Un méteil protéique récolté précocement à l’auto chargeuse, démonstration au Gaec du Terron (38)

Sébastien LOUP du Gaec du Terron nous présentait le 19 mai dernier (lors de la journée Innov’Action organisée par la Chambre d’Agriculture de l’Isère) ses stratégies pour développer l’autonomie alimentaire et protéique de son élevage (85 vaches montbéliardes, 160 ha, secteur St jean de Bournay) : réduction du maïs ensilage, développement des luzernes et méteils précoces, maïs grain humide. Retour en image sur la récolte du méteil.

 

Un méteil féverole-vesce-pois-avoine

Sébastien sème deux méteils différents. L’un « classique » céréales-vesce-pois récolté courant juin, l’objectif est de disposer d’un fourrage grossier et équilibré pour les génisses. Le deuxième est totalement différent dans la composition et la date de récolte. Le mélange semé autour du 15 octobre est composé de féverole (60 kg/ha), vesce commune (20 kg/ha) + pois fourragers (60kg/ha) et avoine (20kg/ha). C’est un mélange très riche en légumineuses et protéagineux. La féverole assure le rôle de 1° tuteur, l’avoine plus tardive se développe au printemps et prend le relais. La récolte est précoce courant mai aux premières fleurs du pois pour avoir un fourrage très riche en protéine (>20 MAT). La récolte précoce permet d’implanter derrière le méteil un maïs, sorgho ou un soja. Le sol est très propre, facile à travailler, l’implantation en semis direct est ainsi possible.

 

 

 

Récolte à l’autochargeuse

Sébastien a investi cette année dans une autochargeuse de 30 m3 de manière à pouvoir récolter rapidement et facilement trois coupes de luzerne, plus les méteils en ensilage. Ce n’est pas moins de 100 ha qui sont ainsi prévus d’être récoltés cette année.

Le méteil, qui faisait environ 1m à 1m20  de haut mais peu versé malgré les pluies du mois de mai, a été fauché le mercredi 25 mai en début d’après-midi. Le fourrage était très humide car il avait encore plu la veille. Ce fourrage très dense et compact n’a pas posé de problème de fauche. L’avancement était de 8km/heure  (6 km/h dans les quelques zones versées) avec une faucheuse frontale de 3m de large soit 25’ à 30’ par ha. L’objectif sera de faucher en 6m de large (faucheuse frontale + latérale).

video fauche méteil

Faute de temps, les andains n’ont pas pu être rassemblés comme prévu. La récolte s’est effectuée à partir du vendredi soit environ 48h après la fauche. Vitesse d’avancement plus rapide 8 à 9 km/heure soit une récolte en 45’ par hectare transport compris. Le tassage s’effectue normalement au silo avec un tracteur munis d’un chargeur. La luzerne ensilée a été mise en fond de silo et le méteil ensilage dessus. Pour récolter 21 ha de luzerne et 13 ha de méteil, il aura ainsi fallu 2 jours complets. La récolte et le tassage mobilise seulement 2 personnes.

vidéo autochargeuse au tas d'ensilage

 

 

 

 

 

 

Près de 6 tonnes de MS/ha pour un fourrage à 17% de MAT

Sébastien a récolté 60 autochargeuses de 25 à 30 m3 sur 34ha soit en moyenne 45 m3 par hectare. Avec une densité au m3 de 300 à 400 kg, on peut estimer le rendement moyen de 15 à 18 t brute/ha. Avec une MS moyenne de 35%,  le rendement à l’hectare est proche des  6 t MS donc plutôt élevé.

L’objectif était de récolter 10 à 15 jours plus tôt pour viser un maximum de protéines. Le mauvais temps a décalé le chantier. Aussi les valeurs nutritives sont légèrement décevantes malgré une composition du méteil à la récolte très typé « protéines » : 15% féverole, 30% vesce et 40% pois.

L’objectif de Sébastien est d’augmenter la part de l’herbe dans la ration et diversifier les sources de protéines de manière à réduire les besoins en correcteurs azotés. Avec un fourrage à plus 17% de MAT ce premier objectif est atteint. Ces fourrages (méteil+luzerne) sont pauvres en énergie mais ils seront facilement corrigés par l’apport de maïs grain humide.

Une analyse plus complète des autres chantiers de récolte, de la conservation des ensilages et des coûts sera conduite prochainement pour bien mesurer la pertinence de cet assolement et mode de récolte.

 

Thomas BERNARD, Isère Conseil Elevage

Le 1° juin 2016

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