Les butyriques sont les ennemis des fromagers. Il suffit de quelques dizaines de butyriques par litre de lait pour provoquer de mauvaises fermentations fromagères (trous, gonflements, mauvais goût). Les points clef pour les maîtriser…
Les butyriques représentent le critère qualité le plus pénalisant après les cellules. Chaque année, près d’un producteur sur trois est pénalisé sur ce critère (moyenne Savoie/Haute-savoie – 2014/2016).
Le cycle à rompre…
La particularité de ces bactéries est de sporuler lorsque les conditions leurs sont défavorables et donc d’être très résistantes. Elles sont naturellement présentent dans la terre et se retrouvent sur les fourrages en plus ou moins grande quantité selon les conditions de récolte (hauteur de coupe, période humide…). En consommant des fourrages contaminés, les vaches ingèrent ces spores. Le rumen regroupe les conditions optimales pour leur prolifération et ainsi, elles se retrouvent dans les bouses. Les bouses sont en moyenne 100 fois plus contaminées que le fourrage consommé.
Au moment de la traite, des particules de bouses se trouvant sur les trayons peuvent passer dans le lait et le contaminer. Les butyriques sont incapables de se multiplier dans le lait, elles proviennent d’une contamination à la traite.
Brancher des trayons propres et secs
Peu importe la technique (lavette individuelle, pré-trempage, paille de bois…) pourvu que les trayons soient propres et secs. Dans le cas contraire, il y a risque de contamination par écoulement des eaux sales. Les lavettes doivent être utilisées en individuelle. Des lavettes sales ne permettent pas de nettoyer, mais au mieux d'étaler les salissures. Si vous utiliser des douchettes, ne pas asperger toute la mamelle et vérifier la pression du jet. Eliminer les premiers jets, souvent chargés en butyriques, est une mesure simple à mettre en place. Eviter les ambiances poussiéreuses pendant la traite (ne pas distribuer de fourrage pendant la traite, vérifier la ventilation,…)
Attention aux accidents lors de la traite
Les chutes ou glissements de manchons en cours de traite sont une source importante de contamination. Votre machine à traire est-elle bien réglée (contrôle Optitraite) ? Favoriser une traite calme (lutte contre les mouches, gestion des génisses…). Garder le lieu de traite propre, en cas de bouses pendant la traite, les éliminer rapidement et nettoyer les griffes.
Ces mesures d’hygiène à la traite sont primordiales mais pas forcément suffisantes. Il faut rechercher les points critiques en amont.
Des vaches propres
Quel que soit le logement, c’est la propreté des vaches qui influe le plus sur la contamination en butyrique du lait. En été, faire attention aux points surfréquentés (zones d’ombre, accès au parc, parc de nuit…) et aux zones humides (accès aux abreuvoirs, cours d’eau…). L’entretien des bâtiments conditionne également beaucoup la propreté des animaux. Afin de garder les animaux plus facilement propre, tailler la queue et raser la mamelle.
Fourrages : vigilance de la récolte à la distribution
Le niveau de contamination dépend de la nature de la plante et de la technique de conservation (foin ou ensilage). Les spores butyriques proviennent de la terre, il faut éviter de souiller les fourrages : attention aux barres de coupe trop basses et aux taupinières. Régler les hauteurs de fauche à 7cm pour l’herbe et 20 cm pour le maïs.
Pour ceux qui font de l’ensilage, lors de la réalisation du silo, veiller à ne pas le souiller avec de la terre, bien le tasser et le fermer hermétiquement dès la fin du chantier.
Sur les parcelles pâturés ou ensilées, favoriser les épandages en fin d’année, plutôt qu’au printemps. Respecter un délai de quatre semaines entre l’épandage d’engrais de ferme et la pâture car les bouses sont chargées en bacilles butyriques.
Garder la table d’alimentation ou les crèches propres et en bon état : l’enlèvement quotidien des refus permet de baisser les risques de contamination butyriques. Si affouragement en vert, redoubler de vigilance. Eliminer les parties abîmées (moisies) lors de la distribution. Enfin, nettoyer régulièrement les points d’abreuvement des animaux et vérifier annuellement la qualité microbienne de l’eau si réseau privé.
Pour maîtriser les butyriques, il faut donc :
- Obtenir des bouses peu contaminées grâce à des fourrages de bonne qualité,
- Et limiter la quantité de bouse qui passe dans le lait en veillant à la propreté des animaux et à l’hygiène de traite.
Si l’un de ces deux points est mal maîtrisé, les risques de contamination sont élevés.
Mélanie LE ROY, Eleveurs Des Savoie