Les fourrages représentent 60% à 70% de la MS de la ration. C’est pourquoi il est important de connaitre les tendances de ses propres foins pour ajuster sa complémentation.
Résultats des analyses de foins sur nos départements :
En 2019, 281 foins de notre zone Fidocl ont été analysés au laboratoire régional Cesar. Les valeurs alimentaires moyennes sont présentées dans le tableau ci-contre.
Ces valeurs alimentaires dépendent du stade de récolte, de la composition botanique de la prairie, et des conditions de fenaison.
Plusieurs typologies sont présentées dans ce tableau :
- Trois coupes de luzerne, dont une ventilée (2nde coupe)
- Prairie temporaire de légumineuses : au moins 2 espèces parmi : luzerne, trèfles (violet, blanc, incarnat), sainfoin, lotier
- Prairies temporaires graminées : au moins 2 espèces parmi : ray grass, dactyle, fétuque, brôme
- Association : 1 graminée et 1 légumineuse
- Prairie Multi-Espèce (PME) : au moins 3 espèces dont au moins 1 graminée et 1 légumineuse
- Des prairies naturelles de plaine et de montagne
De manière générale, les fourrages secs récoltées en 2019 affichent des valeurs en protéines (MAT) faibles. En revanche, les valeurs énergétiques (UFL) sont encourageantes.
Les luzernes ont une teneur en MAT assez limitée, quel que soit le stade. Si c’est le seul fourrage composant la ration, il faudra prévoir une complémentation à au moins 18% de protéines brutes. L’intégration d’un autre fourrage est envisageable s’il est plus riche en protéines. Cependant, les valeurs en UFL restent bonnes, voire excellentes sur les luzernes ventilées. Il ne sera donc pas nécessaire de forcer les apports en énergie par rapport aux années précédentes. Les 2ndes et 3eme coupes ont une très bonne digestibilité, la 1ere est logiquement un peu moins digeste.
Concernant les prairies temporaires de légumineuses, on retrouve les mêmes tendances : les valeurs de cette année sont assez basses en MAT, mais se rattrapent en UFL. On peut avancer les mêmes préconisations que pour les foins de luzerne. En revanche, veillez à utiliser préférentiellement une complémentation supérieure à 20% de MAT.
Pour ce qui est des prairies temporaires de graminées, les valeurs en MAT sont très basses, la complémentation doit intégrer des aliments à forte valeur en protéines et contenant de l’azote soluble (type tourteaux). Dans la mesure du possible, ce foin ne devrait pas être le fourrage principal de la ration : mieux vaudrait opter sur un foin contenant des légumineuses. Là encore, les valeurs UFL sont bonnes.
Pour les associations et les multi-espèces, les résultats en MAT sont très décevants. Ils dépendent évidemment de la composition des prairies (proportions légumineuses/graminées). Néanmoins, l’avantage de ces fourrages est leur fibrosité chimique (NDF) et leur bonnes valeurs énergétiques. Ils peuvent être intégrés à des rations limitées en fibres, de façon à les sécuriser. Par leur appétence, les espèces semées sur ces prairies peuvent stimuler l’ingestion des fourrages et assurer une meilleure stabilité ruminale.
Enfin, les prairies naturelles sont plus basses qu’habituellement en protéines, autant en plaine qu’en montagne. Très fibreux et encombrants, ces fourrages sont adaptés à la période de tarissement. Pour les éleveurs ne disposant que de ce fourrage, le seul levier sera d’adapter la complémentation en protéines avec là encore des aliments riches en protéines solubles (>à 24%).
Ces tendances sont évidement générales, il est nécessaire de réaliser vos propres analyses fourrage afin d’équilibrer vos rations tout au long de l’année.
Alessio Moro, ADICE