TOP Alim FIDOCL : Rachel et Franck MOREL, meilleurs éleveurs Montbéliard

Installés dans la Haute Bresse de l’Ain, Rachel et Franck Morel, sœur et frère, élèvent une trentaine de vaches montbéliardes sur environ 70 hectares. La moyenne de l’étable de 7500 kg permet de produire environ 230 000 L de lait livré à la coopérative de Bressor.

Un 2ème atelier complète celui des vaches laitières : un troupeau de 60 chèvres Alpines avec transformation fromagère à la ferme. Pour commercialiser leurs fromages, les associés réalisent des marchés 3 fois par semaine (Pont de vaux, Tournus et Louhans). Un magasin a également été ouvert à la ferme.

 

Du 1er septembre 2012 au 31 août 2013, cet élevage a eu en moyenne seulement 6.3% de ses vaches en alerte alimentation, ce qui est extrémement faible et témoigne d'une grosse maitrise de l'alimentation et de la conduite du troupeau. Cela leur permet de gagner notre concours TOP Alim FIDOCL pour la race Montbéliarde.

Si nous regardons le détail des alertes de cet élevage, sur les vaches en début de lactation, il n'y a eu que 10% des vaches avec des TP faibles, et 3.8% des vaches avec des TB hors normes. Sur toutes les vaches, 9.2% ont été en alerte acidose, et seulement 2.4% en mauvaise efficacité rumenPour mieux comprendre comment sont calculés ces chiffres, et comment lire et valoriser ce graphique, retrouver notre notice explicative.

Ces 2 éleveurs ont un réel savoir faire, que nous vous proposons de découvrir par le biais de l'interview ci-dessous :

 

Quel est votre système alimentaire ?

L’aliment de base des vaches est l’ensilage maïs. Depuis 6 ans, nous incorporons de l’ensilage d’herbe de trèfle violet principalement. L’ensilage d’herbe nous permet d’économiser du tourteau et de mieux équilibrer la ration qui est moins acidogène. Cependant, les terrains ne permettent pas au trèfle de durer assez longtemps. L’année prochaine, il n’y aura donc pas de trèfle. Le foin est donné à volonté, souvent c’est le refus des chèvres qui est distribué. En tourteau, nous utilisons un mélange de matières premières : soja / colza. Les céréales sont toutes produites sur l’exploitation. La ration est distribuée le matin à l’aide d’un godet désileur-mélangeur.

Dès le printemps, l’aliment principal est l’herbe. Nous essayons de valoriser au mieux nos pâtures. Les années précédentes nous arrivions toujours à fermer le silo. Mais avec les nouvelles exigences de la laiterie de produire la même quantité de lait sur toute l’année, le silo de maïs  restera ouvert. Nous allons devoir étaler nos vêlages et donc complémenter les vaches toute l’année. Avant, l’été, nous n’avions pas de vêlages. C’était plus facile pour nous dégager du temps libre.

 

 

 

 

 

 

 

Comment fonctionne votre saison de pâturage ?

Les vaches ont 6 ha à pâturer durant toute la saison. Ces 6 ha sont divisés en 6 parcelles où les vaches restent 3-4 jours, suivant la pousse de l’herbe. La nuit les vaches sont toujours dans la même parcelle à côté de la stabulation pour gagner du temps le matin. Ce système a été mis en place il y a 5-6 ans avec le conseiller du secteur. Nous avons décidé de faire un mélange fétuque des prés, trèfle blanc et dactyle qui marche très bien. Nous arrivons à avoir assez d’herbe durant toute la saison. Le trèfle blanc pousse tout seul dans nos terrains limoneux. Nous avons choisi de ne pas mettre de ray-grass anglais car il est régulièrement affecté par des maladies (rouilles....) à l’automne. Pour sécuriser la pousse de l’herbe, nous fertilisons nos parcelles avec 100 kg d’ammonitrate, 200 kg de 15-21 et 100 kg de chlorure de potasse. Ce système fourrager est performant car il nous permettait de produire le lait sans donner d’ensilage.

 

 

 

 

 

Comment gérez-vous les débuts de lactation et le suivi des génisses ?

En été, le jour du tarissement, les vaches sont mises dans un pré de fauche. En hiver elles ont une ration foin. 15 jours avant le terme, les taries sont rentrées pour être préparées à la stabulation. Elles reçoivent 15 kg d’ensilage maïs, 1 kg de tourteau soja/colza, du foin à volonté et 150 g du minéral des vaches en lactation.

Les débuts de lactation sont complémentées (VL18) suivant leur production de lait. Nous n’utilisons pas de propylène.

Toutes les génisses reçoivent en hiver une ration foin avec une complémentation en VL 18. L’âge moyen de vêlage est environ 2ans ½, ce qui est notre objectif.

Le suivi des génisses est également réalisé avec le conseiller. Des mesures de génisses sont faites plusieurs fois par an pour nous aider à déterminer le bon moment pour l’IA.

 

 

 

 

 

Chiffres clés de l'exploitation

Nombre de vaches :30 VL race Montbéliarde
Niveau étable :7 500 Litres / VL
Taux :39.8 TB et 33.6 TP
Quota :251 000 litres
Ration hivernale :20kg ensilage maïs, 14kg ensilage herbe, 1kg foin, 2kg orge, 1kg maïs grain, 2.5kg tourteau (colza-soja), 250g minéral
Ration estivale :Pâturage à volonté, 15kg ensilage maïs, 1kg foin, 2kg tourteau colza-soja, 2kg orge, 250g minéral
Coût de la ration : 121 €/tonne de lait (moyenne annuelle)
Coût concentrés :61 €/tonne lait
Effectif caprin :58 chèvres alpines
Niveau production caprin : 522 Kg à 32TB et 30.3 TP

 

Quelles sont vos pratiques pour la gestion du troupeau ?

Comme nous avons 2 troupeaux et donc 2 postes de traite avec en plus la transformation, notre principal objectif est de simplifier le travail. Nous voulons faire des choses simples pour gagner le maximum de temps. 

Pour le suivi de l’alimentation, nous regardons beaucoup les taux d’urée. Pour nous, c’est un très bon indicateur d’excès ou de déficit en azote.

Tous les mois, sur le valorisé du contrôle laitier, nous apprécions d'être comparés au groupe pour se situer sur les résultats du contrôle et du coût de ration. Cela  nous permet de voir où nous nous situons.

Pour nous, les taux (TB et TP) sont très importants. L’indicateur acidose est vérifié chaque mois. Nous n’oublions pas les taux cellulaires, un dérapage est vite arrivé.

Pour la reproduction, nous attendons au moins 8 semaines après le vêlage pour inséminer. Nous notons toutes les chaleurs. Nous regardons les indications sur le valorisé et les taux avant de prendre notre décision d’appeler l’inséminateur.

Dès que nous avons des décisions à prendre, nous demandons conseil auprès de notre conseillère du secteur. Tous les mois nous avons rendez vous avec elle. Nous écoutons énormément ses conseils. Nous n’hésitons pas à appeler dès que nous en avons besoin. Cela a toujours été comme cela, avec les conseillers qui l’ont précédé.

 

Propos recueillis par Anne-Cécile Vallot, Ain Conseil Elevage

 

 

 

 

Le regard d'Anne Cécile VALLOT, conseillère d’élevage du secteur

Je tiens d’abord à féliciter les éleveurs pour leurs bons résultats au niveau de l’alimentation.

Ce sont des éleveurs qui sont toujours en alerte aux moindres signes. Ils sont attentifs, observateurs et connaissent bien leurs vaches. De plus, ils utilisent bien les données du valorisé du contrôle.

Depuis que je les suis, le troupeau a toujours été en état. Les vaches sont en bonne santé en général. Il  y a peu de boiteries. La rumination est bonne. Les éleveurs font bien attention à donner de la fibre efficace. Le pâturage est un point clé de l’exploitation qui leur permet de diminuer le coût de la ration. L’objectif est de continuer à valoriser ce système.

Les éleveurs sont à l’écoute de nos conseils et les appliquent toujours. Nous travaillons beaucoup avec eux sur plusieurs points : alimentation ; coût de la ration, prévision de production, suivi des génisses, prévision de sélection, plan de fumure, coût de production. Une réelle confiance a été mise en place entre les techniciens de conseil élevage et les éleveurs. Ce sont des éleveurs qui se remettent souvent en question ce qui leur permet d’avancer. Ils ont une grande charge de travail avec le suivi des 2 troupeaux (vaches + chèvres) et la transformation. Il leur faut donc des conseils qui leur permettent de gagner du temps et éviter de faire de « la petite épicerie ». Certains points restent cependant à améliorer : je pense que le suivi des veaux de 0 à 6 mois est à travailler pour améliorer le niveau du troupeau. La production laitière n’est pas l’objectif prioritaire des éleveurs.

Avec cette mise en avant de leurs bons résultats d’alimentation, le travail des éleveurs est bien récompensé. "

 

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