Achat de maïs fourrage sur pied en 2013

Les conditions particulières de ce printemps et cet été conduisent dans bon nombre de secteurs à des parcelles de maïs très hétérogènes et en retard de végétation dû notamment à des semis tardifs et/ou des levées très irrégulières. Les rendements grains seront parfois modestes et certaines parcelles auront du mal à arriver à maturité avant les 1° gelées. Ainsi des parcelles initialement prévues à être moissonnées sont proposées aux éleveurs pour l’ensilage. Même si les rendements sont inférieurs à ces dernières années et les ensilages décalés d’une quinzaine de jours, les importantes récoltes d’herbe du printemps et la bonne pousse d’herbe de l’été ne devraient pas conduire à des déficits fourragers.

 

Ainsi hors quelques situations ponctuelles, les achats de maïs sur pied ne devraient pas être très importants. Les règles de négociation habituelles restent d’actualité mais à fortement pondérer de la conjoncture fourragère 2013 et de la qualité des maïs proposée.

 

Soyez vigilant sur la qualité des maïs proposés

Les bases de la négociation s’établissent en 3 points :

  1. En premier lieu, il faut déterminer le rendement de la parcelle en équivalent grain ou en tonne de matière sèche fourrage.
  2. Il faut ensuite calculer le prix de la tonne de matière sèche.
  3. Enfin il faut pondérer ce prix selon la qualité du fourrage proposé

Deux cas de figure :

  1. Soit le maïs proposé peut être moissonné, dans ce cas le calcul habituel des équivalences est valable mais doit être actualisé
  2. Soit le maïs proposé n’arrivera pas à maturité et/ou le rendement en grain sera très faible, le calcul se base sur le prix du marché des fourrages. Le rendement sera estimé par pesée des remorques. Prélever un échantillon par remorque et faire faire une analyse de matière sèche. Le prix d’achat à la tonne de matière sèche devrait avoisiner les 60 euros (coût production - intrants et mécanisation - hors récolte hors main d’œuvre). Seront en plus à la charge de l’éleveur les frais d’ensilage et de transport (environ 25 à 30 euros/tonne MS). Soit pour un rendement estimé à l’hectare de 10 tonnes, 600 euros par hectare de maïs à ensiler et un coût de revient pour l’éleveur de 90 euros/tonne MS maïs.

 

Les maïs proposés et notamment ceux à faible rendement peuvent être de piètre qualité.

Les levées hétérogènes et les conditions très humides du printemps ont fortement limité l’efficacité des désherbages et/ou binages. Les trous laissés par les pieds manquants ont aussi favorisé le développement des mauvaises herbes : renouée, matricaire, ambroisie… Soyez exigeants. N’ensiler pas n’importe quoi !

·         Récolter un ensilage infesté de mauvaises herbes c’est prendre le risque d’avoir une mauvaise conservation de l’ensilage (moisissures, mycotoxines..), une moindre ingestion et une faible valorisation par les animaux.

·         Dans les cas les plus graves, le risque d’intoxication des vaches est réel. Attention à la présence de datura  et mercuriale !

·         Certaines parcelles ont souffert tout au long de la culture (excès d’eau, coup de chaud ou froid..). Le stress occasionné à la plante diminue la digestibilité du fourrage. Un maïs qui a souffert c’est un maïs peu valorisé par les laitières ;

·         Enfin les graines d’adventices se retrouveront dans les parcelles où vous épandrez votre fumier. Vous risquez de salir vos prochaines cultures.

 

Pour toutes ces bonnes raisons, soyez très vigilant sur la qualité des parcelles ensilées et n’hésitez pas à refuser celles qui vous semblent trop à risques.

Dans le cas de maïs « atypique » une analyse de fourrage est indispensable pour caler au mieux la ration.

 

Jean-Philippe GORON - Isère Conseil Elevage

 

Voir aussi l'article sur l'estimation des rendements maïs 2013

 

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