotidien des silos.

3 -  Des fronts d’attaque peu soignés avec la généralisation des bols mélangeurs chargés à la pince ou au godet. La combinaison de ces trois facteurs aboutit à des fronts d’attaque éboulés et des reprises de fermentation et de température.

 

Pour le distribuer on reprend un fourrage fermenté, stabilisé et on le réoxygène

Le phénomène est d’autant plus fort lors de la confection d’une ration mélangée. En effet, dans la mélangeuse on amène aux bactéries aérobies l’oxygène indispensable à leur réveil et des nutriments très appréciés comme les céréales et les tourteaux. Toutes les conditions sont remplies pour un développement des bactéries indésirables qui altèrent la qualité du fourrage, diminuent sont appétence et contaminent le lait…

Ce phénomène n’est pas inexorable il peut être contenu par le respect de règles simples qui visent à ce que l’ensilage reste « nickel » jusqu’au moment de la distribution : chauffe interdite !

  • Avancement 10 cm/jour en hiver, 20 cm en été. Il doit être le plus régulier possible, prendre sur tout le travers du silo en un jour, deux jours maximum.
  • Débâcher pour un à deux jours, lester la bâche. Le haut du silo, moins tassé, reprend très vite l’air et repart en fermentation.
  • Au front d’attaque une coupe nette, limiter l’entrée d’air. La reprise au crocodile doit être soignée pour éviter de rendre le front d’attaque poreux.
  • Ramasser les ’éboulis, ils repartent en fermentation. On a pu mesurer des températures de 50° dans des éboulis laissés la veille, ils mettent le feu à la ration…
  • Attention à la distribution, limiter la reprise en fermentation à l’auge. Si les fourrages amenés sont frais la reprise en fermentation sera acceptable.

 

Attention : reprise des fermentations et propreté de distribution

L’analyse des spores butyriques montre des contaminations plus fortes sur le haut et surtout les côtés des silos en relation avec la qualité du tassage et du bâchage. Si les analyses effectuées dans le silo sont assez « bonnes », les échantillons pris au dessilage sont en revanche beaucoup plus chargés en spores butyriques. Cela démontre souvent une reprise de fermentation favorable à une multiplication. L’absence de conservateurs et des températures relativement élevées combinés à des fronts d’attaque éboulés peuvent expliquer ces résultats.  Globalement à l’auge les résultats se dégradent. Les rations composées majoritairement d’herbe ensilée et de maïs ont des niveaux butyriques multipliés par deux entre le silo d’herbe et l’auge. Le maïs ensilage n’en est pas responsable. Les causes principales sont à trouver autour de la propreté des fonds d’auge, des bols mélangeurs ou tout simplement des rations souillées par le passage des roues du tracteur en distribuant.

 

 

 

 

 

La combinaison des facteurs de risques dégrade fortement la qualité sanitaire des silos

Tous les élevages enquêtés présentaient au moins un des facteurs de risques relatifs à qualité des ensilages d’herbe. Preuve s’il en est que chaque éleveur doit composer avec les contraintes de son exploitation et la météo. Néanmoins il est net que la multiplication des facteurs de risques aboutit à la dégradation des indicateurs de conservation des silos et de risques sanitaires des ensilages d’herbe.

Cinq facteurs sont particulièrement importants sur la prolifération des spores butyriques :

  • Hauteur de fauche < 5cm
  • Tassage insuffisant
  • Une seule bâche, couverture à plus de 12 heures
  • Débâchage > 2jours
  • Front d’attaque pas net / Non ramassage des éboulis

 

Patrice MOUNIER, Haute-Loire Conseil Elevage; Patrice DUBOIS, Rhône Conseil Elevage; Jean-Philippe GORON, Adice

 

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