Traitement antibiotique au tarissement : Oui mais sous condition !

Le traitement sélectif limite la consommation d’antibiotiques, l’antibio-résistance et les risques de résidus dans le lait.

Les traitements au tarissement ou en lactation représentent 70% des antibiotiques utilisés en élevage laitier. Le défi du plan Eco Antibio 2017 a été relevé haut la main, puisque la consommation d’antibiotiques en élevage a été réduite de 36% (objectif fixé à 30%) !

 

Traiter sélectivement, c’est s’adapter à la vache

Le traitement systématique a été longtemps considéré comme la seule solution efficace, mais on administre des antibiotiques dans de nombreuses mamelles saines, favorisant ainsi l’antibio-résistance. En effet, 97% des vaches en dessous de 100 000 cellules ne présentent aucune bactérie dans la mamelle. En revanche au-delà de 100 000  et jusqu’à 200 000 cellules, 18% seulement des mamelles sont saines. Le traitement sélectif permet  de ne traiter que les vaches infectées avec un antibiotique ou autre, en prenant en compte les risques présents sur l’exploitation. Cette pratique permet de diminuer d’environ 50% l’usage d’antibiotiques au tarissement.

Tarissement sain + bâtiment sain = mamelle saine !

Outre les règles d’hygiène lors du tarissement : trayeur propre, mains propres et si possible désinfectées, environnement calme et propice à la concentration, trayons désinfectés individuellement ; les facteurs de risque  « troupeau » doivent être évalués.

  1. Mes taries sont-elles séparées des vaches en lactation ?

Le jour du tarissement, éloigner la vache du bruit de la machine à traire et du rythme de ses congénères favorisera l’arrêt de la lactation. La ration doit être adaptée aux vaches taries pour éviter les œdèmes ou  la cétose en début de lactation.

  1. Le logement des taries est-il adapté ?

La zone de couchage doit être propre et saine, aussi bien au pâturage qu’en bâtiment, la surface de couchage doit être suffisante : une logette par vache, réglée correctement, au moins 6m² par vache en aire paillée. L’entretien de la zone de couchage doit être quotidien (paillage, raclage), le bâtiment doit être correctement ventilé, les  courants parasites éliminés …

  1. Quelles sont les vaches à risque ?

Les facteurs de risques individuels à prendre en compte sont les caractéristiques physiques : plancher mamelle, lésions des trayons, perte de lait… ainsi que les évènements de la lactation, mammites et cellules.

Le tarissement est une phase à anticiper, en combinant les caractéristiques physiques de l’animal ainsi que les facteurs de risques environnementaux liés au bâtiment. L’outil « Traitement sélectif au tarissement » regroupe toutes ces informations et permet de gagner du temps dans la réflexion et l’application.

 

Déborah CADOT, Florine DAMIANS, ACSEL Conseil Elevage

 

Gaec de Denizet, Montpont-en-Bresse (71)

Peu d'antibiotiques, peu de mammites, peu de cellules et un tarissement réussi

95 vaches Montbéliardes à  8 600 kg/VL, 900 000 L de référence.

Moyenne comptages cellulaires au contrôle de performance en 2018 : 182 000 cellules.

Nombre de mammites cliniques en 2018 : 10

 

Pourquoi avoir choisi le traitement sélectif au tarissement (TST) ?

La réduction de l’usage des antibiotiques était dans l’air du temps. Et nous utilisions un produit de tarissement avec un long délai d’attente, l’appréhension de contaminer le tank était permanente ! L’appui de notre conseillère d’élevage et des vétérinaires nous a permis de sauter le pas.

 

Comment appliquer vous le TST ?

Nos pratiques le jour du tarissement sont rigoureuses : hygiène des trayons, vaches  isolées du troupeau, surveillance de l’évolution des mamelles, enregistrement de la date de  sur un carnet sanitaire qui reste en salle de traite.

Nous utilisons le protocole de soins établi par nos vétérinaires suite à la formation commune d’ACSEL Conseil Elevage et du cabinet vétérinaire sur le TST. L’outil « traitement sélectif au tarissement » présent dans Mil’klic synthétise toutes les informations nécessaires sur les vaches : comptage cellulaire au cours de la lactation, mammites cliniques, état des trayons et de la mamelle  ou encore tendance à perdre le lait. Après avoir rempli ces informations, l’outil nous indique si la vache à tarir a uniquement besoin d’un obturateur (comptage cellulaire des 3 derniers contrôles < 100 000) ou bien si elle a besoin d’antibiotique en plus de l’obturateur.

 

Quel bilan tirez-vous du tarissement sélectif ?

 En 2017 le taux de guérison au tarissement était de 85.7% et le taux de nouvelles infections de 12.5%. En 2018, le taux de guérison n’a pratiquement pas évolué (83.3%), le taux de nouvelles infections a diminué de moitié pour arriver à 6.3% ! Nous sommes perturbés par la rupture de stock des obturateurs que nous connaissons en ce moment, pouvant conduire à un tarissement moins efficace, à des vaches plus exposées aux infections, ainsi qu’à la réutilisation d’antibiotiques.

 

Propos recueillis par Déborah CADOT, ACSEL Conseil Elevage

 

 

 

 

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