Travailler sur ses coûts de production caprins

Les conseillers caprins de la FIDOCL utilisent l’outil « coût de production » de l’Institut de l’Elevage, pour permettre aux éleveurs qui s’intéressent à l’économie de leur atelier, de connaître les points faibles sur lesquels des progrès sont possibles. Retour sur l'expérience ardéchoise ...

Un travail dans ce cadre a été conduit par Ardèche Conseil Elevage auprès de 10 élevages livreurs du département. Les postes de charges ont été analysés en les ramenant aux 1 000 litres de lait livrés, avec un point tout particulier mis sur les charges d’alimentation. La présentation a permis à chaque éleveur de se situer et d’apprécier les postes à améliorer. L’étude des produits de l’atelier a également été présentée, en approfondissant la partie « paies de lait ».

 

Première rencontre : se comparer et se donner des pistes de progrès

En préambule, la présentation a permis de situer leur structure par rapport au groupe ; main d’œuvre, cheptel, surfaces, volume de lait livré. La présentation des différents postes de charges et de produits ont ensuite rapidement ouvert des réflexions et discussions entre les éleveurs. Des temps de réflexion entre chaque poste présenté permettaient à chacun de réfléchir pourquoi le critère était bon ou pas sur son élevage.

Tout au long de la présentation, un « plan d’action » était ainsi complété par chaque éleveur, qui a permis aux conseillers d’apporter des points de réponse sur les principaux thèmes soulevés. Etant donné la difficulté de modifier les conditions structurelles de l’élevage, ce sont les critères techniques qui ont souvent été abordés : augmenter le lait par chèvre, augmenter la richesse du lait, améliorer la saisonnalité et baisser le coût de l’alimentation.

 

Deuxième rencontre : approfondissement technique et visite d’élevage

La présentation de ces pistes de réflexion et de quelques réponses techniques ont fait l’objet d’une seconde rencontre, avec la visite d’un élevage en cours de modification sur son système d’alimentation.

Les pistes d’amélioration présentées ont permis, par exemple, de justifier à nouveau l’intérêt de l’insémination artificielle : les comparaisons de résultats sur premières lactations montrant un progrès de 20 litres de lait et de 0,6 points de TP. Des comparaisons d’utilisation de différents aliments concentrés ont aussi ouvert des pistes d’économie : utilisation de céréales pour baisser le coût de l’énergie, ajout de matière grasse pour augmenter le prix du lait grâce au TB.

 

Projet de séchage en grange : "faire du lait avec son foin"

La visite de l’élevage de Christelle DORNES et Nicolas SOUBEYRAND a ensuite permis de présenter la démarche de ces jeunes éleveurs pour améliorer notamment les charges d’alimentation de leur cheptel.

Installés depuis 10 ans sur Lamastre, avec un troupeau de 160 chèvres, la production est basée sur une forte performance laitière, soit environ 1 000 l par chèvre. Mais la récolte des foins en traditionnel ne permettant pas des valeurs alimentaires élevées, les éleveurs s’étaient tournés vers l’achat de foins de luzerne de la vallée du Rhône.

Des constats sont alors apparus leur laissant une forte insatisfaction :

  • Impossible d’utiliser les foins de prairies naturelles dans leur planning d’alimentation
  • Coût de l’alimentation élevée
  • Forte dépendance et autonomie alimentaire très faible
  • Impression que la qualité des fourrages achetés se dégrade au fil des années.

L’idée du séchage en grange leur trottant dans la tête, un essai avec du matériel de « bricolage » est réalisé en 2013, laissant une très agréable impression. Après une étude sérieuse, l’investissement dans une turbine et deux cellules est réalisée en 2014. Parallèlement, il est prévu un défrichement sur 2,5 ha et une amélioration de la conduite de la surface fourragère pour augmenter la production fourragère de l’exploitation.

Le premier bilan sur 7 mois de lactation est positif, malgré un choix d’amortissement rapide de l’installation :

  • Production laitière aussi élevée, avec des TB en légère baisse mais des réglages dans la complémentation énergétique sont à faire.
  • Préférence des chèvres pour le foin séché par rapport au foin de luzerne.
  • L’économie de l’achat de foin de luzerne permet de dégager un petit bénéfice
  • Forte satisfaction des éleveurs de « faire du lait avec notre foin ».

L’objectif est maintenant d’être autonome en fourrages en supprimant totalement l’achat de foin de luzerne, augmenter le niveau de production en réalisant aussi des économies sur l’achat de concentrés.

 

Vincent Desbos, Ardèche Conseil Elevage

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