Une gestion optimisée du pâturage permet d’offrir aux vaches un fourrage aussi riche qu’un concentré. L’herbe pâturée est l’aliment le moins coûteux disponible sur l’exploitation. Elle bénéficie également d’une excellente image auprès des consommateurs. Son intérêt est donc indiscutable. Cependant, pour les troupeaux de plus de 70 VL, les contraintes liées à son utilisation conduisent certains éleveurs à se tourner vers le zéro pâturage. Des solutions existent pour concilier pâturage et grands troupeaux.
Gérer les contraintes quotidiennes
Pâturer le jour au printemps puis la nuit l’été
Alimenter un troupeau de vaches laitières exclusivement avec de l’herbe pâturée nécessite une surface de 30 ares / vache au printemps. Avec plus de 70 vaches en lactation, il faut au minimum 21 ha en herbe autour des bâtiments. Peu d’exploitations disposent d’un tel parcellaire. Le pâturage à mi-temps, la journée ou la nuit, avec une demi-ration à l’auge est une solution intéressante. En période chaude, le pâturage de nuit améliore considérablement le confort des animaux.
Des parcelles de grande taille
Un hectare minimum est nécessaire pour 70 vaches, 1,5 ha pour 100 vaches car plus le troupeau est grand, plus le piétinement est fort. Sur des parcelles de petite taille, une partie de l’herbe sera dégradée par le passage des animaux et les points d’abreuvement. Il faut également apporter un soin particulier aux chemins d’accès. Ils doivent être stables et assez larges (3 m) pour préserver les pieds et éviter les bousculades.
L’herbe est le complément idéal du maïs
L’herbe jeune, riche en azote soluble s’adapte parfaitement à la complémentation du maïs et permet de réelles économies en correcteur azoté. Au pâturage, le suivi du taux d’urée est un bon indicateur pour gérer l’apport de tourteau. Un taux supérieur à 350 mg/l doit inciter à réduire progressivement la complémentation en azote.
A partir de 100 vaches, un lot à l’auge et un autre à l’herbe
Une solution adaptée au maintien du pâturage est la constitution de deux lots. Les plus fortes productrices peuvent être conduites en zéro pâturage avec une ration 100 % stock (coût moyen de 120 € /1000 litres). Les vaches en fin de lactation sont à l’herbe. La pâture gérée de manière efficace, mise à l’herbe précoce et retour rapide, sur les parcelles, permet de couvrir sans concentré une production de 20 litres de lait à un coût de 30 €/1 000 litres. Le bâtiment doit être adapté pour que les deux lots puissent accéder aisément à la salle de traite.
Patrice Mounier, Haute-Loire Conseil Elevage
« Gaec de la Pensée, Monistrol-sur-Loire (43)
Le pâturage toujours au programme
Avec le regroupement de deux exploitations, le GAEC de la Pensée devrait compter une centaine de vaches au début 2013. Ce printemps les deux troupeaux ne sont pas encore réunis. L’année prochaine toutes les vaches en lactation seront dans le même bâtiment. Pour ces éleveurs, le maintien d’une partie d’herbe pâturée dans la ration est une priorité.
Pourquoi tenez-vous à maintenir la pâture dans l’alimentation des vaches traites ?
L’aspect économique est important. Le coût de production de nos fourrages est élevé alors que l’herbe ne coûte rien. Faire pâturer, c’est rentable. Avec une ration mixte, moitié à l’auge moitié à l’herbe nous maintenons sans problème notre niveau de production en réduisant fortement la quantité de tourteau. On aime aussi sortir les vaches. Dehors elles sont bien, il y a moins de problèmes de pieds.
Comment conduisez-vous le pâturage ?
Cette année nous avons mis en place le pâturage tournant avec 60 vaches sur 15 ha. Les parcelles sont proches du bâtiment. La nuit elles restent dedans, avec une ration composée de 8 kg de MS d’ensilage de maïs, d’1 kg de fibres avec céréales et tourteau en concentrés . Nous avons lâché le 17 mars, au 4 mai nous débutions le troisième tour, tout se passe bien. Nous n’avons pas de repousses d’herbe à proximité des bâtiments, fin juin nous risquons de manquer d’herbe.
Comment allez-vous gérer le pâturage l’année prochaine ?
Avec 90 vaches traites ça va être plus compliqué, la conduite en deux lots semble obligatoire compte tenu des surfaces pâturables. 40 vaches en début de lactation resteront dedans, les 50 autres pâtureront avec un complément à l’auge comme cette année. Notre bâtiment se prête assez bien à la constitution de deux lots mais un aménagement de l’aire d’attente sera nécessaire.
Propos recueillis par Patrice Mounier, Haute-Loire Conseil Elevage
Voir aussi :
- Alimentation et robot de traite : des enjeux importants
- Une mise à l'herbe précose rime avec efficacité alimentaire.