Témoignages d'éleveurs sur l'automatisation en élevage caprin

Plusieurs témoignages d'éleveurs ont été recueillis autour de l'automatisation en élevage caprin. Vous retrouverez dans cet article les témoignages de GAEC de Griffonney (69), GAEC de Sainte-Croix (43), EARL Comte (07) et GAEC la chèvre Ry (38).

 

 

« GAEC du Griffonney, Longes (69)

3 associés 1 salarié,450 chèvres Saanen,100 vaches laitières, 24 Vaches allaitantes,250 hectares

Gagner du temps en mécanisant la distribution de la ration

Fin 2018, le GAEC Griffonney a investi dans une mélangeuse automotrice de 17 m3

 

Pourquoi avoir choisi ce mode de distribution ?

Pour les chèvres nous étions en système affourragement en vert et ensilage maïs. Parallèlement nous  avons acheté la mélangeuse pour le troupeau de vaches. Nous l’avons rapidement utilisée pour les chèvres pour simplifier le travail et être plus efficace. Nous avons gagné 2h/j tout en réduisant la pénibilité du travail. Aujourd’hui en 30 minutes par jour le troupeau de chèvres est alimenté en un repas unique.

 

Comment se déroule la préparation de la ration ?

La préparation se déroule le matin, après avoir haché le foin, puis mis l’ensemble du concentré et CMV j’enlève les contres couteaux, j’incorpore l’ensilage de luzerne et de maïs ce qui limite la déstructuration du fourrage. La machine pèse les aliments ce qui nous permet d’être précis. De la paille est mis à disposition dans des râteliers.Nous avons plus qu’un seul lot de mise bas ce qui permet de simplifier et d’économiser du concentré. De plus pour amortir l’investissement de l’automotrice nous avons pris la décision d’augmenter notre troupeau. Aujourd’hui je nourri 2 fois plus de chèvres en 4 fois moins de temps.

 

Comment les chèvres se sont-elles comportées ?

J’ai pu remarquer que les chèvres trient beaucoup moins, la ration est plus homogène, avec peu de transition alimentaire (seulement au changement de silo). a vu la production laitière augmenter depuis ce changement de distribution. Finalement le seul inconvénient de cette machine reste le prix…

 

Propos recueillis par Séverine FONTAGNERES, Rhône conseil Elevage

 

« GAEC de Sainte-Croix, St-Just-Malmont (43)

« Un robot  pour diminuer le travail d’astreinte sur l'alimentation des chèvres. »

Les trois associés du GAEC conduisent un troupeau de 70 VL à 8500 kg et 260 chèvres  à 900 kg de lait. Le robot d’alimentation distribue la ration des VL traites, des chèvres  et des chevrettes.

Avant nous passions  trois fois par jour pour les concentrés et quatre à cinq fois pour les fourrages, enrubannage et regain. Le Lely Vector semblait être le plus apte à même de reproduire cette pratique.

 

Quels gains avez-vous enregistré depuis l’installation du robot ?

Tout d’abord il faut préciser que l’investissement approche les 150.000 euros pour le robot. Il a fallu rajouter 70.000 euros pour l’aménagement des bâtiments existants : communication et couverture entre le bâtiment des vaches laitières et celui des chèvres et aménagement de la cuisine pour le stockage des aliments. Pour les chèvres nous avons beaucoup gagné en temps de travail et en souplesse d'organisation, au niveau technique un peu de gain sur les taux mais pas sur la quantité de lait. En revanche sur les vaches laitières nous avons gagné du lait, surtout pour les primipares, les taux ont un peu monté et nous avons des vaches en meilleure santé.

 

Comment gérez-vous le fonctionnement du robot ?           

En hiver nous remplissons la cuisine pour les deux troupeaux environ deux fois par semaine, cela nous prend  deux à trois heures à chaque fois. Ensuite, chaque jour il faut compter cinq minutes pour arranger les fourrages dans les cases. Par rapport à avant c’est un gain de presque 35 heures par semaine, pour la plus grosse partie sur les chèvres.

On a également constaté une économie d’énergie, on passe moins de gasoil et le robot consomme très peu d’électricité.

 

Quels enseignements tirez-vous depuis la mise en service ?

Pour moi, la plus grosse limite sur les chèvres  est la distribution de trop grosses quantités à chaque passage, avec seulement deux ou trois distributions par jour. Avec des quantités plus faible, les chèvres mangeraient plus et feraient mois de refus. Il le fait très bien pour les vaches puisqu'il distribue 6 ou 7 fois en hiver. Si on veut modifier pour le troupeau de chèvres on peut mettre une butée haute à la trappe, mais il sera moins efficace sur les vaches. Difficile de faire mieux si on veut nourrir les deux troupeaux, mais on ne l'aurait pas acheté uniquement pour les chèvres!

 

Emilie TETE, Haute-Loire Conseil Elevage

 

« EARL Comte, Grozon (07)

530 chèvres en AOP Picodon 

Robot distributeur : un gain de temps et de performances

Guillaume a  rejoint l’exploitation de ses parents Brigitte et Gérard en 2009. Pour permettre cette installation, le troupeau a été doublé, les éleveurs ont construit un nouveau bâtiment et se sont équipés d’un robot qui distribue le concentré et repousse le fourrage.  

 

Pourquoi avoir investi dans cet équipement ?

Nous voulions automatiser la distribution pour limiter la pénibilité : dans le nouveau bâtiment, distribuer des seaux sur toute la longueur des couloirs n’était dès le départ pas envisagé. Le but était aussi de pouvoir fractionner les repas : auparavant nous faisions 3 repas maxi contre 5 actuellement. Le robot c’est aussi une fiabilité des quantités distribuées. Enfin, il repousse le fourrage 3 fois/jour, en plus des 2 distributions manuelles de fourrage.

 

Quels résultats avez-vous obtenus avec cet équipement ?

Nous avons réduit la pénibilité et gagné beaucoup de temps ! S’il fallait compter 45 min de temps de distribution par repas de concentrés et 10 min par repousse de foin, ça deviendrait vite chronophage.  Avec le robot, l’efficacité alimentaire est optimisée : fractionner les repas engendre une meilleure efficacité alimentaire et les repousses de fourrage une meilleure ingestion : les performances du troupeau ont été optimisées.

 

Quels sont les avantages/inconvénients que vous pourriez citer ?

C’est un équipement qui a un coût (environ 30 000 €), mais nous l’avons intégré au projet d’installation dès le départ. Nous économisons du temps et de la pénibilité.  Il demande un entretien régulier et il est important de nettoyer les capteurs. L’un des inconvénients : s’il se met en sécurité, il peut s’arrêter pendant une distribution de repas et il faut le débloquer manuellement. Mais au-delà de ça, c’est un vrai confort au quotidien.

Propos recueillis par Florine WOEHL, Adice

 

« GAEC la vhèvre Ry, Siccieu Saint Julien Carisieu (38)

DAC : un nouvel équipement à maîtriser

Le GAEC la chèvre Ry possède un troupeau de 88 chèvres alpines à 870 kg de moyenne et vient d’investir dans un DAC.

 

Pour quelles raisons avez-vous choisi d’investir dans un DAC ?

La première raison de cet achat est que nous avons décidé de revoir notre système d’alimentation avec la mise en place d’un séchoir en grange. Du fait de l’amélioration de la ration fourragère avec le séchage en grange, nous voulions individualiser la ration afin de mieux la valoriser selon le niveau de production des animaux.

De plus, la distribution d’un aliment complet en salle de traite entrainait une perte de temps et le passage en matières premières (3 aliments pour réduire le coût alimentaire) était trop compliqué et très long à distribuer manuellement.

Nous voulions également réduire la pénibilité du travail en  évitant de porter des seaux d’aliments.

Nous avons donc opté pour 2 stations DAC avec l’ajout de 2 silos de stockage et des vis d’alimentation pour un investissement d’environ 32 000 € dont environ 8000€ par station (1 pour 45 chèvres environ).

 

Quel bilan faites-vous depuis sa mise en place ?

Je trouve que le temps d’adaptation des chèvres a été long. Pendant 3 semaines à 1 mois, nous avons identifié les chèvres qui n’allaient pas au DAC à l’aide de colliers et 2 fois par jour après la traite, nous les emmenions manger. Maintenant elles y vont toutes d’elles même.

La mise en route du DAC étant très récente (début 2019), nous attendons la fin de l’année pour faire un point économique.

Si c’était à refaire, nous aurions évité de mettre en route le DAC en fin de gestation car une partie des chèvres ne se lèvent pas pour aller manger au DAC. Si nous avions eu le choix, nous aurions commencé au début du tarissement car il faut bien compter 1 à 2 mois pour ne plus intervenir sur les animaux.

Il faut également éviter de faire tous les changements en même temps. Nous sommes passés d’une alimentation en salle de traite à une distribution au DAC et d’un aliment unique à 3 aliments.

Même si le DAC alerte sur la non consommation des chèvres, il ne faut pas oublier de surveiller son calibrage régulièrement et de prévoir un groupe électrogène en cas de coupure électrique trop longue.

 

Propos recueillis par Benoit DESANLIS, Adice

 

« GAEC Michelier - élevage laitier à Vassieux en Vercors (26)

Automatisation en salle de traite : individualiser les rations tout en gagnant du temps

Fiona est installée en GAEC sur une exploitation comptant 240 chèvres depuis la construction d’un nouveau bâtiment en 2016. A cette occasion la salle de traite a été repensée et un quai de traite automatisé a été installé.

 

En quoi consiste cet équipement et pourquoi l’avoir installé ?

Dans l’ancienne salle de traite, nous utilisions des boites pour distribuer les rations, nous pouvions faire des doses individuelles en fonction du niveau de production. Lorsque l’on a repensé la salle de traite, nous voulions d’abord une sortie rapide, mais alors le rationnement individuel n’était pas possible. Revenir à une ration unique pour tout le troupeau était un vrai retour en arrière. Finalement nous avons choisi d’investir dans une Eurostalle. Ce robot, par identification électronique, permet de donner des rations individuelles de façon totalement automatique. Pour monter, les chèvres suivent le robot au fond du quai. Il lit la puce, distribue la ration prévue et se décale d’une place à chaque fois, permettant à une nouvelle chèvre de se bloquer. A la fin de la traite, une fois les cornadis ouverts, le robot reprend sa route vers l’entrée du quai, poussant ainsi naturellement les chèvres vers la sortie. La montée et la descente des chèvres sont totalement automatisées.

 

Quel retour pouvez vous faire sur cet équipement ?

Je suis vraiment contente de cet outil, ça a été un investissement (un peu plus de 30 k€) mais il a permis de gagner 30 minutes de distribution par jour, sans parler du gain de pénibilité.  Nous faisions le mélange à la main alors qu’aujourd’hui les aliments tombent directement dans le robot depuis les silos. Le fait qu’il aide à la circulation des animaux permet de traire seul et rapidement. L’une des seules améliorations que je note serait d’avoir des auges plus profondes : cet équipement était plutôt pensé pour les ovins au départ. Les chèvres ont un cou un peu plus long et certaines arrivent encore à piquer la ration de leur voisine. Mais cela reste vraiment pour moi un bon investissement, même au moment des mises bas, la traite n’excède pas 1h30.

 

Propos recueillis par Florine Woehl - ADICE

 

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