Robots - Qualité sanitaire du lait cru en système robotisé

Avec plus de 80% de lait transformé en fromages AOP ou IGP au lait cru, la qualité sanitaire du lait représente un enjeu majeur pour l’ensemble de la filière laitière des Savoie et à fortiori dans les élevages équipés de robot de traite.

 

 

Le mémoire de fin d’étude ingénieure VetAgro sup mené par Eloise Vignon à Eleveurs des Savoie a mesuré l’impact de la traite robotisée sur la qualité sanitaire du lait et proposé des pistes d’accompagnement pour limiter les risques de contamination du lait.

 

Dégradation des résultats de qualité du lait en système robot

L’étude des résultats du lait de mélange dans 20 élevages montre une tendance à la dégradation de la qualité sanitaire du lait sur l’ensemble des critères après l’installation du robot. Les leucocytes augmentent de +5% et les butyriques de +6%. L’augmentation est plus marquée pour les coliformes et les staphylocoques.

La comparaison des résultats d’analyse de lait de mélange sur l’année 2020 entre les systèmes robots (75 élevages) et les autres systèmes de traite (828 élevages) confirme cette dégradation de la qualité sanitaire du lait pour les systèmes robots et principalement pour les critères coliformes (116.91 contre 66.65 ufc/ml) et Escherichia coli (51.61 contre 22.87 ufc/ml).

Une attention est donc à avoir sur l’état du matériel de traite qui constitue l’origine primaire d’une contamination à coliformes.

 

Attention aux primipares

Le groupe primipare semble plus impacté par l’augmentation des cellules après l’installation du robot de traite. Pour 15 élevages sur 20, 30% des primipares ont un taux cellulaire supérieur à 100 000 contre 9 élevages avant le robot.

 

Viser la propreté des trayons en priorité mais aussi des vaches

L’étude sur la propreté des trayons selon trois réglages pré-traite différents au robot menée sur quatre exploitations ne permet pas de mettre en évidence un réglage préférentiel plutôt qu’un autre pour garantir le maintien de trayons propres.

Les réglages de nettoyage des trayons en pré-traite, même au maximum des possibilités des robots, ne permettent pas de garantir des trayons vraiment propres. Il est donc primordial d’avoir des vaches qui se présentent propres au robot.

Toutefois, l’étude a montré que ce sont souvent les mêmes animaux qui ont tendance à se souiller régulièrement. Il est donc possible de cibler un réglage pré-traite spécifique sur les animaux sales afin de sécuriser la traite sans trop impacter le fonctionnement du robot.

 

 Anne Blondel Acsel Conseil Elevage, à partir du mémoire d’étude ingénieure VetAgro Sup d’Eloïse VIGNON réalisé à Eleveurs des Savoie.

 

 

 

 

 

 

« Anticiper pour mieux gérer les cellules et mammites au robot »

GAEC les Trois Sapins à Nantoin (38)

 

Pour vous robot et qualité du lait, c’est compatible ?

Depuis la mise en route du robot en juin 2020, et malgré notre bâtiment saturé, nous n’avons jamais été aussi bas en cellule.  Nous avons mis des logettes en septembre de la même année car l’aire paillée devenait ingérable malgré un curage tous les 10 jours. Cela a eu un impact immédiat sur les cellules, et surtout les mammites dans l’élevage. Nous sommes passés de plus de soixante mammites par an à une dizaine. Pour preuve, la dernière remonte à octobre 2021 !

L’ambiance bâtiment doit être aussi maitrisée. C’est raclage au tracteur deux fois par jour et paillage et nettoyage des logettes deux fois par jour.

Et au niveau du robot, comment gérez-vous ?

Même principe et rigueur : nettoyage au jet du bras, du plancher et de l’ensemble du robot au moins deux fois par jour. Les manchons sont changés à 2500 traites. Toutes les pièces d’usures sont changées tous les 4 mois. Enfin nous avons aussi la désinfection au peroxyde

 

 

Quels outils de surveillance regardez-vous au quotidien ?

Je me sers beaucoup de la page « Santé du troupeau » sur Delpro où j’ai accès au MDI* ainsi qu’à la conductivité par quartier et au pourcentage de lait attendu. Dès qu’une vache dévie dans un des indicateurs, ça vaut le coup d’aller voir ce qu’il se passe. Et aussi j’ai l’analyseur OCC en mode « réduit », c’est-à-dire qu’il ne prend qu’une analyse cellule par jour sur les vaches sans problème. Cependant, si l’une d’elles monte en MDI il multiplie les analyses. Quand tout va bien c’est environ 30 minutes par jour de surveillance.

Des conseils à donner ?

J’insisterais sur le tarissement. Une vache qui démarre avec des cellules en aura toute sa lactation. Je mets des obturateurs à toutes mes vaches au tarissement en plus d’un traitement différent suivant le taux cellulaire. Pour celles qui ont tendance à engorger facilement ou qui arrive encore avec beaucoup de lait au tarissement j’utilise un produit Bio à base de plantes, comme le persil.  Je pense qu’il faut agir tout de suite. En robot on a la chance d’avoir des données pour anticiper avant que la mammite se déclare. Et c’est une des clés pour éviter les récidives.

* Indice de détection des mammites

Propos recueillis par Katleen PETIT, conseillère spécialisée robot et qualité du lait à ADICE

 

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