Être à moins de 100 000 cellules en robot de traite : c’est possible !

Grâce au robot de traite et aux nombreux indicateurs dont il dispose, il est possible de détecter précocement les vaches à problème. Le robot mesure notamment la conductivité du lait pour chaque quartier de la vache. Mais ces indicateurs ne remplacent pas l’œil attentif de l’éleveur !

 

 

La conductivité, c’est quoi ?

La conductivité du lait est sa propriété à transmettre le courant électrique. Elle se mesure en millisiemens par centimètre (mS/cm). Cette propriété est majoritairement due à la composition chimique du lait, et plus particulièrement à sa concentration en ions.

Lorsqu’une mammite se déclenche sur un quartier, les dommages cellulaires et la réponse inflammatoire qu’elle implique vont induire une modification de la composition chimique du lait (hausse des ions sodium et chlorure en dépit des ions postassium), ce qui a pour conséquence une hausse de la conductivité du quartier infecté.

Cette réaction intervient après l’infection, mais avant l’augmentation des comptages cellulaires et l’apparition des signes cliniques. Cela permet donc une détection précoce des mammites si on sait interpréter correctement cet indicateur. La conductivité n’est donc pas un indicateur du taux cellulaire.

 

Comment l’interpréter ?

Il n’y a pas de norme de conductivité pour un quartier sain. Généralement comprise entre 4 et 5,5 mS/cm, elle varie d’un individu à l’autre selon la race, le stade de lactation, l’intervalle entre les traites, la santé de l’animal et peut-être même selon son alimentation. L’important est donc de connaître son troupeau, mais aussi ses vaches : certains individus auront une conductivité plus élevée que la moyenne, sans pour autant déclarer de mammites.

Pour interpréter au mieux la conductivité individuelle, la méthode la plus visuelle est d’utiliser les graphiques représentant la conductivité des quatre quartiers. Sur une vache saine, les courbes se superposent. Sur une vache infectée, on voit nettement le quartier infecté se détacher des autres.

En pratique, l’éleveur trie ses vaches par MDI décroissant, puis analyse les courbes de conductivité sur 7 et 30 jours des vaches en alerte. Il peut mettre cette analyse en relation avec d’autres indicateurs tels que la présence de sang dans le lait ou la production par quartier. Une fois le quartier à problème repéré, il observe sa vache. S’il n’y a pas de signes cliniques, un test au teepol peut se révéler utile : en lactation, plus le traitement est fait tôt, plus les chances de guérison sont élevées.

 

Les points clés de vigilance

« Brancher des trayons propres et secs »

Tout d’abord, en robot, il est impératif d’avoir des vaches propres. La robotique n’étant pas infaillible, il est fréquent que les trayons ne soient pas parfaitement nettoyés. Il faut donc apporter une attention particulière au logement des vaches laitières :

  • En aire paillée, il faut prévoir au minimum 6m² par vache, 8m² pour des hautes productrices. Le paillage doit s’effectuer deux fois par jour à raison d’1,2kg/m²/jour. Quant au curage, il doit être suffisamment fréquent pour que la température à 10cm de profondeur ne dépasse pas 40°C.
  • En logettes tapis, un nettoyage régulier des bouses et l’utilisation d’un asséchant ou de sciure permettra de garder des vaches propres. Attention tout de même à la sciure qui, si elle est mal conservée ou humide, peut être vectrice de germes pathogènes (la bactérie Klebsielle par exemple). Chaque vache doit avoir une place, et idéalement plus de logettes que de vaches.

Etre à jour de l’entretien du robot

Il important de respecter le délai de changement des manchons : il faut compter 2500 traites pour des manchons en caoutchouc, 5000 traites pour des manchons en silicone. Par exemple pour une stalle de 60VL à 2,6 traites/jour il faut changer les manchons tous les 16 jours.

Il faut prévoir le remplacement régulier des produits d’utilisation quotidienne : décontaminant pour les trayons, peroxyde pour la désinfection des manchons entre chaque vache. Un bidon non remplacé immédiatement et la situation peut vite devenir critique !

Faire un point régulier avec son vétérinaire

Si les traitements en lactation ne sont pas efficaces, ou si la guérison au tarissement est inférieure à 50%, il est important de revoir le protocole de soins avec son vétérinaire. Si besoin, il peut être intéressant de faire des analyses bactériologiques.

Réformer les vaches incurables

Réformer rapidement les vaches incurables permet de diminuer la pression sanitaire et de réduire le risque de contaminations croisées. Le coût d’une mammite, en comptant le lait jeté, s’élève à 250€. Toujours envie de garder Marguerite qui récidive pour la 5ème fois ?

 

En effectuant avec rigueur un suivi régulier du troupeau laitier grâce aux nombreuses possibilités qu’offre le logiciel de traite robotisée, il est tout à fait possible d’être à moins de 100 000 cellules en robot de traite !

 

Et vous, ou se situe votre élevage ?

Analyse des niveaux cellulaires des élevages Fidocl

Les élevages robot de la fidocl ont 6% de cellules de plus que les autres, le problème est accru pour les primipares (+25%)

 

Marion Paris, ACSEL Conseil Elevage pour le groupe robot FIDOCL

 

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