Comment passer d’un système conventionnel intensif en zéro pâturage à un système pâturant bio en autonomie totale avec un robot d’alimentation ?

Début mars 2017, Nicolas ROYBIN a opté pour une expertise nutrition avec Pierre GONIN, conseiller élevage expert alimentation. En amont Patrick PELLEGRIN, conseiller élevage spécialiste fourrage, avait travaillé sur la cohérence du système fourrager et sur la mise en place du pâturage. Nicolas avait aussi beaucoup réfléchi sur ce changement de système. Il a parrallèlement rencontré plusieurs éleveurs en bio. Il a fallu procéder par étapes pour éluder au fur et à mesure les questions techniques.

 

 

Début Mars 2017 : Le pâturage, beaucoup d’interrogations...

Est-ce que les vaches vont vouloir sortir pâturer ? Quelle quantité d’herbe vont-elles consommer ? Est-ce que l’on sort tout le troupeau, est-ce qu’on laisse les débuts de lactation dans le bâtiment (porte de tri) ?  Comment utiliser le  Lely vector ?

 

Le Lely vector est  un allié de choix pour gérer les variations de consommation au pâturage.

Au printemps 2017, on disposait encore des aliments utilisés en conventionnel. Nicolas a tout mis en œuvre pour que la pâture se passe bien (eau, qualité de l’herbe, pâturage tournant dynamique). Malgré la qualité de pâture offerte, la consommation n’excède pas les 5 kg de MS et la chaleur de 2017 est un frein à la consommation. Le fonctionnement du robot d’alimentation est réadapté : pas de distribution la nuit et l’après-midi, passage de 9 à 6 repas, repousse toutes les heures et distribution quand la ration à l’auge est de moins de 7 cm de hauteur. Trier les vaches par stade s’avère être une mauvaise solution car cela perturbe le troupeau. La porte de tri a été supprimée au bout d’un mois.

 

Plus de 30 kg par vache à la pâture

Avec plus de 100 vaches traites, le lait s’est très bien maintenu sans trop dégrader les taux. Le premier objectif est atteint !

 

Début juin 2017 : Comment anticiper le passage en aliment 100 % Bio à partir d’octobre ?

De manière à maintenir une bonne productivité en ayant une autonomie totale, la décision a été prise de faire des rations prévisionnelles de juin 2017 à octobre 2018 et d’établir un bilan fourrager. En bio, encore plus qu’en conventionnel, c’est très important d’être dans l’anticipation. Finalement ce travail de bilan fourrager s’est poursuivi en dynamique tout l’hiver.

 

Fin septembre 2017 : Comment faire sans tourteau de soja mais avec de la graine de soja ?

En utilisant uniquement les fourrages et concentrés produits sur la ferme, on s’est vite aperçu que techniquement ça serait plus compliqué avec un déficit de PDIE et un niveau énergétique de ration qui sera plus faible. Il fallait valoriser au maximum la graine de soja produite avec plusieurs interrogations et contraintes :

  • Va-t-elle être appétente , va-t-elle descendre dans le DAC au robot ?
  • Sachant que l’exploitation n’a pas les capacités de stockage nécessaire
  • Sachant qu’en crue, on a un gros déficit en PDIE/PDIA

 

Plusieurs options ont été étudiées :

Tourteau expeller : L’avantage c’est d’avoir un aliment moins riche en matière grasse et plus haut en MAT (48%). L’inconvénient c’est que pour 1 tonne de graine, on ne récupère que 780 kg de tourteau. Avec les frais de trituration et le rachat de l’huile, cela met le coût (hors production de la graine) à 180 €/t soit 3.75 €/point de MAT. Comme la livraison se fait par 30 tonnes, l’exploitation ne dispose pas actuellement de la capacité de stockage nécessaire.

Graine de soja extrudée : permet de protéger l’azote, ce qui manquait dans notre ration avec une forte proportion de luzerne. L’autre avantage, c’est que la graine n’est pas stockée sur l’exploitation et qu’elle est livrée par 3 T. Le coût de l’extrusion est de 131€/T ce qui fait 3.74€/point de MAT

 Graine de soja toastée : intermédiaire entre la graine crue et la graine extrudée.   Coût : 50€/T + 70€/T de transport car le toastage n’a pas pu se faire localement (Vendée) soit 3.42 €/point de MAT.

Graine crue : L’appétence est très bonne. La graine crue descend mieux (moins rance ?) au robot que l’extrudé. La valorisation de l’énergie de la ration semble moins bonne (baisse du TP) de 2 point avec l’extrudé et près de 4 point avec la graine crue. Le TB s’est maintenu.

L’expérimentation continue pour 2018. Nicolas continue à utiliser les 3 formes de graines (extrudée, toastée et crue) selon les stocks disponibles et la présence ou non de pâture dans la ration.

 

Le mot de l’éleveur :

L’adaptation de la ration demande beaucoup de réflexions, il faut faire attention aux stocks et aux rendements.  Moins d’achats de concentrés et donc des économies grâce au passage en matières premières en 2016 et en 2017 moins de concentrés consommés avec l’herbe. Le troupeau est aussi en meilleure santé.

 

Jean-Philippe GORON - Ardèche Drôme Isère Conseil Elevage

 

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