Critères de choix d'une stratégie d'âge au vêlage

En construction merci de votre indulgence.

Article initial Base Doc FIDOCL

 

Le choix d'un âge au vêlage est guidé le plus souvent par des critères techniques, économiques mais aussi par des conditions d’exploitation des surfaces fourragères (situation géographique), des notions de chargement également sont à prendre en compte surtout dans le cadre de la PAC (extensification).

Stratégie d’un vêlage à 24 mois

Dans quel cas doit-on choisir du vêlage de 2 ans ?

· Quand on dispose de peu de surface, ou avec une production fourragère limitée en rendement. 
· Dans le cadre de vêlages regroupés ce qui oblige un choix : faire vêler à 2 ans pour se maintenir à la saison de vêlage retenu ou faire vêler entre 33 et 36 mois.
· Quand on est limité en bâtiment 
· Pour accélérer la pression de sélection dans un troupeau 
· Quand on réalise du testage avec les unités de sélection. 

Intérêts techniques et économiques du vêlage à 2 ans

Produire une génisse qui vêle à 2 ans au lieu de 33-36 mois, c’est utiliser nettement moins de fourrages, donc moins de surface pour atteindre l’âge au vêlage. En prenant les U.G.B. (1) pour comparer les besoins en surface à niveau d’intensification fourragère identique, on arrive à 60% de surface en plus pour un vêlage entre 33 et 36 mois par rapport à 24 mois.

Vêlage à ………
<2 ans
34 mois et demi
Période de 0 à 12 mois
0,3
0,3
Période de 12 à 24 mois
0,6
0,6
Période de 24 à 36 mois
-
0,7  (2)
Total…..
0,9  U.G.B.  arrondi ;  1 U.G.B.
1,6   U.G.B.

1,6 – 1 * 100 = 60% de surface fourragère en plus. Loger une génération de moins dans le cadre d’un vêlage de 2 ans, c’est réduire la surface en bâtiment et en stockage d’au moins 40%. Au coût actuel ce n’est pas négligeable. Financer un stock d’animaux beaucoup plus limité, c’est à considérer quand on prend la mesure de la rentabilité du secteur élevage par rapport aux laitières et de la lenteur de rotation du capital, surtout si on peut réaliser des cultures de vente. Le problème est tout autre quand il s’agit de valoriser des surfaces d’herbe « obligées ». (1) U.G.B . : Unité Gros Bétail (2) 24 à 36 mois : 0,8 U.G.B.* 10,5mois/12mois = 0,7 U.G.B.

Contraintes du vêlage 24 mois

Ø  Demande une bonne maîtrise de la part de l’éleveur

Cela suppose :
· De la prévision (*)
· Des contrôles 
· Des ajustements

Sinon il y a 2 risques :

Avec une croissance trop faible il y a tentation de faire de la croissance compensatrice à 900-1000g / jour avec des conséquences fâcheuses (ex. fiche lait entier).

Avec une croissance trop forte, disposer d’animaux un peu plus gras et surtout qui ont accumulé des graisses dans la mamelle. Ces graisses peuvent nuire à la formation du tissu sécréteur et parfois à l’avenir laitier de l’animal. Il y a lieu donc, pour bien repérer ce qu’on fait, de faire des contrôles de pesée (contrôle de croissance). (*)

Influence de l’âge et du gain de poids vif sur le développement du tissu sécréteur mammaire :

Age au début
(mois)
Poids vif (kg)
début et fin
Gain de poids vif
(g/jour)
Poids du tissu
sécréteur mammaire
7
180 - 320
664 (100)
1307 (197)
642 (100)
495 (77)
13
307 - 440
608 (100)
1147 (189)
986 (100)
956 (97)

Demande également une bonne maîtrise des régimes alimentaires pour atteindre les objectifs de poids et de croissance.

 Selon les régimes et les saisons, il est plus ou moins facile de maîtriser les croissances à rechercher. Dans le cadre des naissances d’automne, il est plus facile de mener à bien les génisses aux objectifs fixés. · 1er hiver : de 0 à 6-7-8 mois. La croissance dépend d’abord du régime lacté proposé et de l’état sanitaire de ces animaux. Puis après sevrage, la croissance est surtout fonction, si les conditions sanitaires sont bonnes, du régime (fourrages grossiers - concentrés) proposé. Il suffit de mettre en œuvre un plan alimentaire adéquat.
· 1er été : de 6-7 mois à 1 an. La mise à l’herbe, dès avril dans beaucoup de cas est à encourager. Elle permet d’adapter des animaux jeunes à valoriser de l’herbe moins chère que des fourrages conservés et surtout de bien les préparer à la 2è saison d’herbe.
5 précautions à prendre pour réussir :
Proposer une parcelle réservée à cette catégorie. Prévoir une surface de l’ordre de 15 à 18 ares pour l’été par génisse. Ensiler l’excédent au printemps (souvent 50% de la surface) pour disposer ensuite d’herbe de qualité assez tôt (juillet).
 Réaliser une transition de mise à l’herbe d’au moins 3 semaines afin de bien tenir les croissances, continuer de distribuer un peu de fourrages grossiers et de concentré.
(*) voir fiches objectifs âge au vêlage.
 Exploiter l’herbe par rotation (3 à 4 parcelles au printemps) aux dimensions appropriées, l’herbe est ainsi de bonne qualité et souvent plus abondante qu’en pâturage libre.
Distribuer 1 kg de concentré énergétique (pulpe déshydratée céréales) par génisse jusqu’au 15-20 mai si la prairie est de qualité et reprendre cet apport dès le 15 juillet-1er août, selon la qualité de l’herbe disponible Avec une prairie dont l’herbe est de valeur moyenne, il est recommandé de maintenir ce kg pendant toute la saison.
 Vermifuger les génisses : il s’agit d’utiliser les vermifuges appropriés aux infestations qui se réalisent.
· 2ème hiver : 12 – 18 mois. Il s’agit, durant cet hiver, de tenir environ 700 à 750g/jour. L’alimentation peut être à base de fourrages moyens complétés si nécessaire, d’un peu de concentré. Si on dispose d’ensilage d’herbe avec une bonne valeur fourragère et un bon taux de matière sèche (30%) on peut supprimer les concentrés. On ne devra pas proposer de l’ensilage de maïs à volonté.

· 2ème été : au-delà de 18 mois. Les génisses pleines, ayant l’expérience d’une première saison de pâturage, sont capable de réaliser 700-750g de gain quotidien sans apport de concentré, souvent plus au printemps avec de l’herbe pâturée à volonté et de qualité. Veiller en fin de saison et en fin de gestation à les nourrir convenablement pour les faire vêler dans un état corporel suffisant.

Alimentées ainsi, saison après saison, les génisses qui doivent vêler à 2 ans peuvent réaliser de bonnes croissances (en y étant attentif et en s’aidant de la bascule ou d’autres éléments de mesure pour mieux contrôler ce qui est fait) dans des conditions de conduite bien sur rationnelles mais relativement faciles à mettre en œuvre et pas très coûteuses au plan alimentaire. Conduire des génisses en vue d’un vêlage à 2 ans présente beaucoup d’avantages techniques et économiques. Par contre, il nécessite de la rigueur dans la réalisation de la croissance nécessaire pour aboutir aux objectifs de poids et de développement souhaités. Faire vêler à 2 ans peut contribuer à maîtriser les charges par rapport aux produits, en particulier lorsqu’ il est possible de valoriser autrement des ha libérés.

Stratégie d’un vêlage à 34-36 mois

Dans quel cas doit-on choisir du vêlage de «34-36 mois » ?

· Lorsqu’on a des surfaces disponibles pour nourrir les génisses.
· Lorsqu’on dispose de surfaces « obligatoires en herbe »
· Dans le cadre de vêlages regroupés ce qui oblige un choix : faire vêler à 2 ans pour se maintenir à la saison de vêlage retenu ou faire vêler entre 33 et 36 mois.
· Quand on est pas limité en bâtiment.
· Quand on a moins besoin de pression de sélection et qu’on estime avoir une génétique adaptée à son système d’exploitation. 

Intérêts techniques et économiques du vêlage à 3 ans

Produire une génisse qui vêle à 33-36 mois au lieu de 24 mois, c’est avoir plus de fourrages à disposition, donc plus de surface pour atteindre l’âge au vêlage. En prenant les  U.G.B. (1)  pour comparer les besoins en surface à niveau d’intensification fourragère identique, on arrive à 60% de surface en plus pour un vêlage entre 33 et 36 mois par rapport à 24 mois. Voir tableau vêlage 2 ans (comparatif vêlage à 2 ans et 34,5 mois) Dans le cas d’une construction on peut considérer une augmentation de la surface en bâtiment et en stockage d’au moins 40%. 

Avantages
Inconvénients
 Ce choix de conduite est plus souple et demande moins de rigueur que du vêlage à 2 ans, il faut quand même garder des croissances identiques jusqu’à l’âge de 6 mois. 
 Il est plus facile d’avoir des animaux développés.
 Il permet de valoriser des surfaces « obligatoires » en herbe
Le niveau de croissance à obtenir l’hiver est moins exigeant.
 Nécessite plus de capitaux (les animaux sont conservés une année de plus)

 Nécessite plus de bâtiments si on veut abriter les animaux l’hiver.

 Nécessite plus de surface disponible pour nourrir le troupeau d’élèves.

(1) U.G.B . :  Unité Gros Bétail

Contraintes du vêlage à 3 ans

 Demande quand même un minimum de maîtrise de la part de l’éleveur

· Se tenir à des croissances de l’ordre de 500g/j (hors périodes de 0 à 6 mois et fin de gestation).
· Eviter de faire de la croissance compensatrice trop importante (>900g-1000g)
· Il est nécessaire de réaliser des contrôles de pesée des élèves. 
Voir fiche objectif vêlage 36 mois
· Eviter d’avoir des animaux trop gras qui accumulent des graisses dans la mamelle, celles-ci peut nuire à la formation du tissu sécréteur et parfois à l’avenir laitier de l’animal.

Voir tableau vêlage 2 ans (influence de l’âge et du gain de poids sur le développement du tissu sécréteur mammaire).  Dans le cas du vêlage à 3 ans il s’agit d’une conduite extensive avec valorisation des fourrages à base d’herbe pâturée ou stockée, les croissances la 2è et 3ème année s’obtiennent surtout à partir d’herbe pâturée. Pour des vêlages d’automne :

· 1er hiver : 0 à 6-7-8 mois et 1er été : 6-7 mois à 1 an.

 Suivi et alimentation identique au vêlage à 24 mois sauf au pâturage où on peut se passer d’un aliment concentré dès la première année.

· 2ème hiver : 12 – 18 mois et 3ème hiver : 24-30mois.

 Il s’agit, durant ces hivers, de tenir environ 400 à 450g /jour de croissance. L’alimentation peut être à base de fourrages moyens sans complémentation de concentré. Si on dispose d’ensilage d’herbe avec une bonne valeur fourragère et un bon taux de matière sèche (30%) ainsi que de l’ensilage de maïs on ne devra pas les proposer à volonté.

· 2ème été : 18-24 mois et 3ème été : 30-36mois.

 La croissance de 550g à 600g /jour est suffisante, elle est obtenue en pâture seule avec une conduite raisonnée (rotation de parcelles). Toujours bien veiller en fin de saison et en fin de gestation à les nourrir convenablement pour les faire vêler dans un état corporel suffisant, les deux derniers mois de gestation on cherchera une croissance de 750g /jour.
  • Stratégie d’un vêlage à 30 mois

Envisageable lorsque les vêlages ne sont pas regroupés.

· Permet de faire vêler les plus grosses génisses d’un lot, évite de les retrouver trop grasses à la mise à la reproduction 6 mois plus tard. 
· Permet une rotation génétique plus rapidement que vêlage 3 ans
· Permet d’équilibrer la production laitière dans le cadre d’étalement des vêlages ou de décalage de période.
Avantages
Inconvénients
Ø Il demande moins de rigueur que le vêlage à 24-26 mois. 
Ø Il permet d’obtenir des génisses assez développées.
Ø Il demande autant de bâtiments que le vêlage à 3 ans sans permettre toutefois de valoriser autant de surfaces obligatoires en herbe.

Voir fiche objectif vêlage 30 mois

1er hiver : 0 à 6-7-8 mois et 1er été : 6-7 mois à 1 an.

Suivi et alimentation identique au vêlage à 24 mois sauf au pâturage où on peut se passer d’un aliment concentré dès la première année.

 2ème hiver : 12 – 18 mois et 3ème hiver : 24-30mois.

Il s’agit, durant le premier hiver d’obtenir une croissance de 600g /jour et 700g /jour le deuxième. Dans le cas d’une alimentation à base de fourrages moyens il est souhaitable d’apporter une complémentation adéquat. Si l’on dispose d’ensilage d’herbe avec une bonne valeur fourragère et un bon taux de matière sèche (30%) ainsi que de l’ensilage de maïs, il faudra veiller à rationner ces fourrages en fonction de l’objectif et apporter des compléments s’il y a lieu pour l’équilibre et les besoins de croissance. Surveiller les deux derniers mois de gestation et chercher à obtenir une croissance de 850g /jour.
 
2ème été : 18-24 mois.
 
La croissance de 650g /jour permet d’avoir des animaux en état suffisant, elle est obtenue en pâture seule à condition d’avoir une conduite raisonnée de l’exploitation de l’herbe, sinon il faut apporter une complémentation soit en fourrage ou en concentré ou les deux si période critique (sécheresse).
 

Auteur  05/05/2004 POYET Jean Paul Sources : Vêlage à 2 ans pourquoi pas ? L’abreuvoir – Gustave MONNIER Formation CFPPA Canappeville Jean Paul POYET Elevage des génisses. L’abreuvoir – Gustave MONNIER

Voir aussi :

- Elevage des génisses : A 6 mois tout est joué

- Age au vélage des génisses quelle stratégie choisir?

 

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