Travail - Comment remplacer l’irremplaçable ?

Le départ, subi ou anticipé, d’un associé ou d’un salarié est toujours l’occasion pour les éleveurs de revoir le fonctionnement de leur exploitation ou de leurs ateliers.

 

 

 

Des solutions diverses à combiner

Plusieurs solutions sont envisageables : embaucher un salarié ? automatiser ou optimiser certaines tâches ?  Améliorer les conditions de travail ? Réduire un atelier ? Si le choix est fait de garder la dimension économique actuelle et donc la dimension des ateliers, trois leviers existent pour palier au départ d’un associé ou salarié : la main d’œuvre, la conduite technique du troupeau et les équipements. Chaque éleveur choisira un ou plusieurs leviers en fonction de ses besoins et objectifs de production. Dans tous les cas il faudra retrouver un nouvel équilibre.

Recruter, déléguer, oui mais comment ?

Lors du départ d’un salarié ou d’un associé, l’une des premières solutions envisagées est de recruter. Cette solution, la plus logique, est loin d’être évidente. Trouver un associé, en général hors cadre, n’est pas toujours facile. Certaines démarches existent afin de faciliter la mise en relation entre les éleveurs et les personnes ayant un projet d’installation (répertoire départemental à l’installation, stage parrainage etc). Il faut aussi réunir plusieurs conditions pour proposer un projet attractif pour le futur associé (reprise de capital, rémunération, conditions de travail, développement futur, voire logement). Le recours au salariat, partagé ou en propre, est intéressant. Cela peut-être aussi une solution transitoire avant une association future. Les éleveurs peuvent également faire le choix de diminuer la charge de travail sur l’exploitation en déléguant certaines tâches à des entreprises extérieures (chantiers de récolte ou travail du sol par exemple) ou en intégrant une CUMA.

Simplifier la conduite technique du troupeau

Certains élevages mettent en œuvre des solutions portant sur la conduite technique du troupeau laitier afin de modifier l’organisation du travail. Le regroupement de vêlages sur une seule période de l’année est une pratique mise en place afin d’ajuster la production en fonction des ressources fourragères disponibles. Cette pratique induit des pointes de travail à des périodes clés (insémination, vêlages, traite etc.) et sa réussite passe par la maîtrise de la reproduction du troupeau. Mais elle permet de libérer du temps à d’autres périodes. Afin de réduire le temps consacré à la distribution de l’alimentation, certains éleveurs font le choix de la ration complète. Pour les génisses la distribution 3 fois par semaine d’une ration mélangée peut aussi être envisagée.

Equipements et bâtiments, trouver le bon compromis

De plus en plus d’élevages se tournent vers l’automatisation et l’adaptation de leurs bâtiments pour faciliter le travail et réduire la pénibilité. Les investissements envisagés concernent principalement la traite : mise en place de robot de traite, rénovation de la salle de traite. Cela concerne également la conduite du troupeau : mélangeuse, DAC, repousse fourrage, racleur automatisé, détecteur de chaleur etc. De nombreux élevages construisent également des nurseries plus adaptées à la santé des veaux et à l’élevage des génisses. En effet, un environnement idéal pour les veaux permet d’avoir des animaux en meilleure santé et de gagner du temps sur le soin des veaux (veaux moins malades etc.). La mise en place de DAL ou investir dans un taxi à lait permet également d’économiser du temps. Attention toutefois ces équipements permettent des gains de productivité et réduisent l’astreinte mais ne remplacent par l’œil des éleveurs et la présence quotidienne. Les investissements ne doivent pas se traduire par une hausse des volumes et donc du travail global !

 

Témoignage

GAEC du Ventadou, famille Job – Celoux (15)

« Anticiper le départ d’un associé est la clé pour une sérénité future »

Anthony est associé avec sa mère Marie-Thérèse et sa femme Blandine sur une exploitation de 90 Montbéliardes et environ 60 génisses sur 137 ha majoritairement en herbe (20 ha céréales et 16 ha maïs). Un petit troupeau de 20 vaches Aubracs pâture les surfaces éloignées non mécanisables.

« Lors de l’installation de Blandine en 2018, nous avions prévu d’investir dans un DAL. Jusqu’ici c’est Marie-Thérèse qui faisait boire les veaux. Etant donné qu’elle doit prendre sa retraite fin 2023, nous avons anticipé son départ en mettant en route le DAL en janvier 2021 ».

Comment vous organisez vous autour de ce DAL ?

« Tous les veaux naissants reçoivent du colostrum en biberon et passent systématiquement au bout de 5 jours dans les parcs où est installé le DAL. Les veaux sont séparés en deux parcs : un parc pour les mâles et un parc pour les femelles. C’est un DAL mixte qui permet de travailler soit avec du lait entier soit avec du lait en poudre. Nous paramétrons en fonction du sexe et de l’âge des veaux un plan d’allaitement. Une fois que le numéro de boucle est enregistré dans le DAL, celui-ci distribue la quantité exigée au veau en fonction de son âge. Le plan d’allaitement commence à 2L tous les 3 à 4 heures, jusqu’à 8L par jour pour les femelles. Dans les parcs, les veaux ont accès à du foin et de l’aliment en plus du lait ».

 

Quels sont pour vous les avantages et inconvénients de ce dispositif ?

« Le DAL permet de réduire l’astreinte de la buvée des veaux à heure fixe. Les veaux sont moins malades et ont de meilleures croissances de 0 à 2 mois. Cela procure moins de stress également pour les femelles. Il distribue un lait à bonne température. C’est cependant un outil qui doit être lavé régulièrement pour garantir une bonne santé des animaux. Un cycle de lavage se lance deux fois par jour et nous nettoyons le DAL 2 à 3 fois par semaine l’hiver et tous les deux jours en été. Malgré l’astreinte en moins, cela demande tout de même de la surveillance pour vérifier que chaque animal boit bien ce qu’il faut ».

 

Quels sont vos futurs projets sur l’exploitation suite au départ prévu de Marie-Thérèse ?

« Nous souhaitons investir dans des logettes pour le couchage des vaches laitières (en aire paillée aujourd’hui) pour réduire le travail. Concernant les velles et les génisses, nous avons pour le moment adapté le bâtiment existant mais ce n’est pas idéal avec de la concurrence entre les génisses d’âges différents. L’idée serait de pouvoir créer une nurserie, en dehors du bâtiment des laitières afin d’avoir une ambiance adaptée à ces catégories d’animaux. Nous souhaiterions également embaucher un salarié à mi-temps (en partage avec une autre exploitation par exemple) ou un salarié ponctuel pour les grosses périodes de charge de travail (40 jours par an environ).

 

Elisabeth BONNAL Cantal Conseil Elevage

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