Economiques et confortables, les logettes creuses reviennent à la mode. Décriées et abandonnées par le passé, les logettes creuses sont de retour suite à des expériences concluantes en Suisse.

Une conception rigoureuse

Le principe de ce type de logettes repose en grande partie sur la confection d’un matelas compact de 30 cm d’épaisseur, composé de paille hachée et de chaux éteinte (carbonate de calcium).
Ce matelas confectionné par accumulation régulière du mélange finit par former une masse tassée par les animaux qui s’y couchent. La litière stabilisée permet des fermentations microbiennes faibles et orientées vers une flore anaérobie, non pathogène pour les animaux et la mamelle.
La construction de ce type de logettes est simple et économique. Des bastaings biseautés en bois non traités sont installés à l’arrière pour retenir les 30 cm de litière accumulée sur un sol non bétonné. Cette particularité impose des tubulures de logettes adaptées. Le dimensionnement reste conforme à ce qui peut être proposé par ailleurs.

Des logettes confortables à entretenir avec soin

Ce type de logettes apporte avant tout un confort et une propreté maximum,  difficile à obtenir avec de très bons matelas : sol non glissant, mou, « naturel » (avec la présence de paille), absorbant très rapidement d’éventuelles pertes de lait ou d’urine.

En revanche, le terme logette « creuse » porte bien son nom ! En effet, le maintien d’une litière saine mais surtout compacte, oblige à rester rigoureux. La réussite passe à la fois par un bon entretien régulier réalisé par l’éleveur, mais également par un excellent réglage des tubulaires. Plus la vache sera à l’aise, meilleurs seront les mouvements de lever et coucher, et moins celle-ci « brassera » la litière.

Un accompagnement important

A l’heure actuelle, 70 élevages du département de l’Ain ont adopté ce type de logettes. A la mise en route de ces logettes, un accompagnement technique est indispensable.
Les résultats sont  alors satisfaisants. L’avantage le plus cité est l’amélioration de la qualité sanitaire du couchage (avec diminution considérable du nombre de mammites et du niveau cellulaire en passant d’aire paillée à logettes creuses) avec une grande propreté des vaches. Le point de vigilance reste l’entretien des logettes qui doit être rigoureux car les résultats en dépendent.

« EARL Sibelle, Curtafond (01)

Un agrandissement réussi grâce aux logettes creuses

Dans la Bresse, Jean-Michel et Maria Cibelle gère un troupeau de 45 Montbéliardes et un atelier de volaille. Ils sont aidés par un salarié.

Un aménagement du bâtiment bien pensé

L’aire paillée « caillebotis » supportait de plus en plus mal l’augmentation du troupeau et de la production. Les conséquences en étaient mammites, cellules et vaches fatiguées. Une réflexion s’engage pour trouver des solutions. C’est mon contrôleur laitier, Karyl Thévenin qui fait germer cette idée de logettes creuses : souligne Jean-Michel.
En 2010, l’aire paillée est transformée en 2 rangées de logettes creuses. Le caillebotis est rebouché. Le cornadis est repoussé de 13 mètres à la place du stockage. 2 nouvelles rangées de logettes sont créées et un couloir d’alimentation de 5 mètres. Le nouveau bâtiment possède désormais 93 logettes pour les vaches laitières, vaches taries et génisses prêtes.
Un ingénieux système de récupération du lisier est nécessaire en bout des racleurs.

Des logettes creuses pour un parfait état de forme des animaux

Gérer des logettes creuses sans problème sanitaire est possible. Les résultats de l’élevage le démontrent. Le taux cellulaire moyen du troupeau est descendu en dessous des 150 000. Les mammites se font rares. Les aplombs des animaux sont très fonctionnels. Les coucher et relever des animaux sont faciles malgré un réglage de la barre au garrot plus contraignant pour ce type de logette. Le confort au sol idéal, après un hiver de stabulation, a laissé des vaches « très fraîches ». Les vaches sont propres et je gagne du temps à la traite, poursuit Maria.

Un entretien méticuleux

La réussite des logettes creuses passe par un entretien régulier. Un gros chargement des logettes est effectué à la mise en route. Un mélange (chaux éteinte, paille et eau) est confectionné avec la recycleuse. 30 mélanges et 3 jours de travail ont été nécessaires au départ. Maintenant, les logettes sont rechargées tous les mois en une journée. Un entretien matin et soir est indispensable pour évacuer de l’arrière de la logette les déjections.
La gestion d’un seul effluent (le lisier) présente aussi des avantages. De plus, le coût d’entretien de ce type de logette reste modéré, en ces temps où les cours de la paille deviennent aberrants.

Propos recueillis par Tanguy Morel, Ain Conseil Elevage