Francis VIAL conduit un troupeau de 45 montbéliardes sur la commune de la Saint Didier de la Tour en Isère. L’éleveur cherche à optimiser au maximum l’herbe au printemps pour réduire les coûts alimentaires. Après plusieurs années de suivie de la pousse de l’herbe avec l’aide de son conseiller d’élevage, Francis VIAL arrive ainsi à tirer le meilleur partie de ses 11 ha de prairies. Au final, 25 kg de lait sont produits avec de l’herbe pâturée pendant les 3 mois de printemps.
Une mise à l’herbe précoce est essentielle
Les prairies situées autour des bâtiments sont divisées en 7 parcelles d’environ 1,35 ha chacune, avec un point d’eau accessible dans chaque paddock. La mise à l’herbe est précoce, autour du 10 mars en règle générale, sur une herbe à peine décollée (4-5 cm de hauteur d’herbe) et dès que le sol est portant. En effet, pour bien préparer la transition alimentaire, la vache doit déjà pâturée avant la pousse de l’herbe. Au début, les animaux sortent seulement 2 heures, puis une demi-journée complète. Au bout d’un mois, les vaches pâturent nuit et jour.
Eviter le gaspillage
Pour maintenir le niveau de production du troupeau à 25 kg de lait, les vaches consomment exclusivement une herbe jeune, de 7 à 10 cm de hauteur maximum et retournent dans les mêmes parcelles tous les 21 à 30 jours (suivant la vitesse de la pousse de l’herbe). Au-delà de 15 cm (à mi mollet des bottes), l’herbe est fauchée pour produire un enrubannage d’excellente qualité. Lorsque le pâturage permet d’assurer une ½ ration aux vaches, l’éleveur n’hésite pas à rationner les parcelles pâturées au fils déplacé matin et soir. En augmentant le chargement instantané aux prés on limite les risques de refus, les vaches consomment une herbe jeune et riche et on gagne en stock en débraillant plus aisément des parcelles pour la fauche.
Cette optimisation de la pâture est gagnante, puisque l’éleveur limite la complémentation à l’auge avec seulement 3 à 5 kg de MS de maïs ensilage et moins d’1 kg de tourteau du 15 avril au 15 juin. Les constats d’alimentation réalisés par le contrôle laitier en témoignent :
D’avril à juin, la ration des vaches se résument à de l’herbe pâturée, 500 gr de tourteau tannée, 15 kg d’ensilage maïs et 2 kg de foin de luzerne (pour apporter la fibre). La ration au printemps coûte 70 €/1000 l contre 130 €/1000 l en hiver.
Au final, le pâturage permet de sortir entre 6 à 7 de MS d’herbe pâturée sur des terres à réserve utile très limitée et de produire du lait à un coût réduit.
L’herbe, ça se cultive
Les prairies sont renouvelées tous les 6-7 ans en général. L’éleveur implante un mélange comprenant 10 kg fétuque à feuilles souples, 10 kg de dactyle tardif, 5 kg de RGA et 2 kg de trèfle blanc. Ce mélange convient à ce type de sol précoce à caractère séchant. Avec des variétés à feuilles souples, les fétuques élevées sont aussi bien consommées que les RGA. Afin de maximiser la pousse et la consommation d'herbe jeune, des opérations d'entretien sont réalisées régulièrement : un passage d’émousseuse a lieu à la sortie de l’hiver, une fauche des refus est réalisée tous les deux passages de pâture, en alternance avec un passage d'herse ébouseuse. Quand les refus sont trop abondants, ils sont ramassés.
Les parcelles sont chaulées tous les 3 ans pour maintenir un PH du sol de 6,5 et un passage d’émousseuse a lieu à la sortie de l’hiver. La fertilisation se résume à seulement 2 apports de 30 / 35 kg d’azote au printemps (une fois fin février-début mars sous forme ammonitrate, une fois au cours de la deuxième quinzaine de mai sous forme d'urée). Il n'y a pas d'apport d'engrais de fond : les déjections apportées par les vaches lors de la pâture suffisent. L'herbe pâturée est une culture à part entière qui nécessite des soins et un temps de travail relativement important. En contrepartie les animaux bénéficient d'une herbe de haute qualité alimentaire : 0,9 à 1 UFL et 90 à 100 PDI / kg de MS (du moins pendant les mois durant lesquels il ne fait pas trop chaud)
Ce qu’il faut retenir
- Une mise à l’herbe précoce est essentielle
- Faire pâturer une herbe jeune toute la saison
- Maximum 2 à 3 jours sur la même parcelle
- Réserver à la fauche les parcelles trop avancées (hauteur d’herbe supérieure à 15 cm)
- Retour sur les mêmes parcelles tous les 3 à 4 semaines
Michael Bonnault, Isère Conseil Elevage
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