Témoignage éleveur : de la pulpe de betterave pour corriger mes fourrages 2012

De la pulpe de betteraves pour compléter mes fourrages - Cécile GRAND du GAEC du Pinet, installée à St Didier au Monts d'Or (69)

Exploitation avec 50 vaches Prim'Holstein, pour une production de 9128 kg sur les 12 derniers mois

Pourquoi avez-vous décidé d'acheter de la pulpe de betterave deshydratée ?

Depuis un mois, le niveau de production attendue sur le troupeau était insuffisant. La production moyenne tournait autour de 26 kg par vache. Notre quota nous permet d’avoir pour objectif 30 kg par vache. D’où notre réflexion pour explorer les pistes pouvant faire monter la production. D’autre part, l’autre point faible était la santé des animaux en début de lactation. Malgré un soin plus important apporté à la ration des taries, les animaux démarraient faiblement en lait (30 kg au lieu de 35 kg en moyenne habituellement) et se fragilisaient avec les conséquences habituelles (acétonémie et mammites). J’ai également remarqué sur les fraiches vêlées des taux butyreux très élevés, la moyenne des TB des vaches entre 0-100 jours de lactation étant d’ailleurs à 44 g/kg.

Quelle ration avez-vous mis en place ?

Depuis 5 ans, la ration hivernale des laitières comprend 30 kg d’ensilage de maïs (35% de MS) et 6 à 8 kg de foin (2/3 de foin de luzerne et 1/3 de foin de graminées), 1 kg d’orge, 3 kg de tourteau, 170 gr de CMV et 50 g de sel, le tout distribué à la mélangeuse le matin. Le soir un repas de concentré (mélange de maïs grain/orge et tourteau) est effectué avec un maximum de 3 kg pour les meilleures laitières. Ce système d’alimentation nous a permis d’atteindre les 9500 kg par vache et par an.

En 2011, c’est le maïs ensilage qui était de valeur moyenne. L’apport de 0,5 kg de céréales en plus avait rapidement solutionné les problèmes.

Cette année, chez nous, l’ensilage de maïs affiche de bonnes valeurs avec un niveau UFL supérieur à 0.9 UFL/kg MS. D’ailleurs dès l’ouverture du silo en octobre, les vaches ont conservées leurs productions et fortement augmentées en taux protéique (+ 2 g/kg). Par contre, depuis novembre et le passage avec le foin de 2012, la production baisse et le taux butyreux s’envole (44 g/l ).

Les foins de graminées ont été faits dans des conditions difficiles et leurs manques d’appétence et de valeurs pénalisent cette année la production et la santé des vaches. Le choix a été fait de conserver uniquement la botte de foin luzerne dans la mélangeuse, soit 5 kg par vache, d’arrêter la demi botte de foin de graminée, et de remplacer ces 2 kg de foin par 2 kg de pulpes de betterave déshydratée. La pulpe apporte de la cellulose très digestible que notre foin de 2012 n’a pas capacité à faire.

Qu'observez-vous comme réponse des animaux ?

Chiffres clés de l'exploitation

Nombre de vaches :50 VL race holstein
Niveau étable :9 128 kg / VL
Objectif de la ration huvernale :29 kg lait de lait à 41 de TB et 33 de TP, taux cellulaire < 150 000, et %IA1 > 50%
Ration hivernale :

35 kg ensilage maïs (31% MS)

4,5 kg foin luzerne

2 kg pulpe betterave deshydratée

4 kg correcteur azoté

2 kg orge

coût alimentation :130 €/1000 litres
Coût concentrés :

60 €/1000 litres

Caractéristiques nutritionelles :22 k g MS ingérées, 19% de cellulose brute, 15,9% de MAT, 0.92 UFL, 105 PDIN et 100 PDIE /kg MS

Les résultats sont très encourageants. La production a progressé de 2 litres de lait par vache par jour et redevient conforme aux années précédentes. La dernière analyse de lait est bonne, le taux butyreux est redescendu à 41 g/L (-3g/L), le taux protéique s’est maintenu à 33 g/l et le taux d’urée est monté de 0.17 à 0.25 g/L alors que la correction azotée n’a pas été modifiée. Le taux cellulaire est 150 000. Les vaches retrouvent de l’appétit, les rumens sont remplis, les bouses sont homogènes et de bonne texture, et les vaches sont dynamiques.

Financièrement, pensez-vous avoir amorti l'investissement ?

La pulpe a été achetée à 265€/tonne soit un coût à la vache de 0.53€ par vache par jour. Le prix du litre de lait payé est 0.3€/L en ce moment. Il me faut un minimum de 1,8 litres de lait par vache par jour pour amortir l’investissement. Cela semble bien parti. D’autre part, je suis dans une zone où je peux avoir la possibilité de vendre du foin pour des propriétaires de chevaux. J'estime que mes vaches me rendent bien l’effort financier.

 

Le regard de Patrice DUBOIS, conseiller d’élevage du secteur

"La fragilité des vaches en début de lactation demandait un recalage de la ration. La discussion autour de la pulpe de betterave déshydratée n'est pas d'aujourd'hui.
La qualité des fourrages des années précédentes était suffisante pour assurer un compromis lait et santé. Le manque de digestibilité des fourrages cette année est trop marqué et l'apport de digestibilité dans la ration était indispensable. La ration demandait en terme technique des hemicelluloses, glucides pariétaux très digestibles. Donc, le choix s'est porté sur la pulpe et sur le rééquilibrage de la ration grâce à une visite complète autour de l'alimentation (méthode de suivi labélisée FIDOCL : des fourrages à l'auge et des vaches au tank). Aujourd'hui, la réponse des animaux et surtout des débuts de lactation donne raison. Lait et santé sont de nouveau au rendez-vous.
Un conseil : ne vous précipitez pas . Un temps de réflexion et de reformulation de la ration avec votre conseiller élevage est un moment indispensable.
"

Pour en savoir plus sur la complémentation des fourrages de cette année, retrouvez notre article technique

Rhône Conseil Elevage

 

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