Conduite alimentaire au tarissement: 3 étapes tout en douceur.

Le tarissement de la vache laitière doit faire l’objet d’une attention particulière de la part des éleveurs. L’ enjeu est important car il s’agit de préserver le potentiel de production de la vache, mais aussi et surtout de prévenir les nombreux risques sanitaires autour du vêlage pour le couple mère-veau.

Tarir sans stress
Il convient dans un premier temps d’aménager une transition sans rupture alimentaire sévère afin de préserver l’efficacité ruminale, difficile à rétablir ensuite. La réduction du concentré 15 jours avant le tarissement favorise la baisse puis l’arrêt de la production dans de bonnes conditions. Du côté de la mamelle, s’assurer de l’absence de mammites cliniques et adapter un traitement antibiotique hors lactation afin de guérir les infections mammaires subcliniques et prévenir les nouvelles.
Dans la première semaine de tarissement, l’idéal est de garder un fond d’auge et du foin bien conservé. Une surveillance accrue est de rigueur car les animaux sont fragilisés.
 
40 à 50 jours de repos bien mérité
Jusqu'à la préparation au vêlage, il s’agit d’assurer une concentration de la ration à 0,75 UFL et 75 PDI. Un régime alimentaire à base d’herbe verte ou conservée est adapté à cette période. Parfois, le recours au concentré est nécessaire si les fourrages ne sont pas assez digestibles, notamment avec du foin. L’observation du remplissage du rumen donne une bonne indication de l’efficacité de la ration.
L’alimentation minérale et vitaminique est importante pour sécuriser la santé du veau et la qualité du colostrum. Les solutions sont l’apport d’un AMV spécial tarie ou de blocs à lécher, voire de bolus.
 
Préparer pour être en forme au vêlage
Une préparation de trois semaines avant vêlage relance une activité intense du rumen (régénération des papilles) et évite un amaigrissement de la vache durant cette période. La concentration de la ration doit atteindre 0,85 UFL et 85 PDI. L’apport de concentré est obligatoire.
L’enjeu sanitaire est d’éviter les infections et les œdèmes mammaires, de prévenir les non délivrances et les fièvres vitulaires et de favoriser l’ingestion du début de lactation pour limiter les risques d’acido-cétose.
Dans certaines situations à risques, la gestion de la BACA (équilibre minéral) s’impose.
 
Philippe Andraud, Puy de Dôme Conseil Elevage.
 
La note de remplissage du rumen, un indicateur.
 

 

« Gaec de Chanteloube, Vaprivas (43)

La ration mélangée a permis d’améliorer l’alimentation des taries

 

Les frères Boudet conduisent un troupeau d’une soixantaine de montbéliardes. Pour gagner en confort et en efficacité, ils ont aménagé leur bâtiment pour loger vaches taries et génisses prêtes en prolongement des laitières.
 
Comment pratiquez-vous le jour du tarissement ?
On suit la date de tarissement prévu par le valorisé du contrôle. On tarit les vaches 45 jours avant terme après la traite du matin. Chaque animal reçoit un traitement antibiotique intramammaire. Les vaches à plus de 600 000 cellules sont parfois traitées en plus en intra-musculaire. Elles passent ensuite au bout du bâtiment, sur aire paillée, au foin avec les refus des laitières.
 
Comment est gérée l’alimentation ?
Nous calons l’alimentation des taries et des génisses prêtes sur celle des laitières. Au printemps, tout le monde à l’herbe. A partir du mois de juin, quand l’ensilage d’herbe et de maïs est distribué aux vaches traites, un fond de mélangeuse est apporté au pâturage pour les taries et les génisses. L’hiver c’est plus facile, on fait une ration complète pour les taries que l’on distribue pour deux jours.
 
Et pour le sanitaire ?
Pour les vêlages d’automne on traite systématiquement les strongles et la douve pendant le tarissement. Pour les minéraux, priorité au bolus au pâturage et un CMV vache tarie dans la mélangeuse. L’objectif est d’amener au vêlage des vaches entre 3 et 3,5 de note d’état. Les problèmes au vêlage sont rares, nous intervenons peu au moment de la mise-bas. »
 
Propos recueillis par : Patrice Mounier, Haute-Loire Conseil Elevage.
 
Lait's Go n°7, Hiver 2011
 

 

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